MONTRÉAL – S’entraîner, combattre, gagner, répéter. Pendant les deux premières années de sa carrière, Alex Garcia ne connaissait aucune autre façon de faire.

Garcia est débarqué en trombe dans le petit monde des arts martiaux mixtes québécois. Doté d’un talent naturel et de qualités athlétiques au-dessus de la moyenne, il s’est rapidement avéré trop fort pour une ligue incapable de lui offrir une opposition digne de ce nom. Avec une main dans le dos et l’autre déjà prête à être soulevée au ciel, le dangereux cogneur a remporté ses six premiers combats. Un seul de ceux-là a franchi le premier round.

Quand le vétéran Seth Baczynski est arrivé à Montréal en 2011, il était vu comme le tremplin qui allait propulser la jeune vedette locale vers les grandes ligues. Il a plutôt été l’aiguille qui a fait éclater son égo.

« Je n’oublierai jamais ce combat », jure Garcia en se remémorant le jour où il a frappé son Waterloo.

Le « Cauchemar Dominicain » s’est bien relevé de la première déception de sa carrière. Il lui a fallu quatre autres combats sur les circuits locaux, mais il a finalement reçu l’appel du UFC. Au sein de ses rangs, il montre jusqu’ici un dossier sans tache.

Assagi, mais toujours aussi redoutable, Garcia s’est montré sous un jour nouveau depuis son arrivée dans la cour des grands. Si son baptême – un K.-O. acquis en 43 secondes contre l’Australien Ben Wall -  a titillé la mémoire de ses plus vieux supporteurs, sa deuxième présence dans l’octogone l’a forcé à faire la démonstration de qualités qu’il n’avait auparavant jamais eu à exhiber.

Alex GarciaAu UFC 171, il a soudainement perdu le contrôle d’un combat dont il possédait la pleine maîtrise.  Ébranlé par Sean Spencer au début du deuxième round, Garcia a trouvé dans ce rare épisode de vulnérabilité une volonté à laquelle on n’avait jamais pu l’associer auparavant. Il a survécu, jusqu’à reprendre le dessus, et en est ressorti avec une confiance aussi gonflée que ses biceps.    

« Chacun de mes combats me permet d’ajouter une corde à mon arc, mais celui-là m’a permis de grandir énormément. J’ai prouvé à beaucoup de gens que je n’étais pas seulement un combattant d’un round », croit le représentant du Tristar Gym.  

Maintenant fort d’une nouvelle séquence de six victoires, Garcia (12-1) envisage avec une assurance empreinte de lucidité son affrontement prochain contre Neil Magny. Les deux mi-moyens croiseront le fer samedi dans un gala qui sera présenté en Oklahoma. La soirée marquera également le retour d’un autre Montréalais d’adoption, Francis Carmont, qui tentera de mettre fin à une série de deux revers contre Thales Leites.

L’ancien champion des légers Benson Henderson fera les frais de la finale dans un affrontement avec le Brésilien Rafael dos Anjos.  

« J’ai beaucoup réfléchi et beaucoup appris au cours des dernières années. Avant, j’étais jeune et les victoires me montaient à la tête. Aujourd’hui, je sais bien que je ne suis pas invincible », constate l’athlète de 27 ans.

En Magny (11-3), Garcia devra se méfier d’un rival qui est lui aussi transporté par une brise positive. L’Américain, qui s’est fait passer le K.-O. par le coéquipier de Garcia, Mike Ricci, lors de son passage devant les caméras de la téléréalité The Ultimate Fighter en 2012, a remporté ses trois derniers combats. Ironiquement, sa dernière défaite lui a été infligée par... Seth Baczynski!

« Il me fait un peu penser à Sean Spencer, estime Garcia au sujet de son prochain adversaire. Il a toujours un bon cardio, est très bon debout et possède une longue portée. Mais d’abord et avant tout, il se présente toujours pour donner un bon combat. C’est une idée qui me plaît bien. »  

À 6 pieds 3 pouces, Magny présente également des mensurations similaires à celles de Baczynski. C’est la première fois que Garcia affrontera un cogneur de cette stature depuis qu’il s’est fait endormir par les poings du « Polish Pistola », mais la comparaison ne l’émeut guère. D’abord parce qu’il croit que la taille des deux gaillards représente leur seul point commun, ensuite parce qu’il est convaincu que l’histoire ne se répèterait pas si son seul tombeur se retrouvait de nouveau sur son chemin.

« Si vous regardez de nouveau le combat, vous constaterez que je le gagnais sans problème avant de commencer à m’énerver. J’ai fait une erreur et il me l’a fait payer, mais si j’avais gardé le contrôle de mes émotions, j’aurais battu Seth Baczynski et c’est ce qui arriverait si je l’affrontais de nouveau. »  

Garcia, le premier athlète natif de la République dominicaine à combattre sous la bannière du UFC, se sent comme à la maison sur cette scène pour laquelle tout le monde le croyait destiné. Un K.-O. expéditif lui rappellera toujours d’agréables souvenirs de ses débuts prometteurs, mais il sait maintenant qu’il est armé pour se défendre contre les meilleurs.

Trois rounds debout contre Neil Magny?

« Je peux faire ça contre n’importe qui », rétorque-t-il, imperturbable.