Chaque soir ou presque, les Sea Dogs de Saint John s’en remettent à Sébastien Auger. Chaque soir ou presque, il leur permet d’espérer.

Pilonné de toute part depuis une saison et demie, le gardien québécois affiche néanmoins le meilleur taux d’efficacité (.919) parmi tous ses homologues de la LHJMQ. Pas si mal pour un portier qui doit composer avec la deuxième pire attaque du circuit Courteau.

« Je n’ose même pas penser à où on serait sans lui », souffle candidement l’entraîneur-chef des Sea Dogs, Ross Yates, dont l’équipe pointe au 17e et avant-dernier rang du classement général.

Sébastien Auger

Son équipe n’a en effet pas fait la vie facile à Auger. En 24 rencontres, le gardien de 19 ans a déjà été mitraillé de 40 lancers ou plus dans 12 matchs.

Les autres équipes de la LHJMQ ont effectué un total de 894 tirs en direction d’Auger jusqu’à maintenant, un sommet. La saison dernière, c’est à 1879 reprises qu’Auger a tenté de repousser la rondelle en 56 matchs. Un autre sommet.

« Évoluer au sein d’une équipe en reconstruction, ce n’est pas facile. Je ne gagne pas souvent, mais j’essaie tout de même d’être à mon meilleur chaque soir », se console Auger, en entrevue avec le RDS.ca.

Avec un taux d’efficacité de .919, Auger pourrait difficilement faire mieux. S’il maintient un tel rendement, il pourrait conclure la campagne avec l’un des meilleurs pourcentages d’arrêts de l’histoire de la LHJMQ.

L’ancien des Wildcats de Moncton Nicola Riopel détient le record de tous les temps avec un taux de .931 lors de la saison 2008-2009. Ondrej Pavelec (.929), Patrick Couture (.925), Jake Allen (.922), Julien Ellis (.921) et Martin Houle (.921) suivent. Corey Crawford (.920), Maxime Joyal (.920), Christopher Gibson (.920) et Crawford à nouveau (.919) complètent la marche.

L’efficacité d’Auger est d’autant plus remarquable qu’il n’a pas le droit à l’erreur.

« Un seul mauvais rebond suivi d’un ou deux buts suffit à mettre la victoire hors de notre portée. C’est une pression additionnelle sur mes épaules, mais je tâche de ne pas trop m’en faire et de me concentrer sur chaque rondelle », raisonne-t-il.

Dernier rempart d’une jeune équipe en reconstruction qui ne compte qu’un seul joueur de 19 ans sur ses deux premiers trios, Auger n’a en effet pas intérêt à céder rapidement.

« Il sait très bien qu’il doit limiter l’adversaire à deux ou trois buts et même encore moins pour nous donner une chance de l’emporter », concède Ross Yates, qui a succédé à Mike Kelly derrière le banc des Sea Dogs le 30 octobre dernier.

« C’est un jeune qui aime la pression, enchaîne Yates. Sébastien veut jouer tous les soirs et il accueille à bras ouverts cette lourde charge de travail. Il le dit, il aime recevoir beaucoup de lancers. Ça le garde dans le match. Malheureusement, on l’oblige à le faire trop souvent. »

Ce n’est toutefois pas Auger qui s’en plaindra.

« Ça me permet de m’améliorer beaucoup et d’avoir énormément de temps de jeu », note Auger, qui a passé 1430:02 minutes sur la patinoire. Alex Dubeau (1706:14), des Wildcats, Zachary Fucale (1467:36), des Mooseheads, et Louis-Philip Guindon (1436:13), des Voltigeurs, le surpassent.

Non seulement cette omniprésence sur la glace aura permis à Auger de parfaire sa technique, elle lui aura de plus donné l’occasion de sortir de l’ombre.

Sébastien AugerLe vent tourne-t-il?

Ignoré par chacune des formations de la LNH, ne serait-ce que pour obtenir une invitation à un camp d’entraînement, Auger ne lâche pas prise.

« C’est sûr que j’ai vécu une déception l’an passé. Il y a beaucoup de joueurs qui, une fois repêchés, ralentissent la cadence et pensent que c’est acquis. Je n’ai pas eu cette chance-là, alors je dois travailler encore plus fort. Je n’ai pas le choix. »

Mais une fois de plus, sa marge de manœuvre est bien mince. Non seulement Auger doit-il se démarquer au sein d’une équipe qui loge au sous-sol du classement, il doit de plus prouver que son gabarit de 5 pieds, 11 pouces et 153 livres n’est pas un handicap.

« Quand les équipes professionnelles et leurs recruteurs s’attardent à lui, ils s’accrochent à son gabarit, mais si on mesurait sa détermination et son éthique de travail, nul doute dans mon esprit qu’il figurerait au sommet de leurs listes », insiste Yates.

« Je capte peut-être un peu moins l’attention parce que j’évolue au Nouveau-Brunswick, mais ça ne change rien à mon jeu, explique celui qui représente une belle monnaie d’échange pour les Sea Dogs à l’approche de la période de transactions. D’une façon ou d’une autre, je vais bien finir par me faire remarquer. »

Auger a eu l’occasion de le faire lors de la Super Série Subway, alors qu’il a été l’un des deux gardiens sélectionnés avec Fucale pour représenter la LHJMQ face à l’équipe russe le mois dernier. Obtenant un départ lors du deuxième match présenté à Sherbrooke, Auger a repoussé 22 rondelles dans un gain de 4 à 3.

« Obtenir une invitation alors qu’il y a tellement de bons gardiens dans la Ligue prouve que le vent a peut-être tourné pour moi. Il y a enfin du monde qui voit mon travail. »