Dustin Byfuglien s’en tire bien. Trop bien à mon goût.

Oui! Les quatre matchs de suspension qu’il écope pour le double-échec asséné à la nuque de J.T. Miller des Rangers représentent une sanction sévère.

Oui! Avec cinq matchs à disputer d’ici à la fin de la saison régulière et une place qui est loin d’être assurée en séries, la perte de Byfuglien pourrait priver les Jets d’une prolongation de leur saison pour la première fois depuis leur retour à Winnipeg.

Oui!  J.T. Miller n’a pas été blessé. Ce qui tient presque du miracle. Il n’a pas même raté une présence, ce qui est plus miraculeux encore.

Oui! Malgré le fait qu’il soit un joueur très « physique » et qu’il ait disputé 600 matchs dans la LNH Byfuglien n’avait encore jamais écopé de suspension – trois amendes dont la dernière en 2010 – ce qui a joué un brin ou deux, voire trois, en sa faveur.

Oui! Les arbitres n’ont pas infligé de pénalité sur le jeu. D’ailleurs, je me demande comment cela est possible que les deux arbitres et les deux juges de ligne n’aient pas vu pareil assaut. J’ose croire qu’ils ont été les premiers à subir les reproches de leur patron pour ce flagrant manque d’observation.

Mais aujourd’hui, c’est du côté de Stéphane Quintal et de son comité de sécurité à l’égard des joueurs qu’il faut se tourner.

J’ai endossé la très grande majorité des décisions de ce comité cette année. Peu importe qu’elles aient tangué vers des sanctions sévères ou des cas de clémence relative, j’ai presque toujours été d’accord.

Dans le cas de Byfuglien, je ne peux pas.

Stéphane Quintal et ses adjoints marchaient sur une glace très mince dans ce dossier. Trop mince pour s’en tirer d’ailleurs. Car s’il est vrai que d’un côté plusieurs condamnent le manque de sévérité à l’égard du geste, d’autres à commencer par les Jets et leurs partisans condamnent avec véhémence une sanction qui pourrait mettre en péril les chances de voir Winnipeg vibrer au rythme des séries.

Byfuglien devra s'expliquer

Et puis?

Les conséquences sur les Jets, bien que dommage pour le directeur général Kevin Cheveldayoff qui a fait du très bon travail depuis qu’il est à la tête de cette équipe, l’entraîneur-chef Paul Maurice qui a accompli un boulot colossal derrière le banc, les joueurs et leurs partisans ne devraient influence en rien la décision prise aujourd’hui.

Pas plus que le fait que Miller s’en soit tiré sans blessure. De fait, dans les discussions en coulisses que j’ai eues aujourd’hui, les commentaires étaient unanimes : si Miller avait été blessé au lieu de s’en tirer comme il a été si chanceux de le faire, Byfuglien aurait écopé 10 ou 15 matchs. Peut-être plus.

Pourquoi alors ne pas affiché une sévérité à l’égal du geste et non à celui des conséquences? Cette question me hantera toujours.

Le coup infligé par Byfuglien était salaud, sauvage et dangereux. Déjà l’un des plus lourds joueurs de la LNH, Byfuglien s’est laissé tomber de tout son poids en infligeant le double-échec dont il s’est rendu coupable.

Miller, qui venait de rater une occasion de marquer, était déjà hors d’état de nuire puisqu’il était étendu sur la patinoire et que Mark Scheifele – consultez la bande vidéo de la décision, les images sont éloquentes – avait amorcé une contre-attaque pour les Jets. Le geste de Byfuglien était donc tout aussi inutile que dangereux.

C’est pour toutes ces raisons que je m’attendais à un minimum de cinq matchs. J’aurais préféré davantage en raison du geste et des conséquences qu’il aurait pu avoir. Mais le fait de suspendre le gros défenseur des Jets, la pierre d’assise de cette équipe dans le dernier droit de la saison régulière, pour les cinq derniers matchs des Jets au calendrier aurait été sur le plan symbolique une suspension plus à-propos que celle de quatre matchs imposée jeudi après-midi.

Je sais : ce n’est qu’un match de plus. Mais ce pourrait être un très gros match alors que la saison des Jets, qui recevront les Flames de Calgary au MTS Centre le 11 avril en après-midi, pourrait dépendre du résultat de cette rencontre.

L’absence de Byfuglien aurait fait très mal.

Et ce ne sont certainement pas Bob Hartley et les Flames de Calgary qui se seraient plaints de l’absence du gros défenseur des Jets. Surtout que les Flames pourraient aussi livrer un match sans lendemain le 11 avril prochain.

La seule bonne chose à tirer de cette sanction que j’aurais préférée plus sévère est le fait que Byfuglien a maintenant un antécédent à la LNH en matière de suspension.

S’il se rend coupable un jour d’un autre geste aussi dangereusement ridicule, la LNH pourra se reprendre et lui faire comprendre que la première fois il a été bien chanceux de s’en tirer si bien.

Burrows aussi s’en tire bien

Dustin Byfuglien n’est pas le seul joueur à s’en être bien tiré avec le comité de discipline de la LNH. Même s’il a été chassé du match de mardi à Nashville pour sa mise en échec à la tête de Paul Gaustad, Alex Burrows ne subira pas de sanction supplémentaire pour son geste illégal.

Non seulement Burrows a été éjecté du match, mais l’attaquant québécois est aussi un récidiviste ayant déjà écopé trois matchs l’automne dernier pour un geste illégal à l’endroit du défenseur Alexei Emelin du Canadien.

Selon les informations obtenues hier, il était difficile pour la LNH d’infliger une sanction supplémentaire à l’endroit de Burrows en raison de l’absence d’un angle de caméra démontrant clairement l’impact initial et illégal à la tête.

C’est quand même ironique de voir que sur le geste de Byfulgien les arbitres n’ont rien vu alors que tous les angles de caméra permettent de condamner haut et fort le geste alors que dans les cas de Burrows, les arbitres ont expulsé le joueur fautif pour un geste qu’aucune caméra n’a pu relever avec précision.

Dans ces circonstances on peut comprendre que les directeurs généraux des Jets et des Predators soient en colère pour des raisons diamétralement opposées…