Il y a longtemps que les lutteurs québécois n’ont plus la cote à la World Wrestling Entertainement (WWE). Mais cela pourrait être appelé à changer d’ici peu.

La plus importante organisation de lutte professionnelle de la planète a en effet annoncé en grandes pompes plus tôt cette semaine la signature de Kevin Steen. Après Rami Sebei en février 2013, Steen est le deuxième Québécois à se joindre à la division NXT ─ le club-école de la WWE.

Pour l’athlète originaire de Marieville en Montérégie, il s’agit de l’accomplissement d’un rêve qui a commencé pendant le visionnement de Wrestlemania XI, alors qu’il était âgé de 11 ans.

« Après ça, j’avais achalé mes parents pour qu’ils m’inscrivent à une école de lutte », a révélé Steen en entrevue téléphonique au RDS.ca. « Mais comme ce n’était pas indiqué pour un jeune de mon âge, ils ont attendu que j’aie 14 ans pour m’inscrire à l’école de Serge Jodoin à Saint-Césaire. »

L’école de Jodoin ferme cependant ses portes quelques semaines plus tard, ce qui oblige Steen à fréquenter celle nouvellement ouverte de Jacques Rougeau. Il dispute ensuite son premier combat le 7 mai 2000 et ne cessera jamais de croire en ses chances de joindre la WWE.

« Ç’a toujours été mon but. C’est le but de tout le monde qui lutte », a reconnu Steen. « Mais au Québec, il n’y a vraiment pas d’argent à faire avec ça. Les six ou sept premières années, je n’ai pas fait une cenne! Je le faisais par passion et parce que les amateurs me le rendaient bien. »

Dès l’âge de 20 ans, Steen trimbale son baluchon pour lutter dans différentes fédérations indépendantes aux États-Unis. Les blessures et les moments passés loin de sa famille sont difficiles à vivre, mais permettent de réaliser l’ampleur de la tâche qu’il a accomplie.

« Je me souviens d’une fois où nous étions sept ou huit lutteurs dans une même chambre de motel et d’avoir dû me coucher par terre parce qu’il n’y avait pas assez de place », a relaté Steen. « J’avais des coquerelles qui me passaient à deux pouces du visage! Mais c’est le genre d’expériences qu’il faut vivre pour être en mesure d’apprécier ce qui arrive aujourd’hui. »

Un talent exceptionnel

L’arrivée de Steen à la WWE survient peu de temps après celles également médiatisées du Japonais Kenta et de l’Irlandais Fergal Devitt. C’est la première fois que l’organisation basée au Connecticut agit de la sorte avec ses recrues, ce qui laisse présager un très bel avenir.

« Kevin est considéré comme l’un des meilleurs lutteurs lorsqu’il s’exprime au micro », a indiqué Pat Laprade, coauteur du livre À la semaine prochaine, si Dieu le veut. « C’est une qualité qui est extrêmement importante. C’est d’ailleurs une des raisons qui l’amènent à la WWE. »

« Mais Kevin a toujours été un talent naturel. Je l’ai vu lutter pour la première fois en 2004, et déjà à cette époque, tout le monde voyait qu’il avait un talent exceptionnel, bien au-dessus des autres. Il faisait des choses qui paraissaient tellement difficiles pour les autres. Kevin réussissait chacune de ses manœuvres du premier coup avec une aisance plutôt déconcertante. »

Chose certaine, Steen n’a pas l’intention de changer quoi que ce soit au style qui l’a mené jusqu’aux ligues majeures. Il entend encore évidemment être l’exception qui confirme la règle.

« S’il y a une chose qui me distingue des autres, ç’a toujours été ma capacité à tisser des liens avec la foule », a expliqué Steen. « Au cours d’une même soirée, les amateurs peuvent voir jusqu’à 50 lutteurs. Et c’est généralement de moi dont ils vont se souvenir le plus. »

Mais avant que Steen puisse démontrer toute l’étendue de son talent et combattre aux côtés de John Cena à RAW, Smackdown ou dans les événements à la télévision à la carte comme Wrestlemania, l’attente pourrait s’avérer longue. À vrai dire, personne ne le sait vraiment.

« Il s’agit d’abord et avant tout d’une question de timing », a précisé Laprade. « Contrairement à d’autres sports où les jeunes ont leur chance sur le deuxième trio, les lutteurs se doivent d’avoir le bon personnage au bon moment. Ça ne servirait absolument à rien de monter Kevin pour ne l’utiliser pratiquement jamais ou dans des situations où il ne serait pas mis en valeur. »

« Par exemple, Rami Sebei n’a pas encore été vu à Raw ou Smackdown, mais il a participé à des tournées au Japon et en Europe dans des galas non télévisés. C’est peut-être ce qui attend Kevin. Mais c’est tellement difficile à dire. Il n’y a pas de feuille de route précise qui est donnée. »

« Sans être champion, j’aimerais pouvoir lutter de façon régulière à RAW et Smackdown », a avoué Steen. « D’ici là, j’entends me développer à NXT et je veux y laisser ma marque. Je veux accomplir le plus de choses possible et laisser un excellent souvenir aux amateurs. »

Ce nouveau chapitre dans sa carrière s’amorcera le 25 août, alors que Steen joindra officiellement le Centre de performance de la WWE situé à Orlando en Floride. Et le plus formidable dans toute cette histoire, c’est qu’après des années passées sur la route, il pourra enfin vivre cette aventure avec les siens, puisque sa petite famille sera cette fois à ses côtés.