On a eu droit à un match en deux temps samedi à Hamilton. Dans un premier temps, Anthony Calvillo a dominé sur le terrain. Dans un deuxième temps, la rapide défensive des Alouettes a donné son spectacle. Et vers la fin, sur les unités spéciales, Keith Stokes a scellé l'issue du match en marquant un touché sur un retour de 115 verges. Encore une fois, tout le monde a contribué à la victoire des Alouettes.

Malheureusement pour les Alouettes, Anthony Calvillo a subi une vilaine blessure à la cage thoracique. Avant de se blesser, il avait complété 16 de ses 19 passes pour des gains de 309 verges et deux passes de touché, deux très longues passes (51 verges à Copeland et 65 à Cahoon). Qui plus est, sur ces deux longs jeux et quelques autres, Calvillo a attaqué le blitz des Tiger-Cats... rien de pire pour une défensive. Quand tu t'amènes avec un blitz, tu attaques et tu forces le quart à précipiter son geste. Mais Calvillo a bien réagi et c'est l'attaque des Alouettes qui a profité du blitz...

J'ai eu la chance de revoir la blessure de Calvillo sous tous les angles possibles et je ne crois pas que Tim Cheatwood méritait une pénalité sur le jeu. Je peux comprendre la frustration des amateurs des Alouettes, car Calvillo a été frappé durement, mais Cheatwood était déjà là quand Calvillo a complété sa passe. En aucun cas, il aurait pu éviter Calvillo. Oui, il a frappé avec le casque, mais il a également fait le geste d'envelopper Calvillo. Tout arrive tellement vite.

Le football n'est pas une science exacte : Cheatwood est en plein élan... Calvillo vient de décocher le ballon... les deux étaient en position parfaite pour le contact et le contact a eu lieu. Voilà tout. Il ne faut quand même pas oublier que le football est un sport de contact et que c'est dans la nature d'un joueur de ligne défensive de frapper le quart.

Mais Calvillo se sent déjà beaucoup mieux et il devrait être à son poste pour le match de jeudi contre Toronto.

Le remplaçant de Calvillo

Depuis le début de la saison, tout le monde se demandait ce que feraient les Alouettes sans Calvillo. On a eu la réponse contre Hamilton. Oui, on peut gagner des matchs sans le numéro 13, mais ce n'est pas du tout la même équipe.

En plus de la victoire sans Calvillo, Ted White a finalement obtenu du temps de jeu. Il a eu une demie pour prendre de l'expérience... c'est peu, mais c'est mieux que rien. Il a complété trois de ses onze passes pour des gains de 33 verges et une interception.

Chapeau à la défensive

Après la perte de Calvillo, la défensive s'est levée, encore une fois, et elle a grandement contribué à la victoire des Alouettes. À trois reprises en deuxième demie, les Cats ont franchi la ligne de 20, mais ils ont marqué seulement trois points.

J'aimerais également revenir sur la performance de Ed Philion. Ce joueur est d'une constance désarmante. Ed n'est pas le joueur qui récolte les statistiques les plus impressionnantes, mais il est un technicien hors pair. Il est rapide et surtout très intelligent. En plus de lire à merveille les formations adverses, Ed a la capacité de lire la position corporelle (stance en anglais) du joueur qui lui fait face. Il va analyser le poids de son rival et déterminer s'il va vers l'avant, l'arrière, la gauche ou la droite. Il peut donc ainsi anticiper le mouvement du joueur de ligne pour mieux le déjouer. En plus, il utilise bien ses mains. Voilà pourquoi il est si difficile de courir contre lui.

Toujours la même chose chez les Tiger-Cats

Avant le match de samedi, j'avais indiqué que les Cats devaient éviter de se tirer dans le pied pour espérer l'emporter. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ne m'ont pas écouté (!). Troy Davis a échappé un ballon et cela a mené au touché de Copeland... ils ont raté un troisième essai... l'interception de Danny McManus à la porte des buts... les deux bottés de placement ratés de Paul Osbaldiston... et j'en passe.

C'est toujours difficile de prédire ce qui se serait passé, mais si les Cats avaient réussi ces jeux, on aurait eu droit à un tout autre match.

Mais quand les gros jeux favorisent toujours la même équipe, il y a une équipe qui se recharge alors que l'autre se décharge.

Les Tiger-Cats se battent chèrement match après match, mais ils inventent toujours des moyens de perdre un match... c'est le symptôme d'une équipe qui ne gagne pas.

La tutelle des Tiger-Cats

On a appris samedi que la LCF prenait officiellement le contrôle des activités des Tiger-Cats. Dans un premier temps, je suis très heureux pour les joueurs, qui seront finalement payés. La ligue leur doit deux chèques de paie. Il faut comprendre que les salaires dans la LCF ne sont nullement comparables avec ceux de la NFL. Les joueurs sont des citoyens comme tout le monde, des personnes qui ont les mêmes soucis que leurs partisans. Je dis souvent des joueurs de la Ligue canadienne qu'ils sont du «vrai monde».

Cette situation m'inquiète, mais ce n'est pas la première fois que la ligue doit prendre une équipe en tutelle. Elle l'avait fait à l'époque en 1994 avec la formation de Las Vegas. En 1996, c'était au tour des Roughriders d'Ottawa et des Lions de la Colombie-Britannique. On peut donc être porté à croire que la ligue trouvera bientôt (du moins on l'espère) une solution à long terme.

On peut difficilement mettre le doigt sur le bobo avec exactitude pour expliquer les déboires financiers de ces deux franchises.

À Toronto, on peut difficilement blâmer Sherwood Schwarz puisqu'il a été très mal conseillé dès le début de son association avec les Argos. M. Schwarz est un magnat de l'assurance qui ne semblait pas connaître grand-chose au football. Il a creusé un trou duquel il n'a jamais été capable de sortir.

À Hamilton, les deux propriétaires n'avaient pas l'air tellement impliqués. Quand un gars comme Paul Lambert affirme qu'il a effectué plus de sorties communautaires en deux semaines avec les Alouettes qu'en deux ans avec les Cats, on est en droit de se poser des questions.

J'ai parfois l'impression que les gens «pètent plus haut que le trou» en Ontario, et surtout à Toronto. On se dit qu'on est plus gros et plus fin que tout le monde et on se pense capable d'accueillir une équipe de la NFL. Soudainement, la LCF n'est plus assez prestigieuse. Il faudrait que les gens arrêtent de regarder ailleurs pour voir qu'il y a du très bon football dans leur cour.

Pour cette raison, les Argos jouent dans l'indifférence la plus totale. Quand j'étais à Toronto, nous avons remporté deux fois la coupe Grey, mais il n'y avait jamais plus que 22 000 ou 25 000 personnes dans les gradins.

Pour un joueur de football, il n'y a rien de pire que l'indifférence. Que les gens aiment ou non... au moins ils ont une opinion. Mais quand tout le monde s'en fout, c'est difficile.