Nikolaj EhlersQuand Patrick Kane et Tyler Seguin te conseillent de poursuivre ta carrière au Canada, il est bien difficile de ne pas les écouter.

Nikolaj Ehlers a non seulement tendu l’oreille, il a suivi cette recommandation et il est loin de le regretter.

Les Mooseheads de Halifax non plus.

Repêché sixième au total par les champions en titre de la Coupe Memorial lors du dernier repêchage européen de la LCH, l’attaquant danois domine en effet toutes les autres recrues de la LHJMQ avec une récolte de 30 points (12 buts et 18 passes). Un rendement qui lui vaut le septième échelon parmi les meilleurs pointeurs du circuit, à 19 longueurs du chef de file, Anthony Mantha.

Ce potentiel, Kane et Seguin l’ont perçu l’an dernier durant le lock-out alors qu’ils étaient les coéquipiers d’Ehlers avec l’EHC Biel, un club suisse de première division.

« Selon eux, j’avais tout ce qu’il fallait pour faire le saut dans la LCH et y connaître du succès. Sortant de leurs bouches, ces paroles ont joué pour beaucoup dans ma décision, bien que celle-ci demeurait la mienne au bout de la ligne », a noté Ehlers, en entrevue avec le RDS.ca.

« J’avais déjà l’intention de quitter pour la Suède ou le Canada, mais mon choix final a été facile à faire », enchaîne-t-il.

Après avoir passé les six saisons précédentes dans l’organisation du EHC Biel, qui l’a recruté lorsque son père Heinz a pris les rênes de l’équipe à titre d’entraîneur-chef en 2007, Ehlers fait donc le grand saut en Amérique du Nord.

« Mon plus grand défi à mon arrivée à Halifax était d’abord de m’adapter aux dimensions plus petites de la patinoire », fait-il remarquer.

Défi relevé. Il n’a pas tardé à se mettre à son aise.

« C’est un jeune homme très intelligent. Quand on parle de certaines situations ou qu’on lui demande d’apporter certains correctifs à son jeu, il saisit rapidement et met nos recommandations en application aussitôt. Il est en constante progression », analyse l’entraîneur-chef des Mooseheads, Dominique Ducharme.  

Ehlers se démarque en effet par sa capacité d’adaptation, comme en témoignent ses habiletés linguistiques. Malgré ses 17 ans, l’attaquant de 5 pieds, 11 pouces et 163 livres maîtrise en effet six langues distinctes. Le danois, le suisse-allemand, l’allemand, le suédois, l’anglais et le… français.

« L’accent canadien-français est plus difficile à saisir par contre », prend-il le soin de noter.

Sur la patinoire, il parle visiblement le même langage que ses compagnons de trio Brent Andrews et Andrew Ryan.

« Il s’agit de trois joueurs bien différents qui se complètent bien. Brent et Andrew jouent un jeu assez physique dans leur façon de contrôler la rondelle. Ils ne se contentent pas seulement de compléter leur mise en échec. Leur jeu est peut-être simple, mais ça offre de l’espace à Nik », estime Ducharme, dont l’équipe vient de remporter 10 de ses 12 derniers matchs.

Avec de l’espace, Ehlers peut en effet causer bien des dommages.

« Ma vitesse est à mon avis ma plus grande force. Je m’efforce de tout donner chaque soir et de ne jamais abandonner. J’ai aussi une bonne vision et de bonnes mains », décrit le meilleur pointeur des Mooseheads. Il devance d’un seul point Jonathan Drouin, qui a disputé 10 matchs de moins.

Nikolaj EhlersFils d’entraîneur

Éligible au prochain repêchage de la LNH, Ehlers est évidemment sur l’écran radar des éclaireurs de la LNH. Il doit maintenant s’assurer d’y demeurer.

« J’ai toujours dit que je dois m’améliorer à tous les points de vue, peu importe si je suis bon ou mauvais dans certains aspects de mon jeu. Si j’ai des carences en défense, je dois y remédier, mais tout en peaufinant aussi mes forces. Je m’inspire de Sidney Crosby, qui malgré son statut de joueur vedette, semble meilleur saison après saison. »

Pour ce faire, Ehlers peut toujours compter sur Ducharme et son personnel d’entraîneurs, mais aussi sur son père Heinz. Ancien hockeyeur professionnel, ce dernier a été un choix de neuvième ronde des Rangers de New York, 188e au total, en 1984. Il n'a toutefois jamais disputé de match dans la LNH. Il dirige maintenant le HC Lausanne.

« C’est d’abord un père, mais c’est aussi un entraîneur pour moi. C’était bien de me développer sous la supervision d’un père qui connaît le hockey. Il me supporte depuis mes débuts et la majeure partie de mes succès lui reviennent », reconnaît-il.

Parions que le paternel est fier de fiston.

« Ça va bien pour moi car ça va bien pour l’équipe, insiste Nikolaj Ehlers. Que j’engrange les points c’est bien, mais c’est encore mieux de voir l’équipe aligner les victoires. »

Pas de doute, papa Ehlers a bien préparé son fils aux rigueurs d’une carrière professionnelle.