Vapeurs de controverse encore une fois au patinage artistique. La jeune Russe Adelina Sotnikova a donné à son pays la première médaille d’or en patinage artistique féminin en battant la championne du monde et championne olympique de Vancouver, la Sud-Coréenne Kim Yu-na. Une petite ombre au terme d’une finale à la qualité exceptionnelle.

Autant les hommes nous avaient laissés sur notre faim, autant les femmes ont été meilleures l’une que l’autre. Il y a eu de tout, du classique, du piquant, du dramatique, de l’émotion. Plusieurs ont terminé en pleurs, mais pas toutes pour les mêmes raisons. Les larmes de Mao Asada, après une performance qui lui a donné la troisième place du programme libre, étaient des larmes de regret. Regret d’avoir raté sa sortie au programme court et de s’être retrouvée en 16e position au classement de l’épreuve. Pas de podium possible pour la médaillée d’argent de Vancouver, la championne du monde 2010, la médaillée d’or de la finale des Grands Prix. Sa seule consolation : avoir pu montrer sur la glace, dans cette finale, sa vraie nature.

Larmes de joie de Carolina Kostner pour qui tout était possible au moment de sauter sur la glace. Sa prestation extraordinaire sur l’Ave Maria était encore dans nos mémoires quand elle a interprété un boléro de Ravel tout aussi senti. Elle prenait la tête du classement à ce moment. Restaient deux patineuses : Adelina Sotnikova et Yuna Kim. Et les trois athlètes n’étaient séparées que par des poussières à l’issue du court. Sotnikova a certes réussi la meilleure prestation de sa jeune carrière. Patinant sur « Introduction and Rondo Capriccioso », elle a démontré une assurance et une maîtrise étonnantes. Son sourire s’élargissait au fur et à mesure qu’elle avançait dans sa chorégraphie. Quand elle a terminé, elle a été saluée par une foule hystérique qui reconnaissait là une grande championne et une grande performance. Il y avait assurément une médaille là, mais de quelle couleur?

Yuna Kim s’est amenée s’exprimant sur « Adios Nonino » de Astor Piazzolla. Et une fois de plus, la magie opérait. Yuna Kim a une grâce qui n’appartient qu’à elle seule. Des lignes d’une grande pureté, une expression qui transcende la glace et va jusqu’au cœur. Une maturité dans le geste qui la place au-dessus des autres. Côté technique, sauf une légère touchette, Sotnikova était supérieure, mais sur la note des composantes, soit l’aisance, le talent artistique, les transitions, l’interprétation, elle a probablement été récompensée un peu plus que dû. Yuna Kim ne pourra donc répéter l’exploit de Sonja Henie et Katarina Witt qui avaient remporté deux médailles d’or olympiques consécutives. La joie de Sotnikova était cependant authentique. Il fallait la voir courir dans le corridor qui mène à la glace, plus qu’heureuse d’écrire une page dans l’histoire déjà garnie du patinage artistique dans son pays.
Carolina Kostner a donné à l’Italie sa première médaille olympique. Une belle façon de tirer sa révérence sur une carrière qui lui aura donné cinq titres de championnat européen et un titre de championne du monde.

Chez les Canadiennes, Kaetlyn Osmond a un peu payé pour avoir fait les programmes court et libre à la compétition par équipe, avant de se lancer dans la compétition individuelle. Treizième après le programme court, elle est restée à la même position à l’issue du libre. Elle avait pourtant abordé sa chorégraphie avec force, mais son énergie s’est effritée au fur et à mesure que les minutes passaient. Il faut tout de même saluer sa performance, elle qui a contribué à la médaille d’argent du Canada en équipe, et ce malgré des blessures qui ont miné sa préparation.

Gabrielle Daleman en était à sa première compétition internationale chez les seniors, et la pression a fini par avoir son effet. Emportée par son enthousiasme, ses sauts ont été un peu plus hauts que ce qu’elle fait habituellement et elle en a payé le prix avec des réceptions difficiles. Mais peu importe, Lori Nichols a réussi à lui arracher un sourire dans le « kiss and cry » en lui disant « Eh! Tu es aux Jeux olympiques! »

L’avenir est prometteur pour le patinage artistique féminin. Au Canada d’abord, avec deux représentantes sous la vingtaine, et sur la scène internationale avec les Lipnitskaya, qui n’a pas eu la performance qu’elle souhaitait, la nouvelle championne olympique Sotnikova, les Américaines Gracie Gold, Ashley Wagner et Polina Edmunds, toutes trois dans le top dix.

On n’arrivera jamais à résoudre tous les défauts et défaillances d’un sport jugé. Mais nous serons toujours admirateurs devant les prouesses de ces athlètes qui ne cessent de pousser la limite toujours plus loin.