Le Canada réussira-t-il à gravir la plus haute marche du podium au curling pour la première fois depuis 1998? La regrettée Sandra Schmirler est la seule capitaine canadienne à avoir réussi a mené son équipe à la médaille d'or aux Jeux olympiques depuis leur instauration comme discipline officielle en 1998.

Comment expliquer une telle rareté pour le Canada, lui qui est de loin la plus grande puissance en curling international?

Les raisons sont nombreuses et j'éviterai de revenir sur des éléments déjà mentionnés dans les chroniques précédentes, telle la pression additionnelle de porter l'unifolié, le processus de sélection des équipes canadiennes, etc.

Cependant, un des autres facteurs pourquoi il est plus difficile pour les Canadiennes de remporter des titres olympiques est le même facteur qui rend plus difficile la conquête des titres aux Championnats du monde féminin. La majorité des adversaires du Canada ne sont plus intimidés comme elles le furent durant de nombreuses années par leur adversaire canadien.

Durant des décennies, avant même d'amorcer le match, les Canadiennes menaient déjà 1-0. Ce n'est plus le cas, depuis la domination de la Suédoise Elizabeth Gustafsson dans les années 90, qui a elle seule a remporté quatre titres mondiaux de façon presque consécutive (1992, 95, 98 et 99). Cet avantage psychologique a été brisé et le niveau de confiance des équipes européennes face aux diverses formations canadiennes est grandement plus élevé depuis l'ère Gustafsson.

Le niveau de compétition international s'est grandement amélioré également depuis la fin des années 90. L'émergence des pays asiatiques est venue ajouter une profondeur jusqu'alors inexistante en curling féminin.

Alors, quelles sont les chances de Jennifer Jones, elle qui n'a jamais obtenu beaucoup de succès au niveau international. Malgré quatre titres canadiens, elle ne compte à son actif qu'un titre mondial.

Plusieurs choses cependant me laissent croire en la formation canadienne à Sochi. En commençant par le fait que la double médaillée olympique Annette Norberg n'y sera pas. Elle a pris sa retraite du curling compétitif.

Deuxièmement, le Canada ne sera pas la grande favorite lors de cette compétition. Eve Muirhead, de la Grande-Bretagne, a remporté le titre mondial au printemps dernier et elle est présentement la coqueluche du curling féminin international. Bonne, belle, jeune et athlétique, sa formation a tous les éléments en poche pour servir d'outils de marketing principal pour la fédération internationale de curling et c'est pourquoi on la voit partout sur toutes les plateformes visant à promouvoir le curling. Avec la gloire et la célébrité vient aussi la pression. C’est la jeune Miurdead qui aura le principal fardeau de cette pression lorsque les Jeux s'amorceront.

Le Canada, pour la première fois peut-être de son histoire, ne sera pas la cible principale des autres formations en présence.

Autre élément à prendre en considération est la profondeur de la formation canadienne. La formation de Jennifer Jones est sans aucun doute la formation qui peut le mieux se débrouiller, peu importe le style de jeu préconiser par l'adversaire. Sa formation peut rivaliser en coups de finesse tout autant qu'en coups de puissance. Très peu d'autre formation, malgré leur talent indéniable, peut se vanter de posséder comme disent nos amis anglophone le ‘Complete package deal’

La formation canadienne maîtrise également tout l'ensemble du jeu. Elles ont les habilités stratégiques, souvent déficientes chez les pays en émergence tels la Chine, la Corée ou le Japon. Elles ont également la puissance au brossage. Jill Officer et Dawn Awskin peuvent suivre le tempo imposé par les plus jeunes et plus fringantes formations telles la Russie, la Grande-Bretagne ou le Japon.

Alors, que manque-t-il au Canada pour espérer l'or? La réponse est fort simple. Une Jennifer Jones en pleine confiance en ses moyens. La capitaine canadienne a dominé le curling canadien par son assurance, une confiance en elle qui semblait toujours inébranlable. Elle a remporté des titres canadiens alors que l'on l’a croyait morte et enterrée. Sa persévérance et foi en ses habilités lui permettait toujours de rebondir.

Cependant, cette confiance semble avoir délaissé la capitaine Jones au cours de dernières années. Nous avons pu le constater lors des essais olympiques ou lors de la dernière coupe Continentale. Bien que sa formation ait réussi à remporter ces fameux essais olympiques, nous vu pour la première fois en carrière une Jennifer Jones hésitante, moins confiante, craintive presque. Tout semblait un peu plus laborieux, même l’appel des coups et la lecture de glace y ont passé. Il faut dire que tous ces éléments du jeu sont liés directement à la confiance du maître d’œuvre dans la maison.

Est-ce que cette victoire aux essais olympique aura finalement enlevé une épine du pied de la grande championne canadienne. Elle aurait qui aurait du remporter les essaies de 2009, mais qui avait fait chou blanc, décevant grandement ses partisans et surtout elle-même.

Est-ce que de mérité finalement cette participation olympique, seul élément manquant à une superbe carrière bien remplie saura remplir à nouveau le réservoir de confiance de la Manitobaine au point de la propulsé sur la plus haute marche du podium?

Je crois sincèrement que nous aurons une réponse dès les premières rencontres du tournoi à la ronde. Si Jennifer Jones parvint à réussir quelques coups clés, surtout au niveau des placements, je pense qu’elle pourra littéralement pulvériser toute forme d’opposition présente sur les glaces du cube de glace de Sochi. Si par contre, on assiste dans les premiers jours, à une capitaine canadienne hésitante, qui éprouve de la difficulté avec ses rotations intérieures en particulier, ce sera une bataille de tous les instants et seul le talent de sa formation pourrait lui permettre d’aspirer aux groupes des médaillées.