AARE, Suède (AFP) - Le soleil est sorti de sa torpeur, dimanche à Aare, pour saluer la Croate Janica Kostelic, 19 ans, qui a soulevé, comme on le prévoyait depuis deux jours, le grand globe de cristal, le trophée le plus prestigieux de la Coupe du monde de ski alpin.

A défaut de la plus jeune (Anne-Marie Moser-Proell) lauréate du classement général, la skieuse de Zagreb est la première d'un pays autre qu'alpin, nordique ou nord-américain.

Que son avènement puisse aider le ski à élargir un peu son champ désespérément restreint ne semble pas intéresser outre mesure Kostelic. "Cette victoire, je la dédie à mon père, à ma famille, à mes amis", récite-t-elle d'une voix suave.

Une cinquante de supporteurs, avec banderoles et écharpes, essaie de donner de l'importance à l'événement. Ils sont évidemment moins nombreux qu'aux Championnats du monde de St Anton, début février, où plusieurs centaines avaient voyagé par train spécial pour encourager la nouvelle idole.

A Aare, ils sont une cinquantaine, Croates de Suède. Beaucoup endossent le maillot numéro neuf de l'équipe nationale de football, celui de Davor Suker. Ils implorent Janica, chantent: "Tu es la meilleure, bas-toi pour ton peuple".

Forte audience

L'émotion n'affleure pas chez la jeune femme. "Après son opération au genou droit, elle intériorise plus ses sentiments. Et puis, elle est fatiguée physiquement et nerveusement", souligne l'envoyé spécial du quotidien Republika.

Vedran Pavlek, le directeur de l'équipe croate de ski alpin, a néanmoins pensé au petit drapeau à damiers que la championne tend avec ses skis, quand la haie des photogrtaphes la sollicite pour la traditionnelle pose.

"Il y avait aujourd'hui 1,5 million de téléspectateurs pour le direct. Soit près d'un tiers de la population. C'est la troisième audience pour un événement sportif, après la demi-finale de la Coupe du monde de football 1998 (France-Croatie) et la finale de handball masculin des jeux Olympiques 96, remportée par la Croatie contre la Suède", révèle un journaliste de la télévision nationale.

C'est probablement en débarquant, lundi en début d'après-midi, à l'aéroport de Zagreb que Kostelic prendra conscience de son statut.

Drôle de parenthèse avant de retrouver mercredi, dans une clinique de Bâle (Suisse), le Dr Werner Mueller, qui l'avait déjà opérée du genou droit en bouillie pendant plus de six heures en décembre 1999. Cette fois, le chirurgien interviendra sur le ménisque du genou gauche.