MONTRÉAL - Le courageux et très médiatisé combat d'une ancienne vedette des Alouettes de Montréal contre la maladie de Lou Gehrig tire à sa fin.

Comme il l'entendait et selon ses désirs, Tony Proudfoot a fait ses adieux, mercredi, annonçant dans un texte rédigé à la première personne, et publié dans le quotidien The Montreal Gazette, qu'il ne lui restait que très peu de temps à vivre.

Dans son long témoignage, l'ex-footballeur note que les adieux ne sont jamais faciles et que les siens sont particulièrement pénibles. Toutefois, prend-il la peine de préciser, il les livre avec la plus profonde des reconnaissances.

C'est en juin 2007 que Proudfoot a annoncé qu'il était atteint de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Cette condition dégénérative est également connue sous le nom de maladie de Lou Gehrig, un ancien joueur de baseball des Yankees de New York, dans les années 20 et 30, qui en a succombé en 1941.

Mais malgré le fait que son état de santé se détériorait progressivement, Proudfoot n'a jamais cessé de contribuer à la recherche sur cette maladie incurable, et d'y attirer l'attention.

Le «Fonds Tony Proudfoot» qu'il a mis sur pied a d'ailleurs amassé 500 000$ pour la recherche.

Cet ancien analyste des matchs des Alouettes à la radio, et ex-professeur au collège Dawson, a promis de vivre chaque jour pleinement, d'appuyer son épouse et sa famille et d'entretenir ses relations avec ses proches.

Il s'est dit fier d'avoir atteint tous ces objectifs.

«J'écris et je parle de cette maladie, et de mon aventure, en m'attardant sur les étapes positives à venir et les gens pensent qu'il s'agit d'une attitude courageuse et même héroïque», a écrit Proudfoot.

«Mais faire face à la réalité a été terrible et carrément terrifiant pour moi et ma famille», reconnaît-il.

Lorsque La Presse Canadienne a rencontré Proudfoot à sa résidence d'une banlieue de Montréal, en août, il était incapable de parler, se nourrissait à l'aide d'une sonde d'alimentation et peinait à respirer.

«Lorsque vous avez de la difficulté à respirer, c'est étrange à quel point peu de sujets occupent vos pensées», avait confié Proudfoot lors de cette interview.

Aujourd'hui, Proudfoot dit être branché à un ventilateur 22 heures par jour, et on l'en débranche suffisamment longtemps pour qu'il se déplace, péniblement, d'une pièce à une autre, et soit rebranché à une autre machine.

Avec candeur, Proudfoot dévoilait les détails de sa bataille contre la maladie dans une chronique rédigée chaque année dans le quotidien anglophone montréalais, peu avant Noël.

En mai, il a produit un nouveau texte parce que la maladie progressait à un tel rythme qu'il ne savait pas s'il verrait la fin de 2010.

Il l'ignore toujours.

«Je sais qu'il s'agira de ma dernière mise à jour en décembre, a-t-il admis. En ce moment, je m'accroche à la fête de Noël; c'est une tâche pénible et il n'y a aucune garantie.»

Dans son texte, Proudfoot a remercié les membres de sa famille et ses amis, qualifiant d'inimaginables le souci et la compassion qu'ils lui ont affichés.

Il n'a pas oublié les Alouettes de Montréal, une équipe avec laquelle il a été associé, d'une manière ou d'une autre, pendant 40 ans. La conquête de la coupe Grey par la formation montréalaise, le 29 novembre dernier, lui a fait beaucoup de bien.

«Je veux remercier les Alouettes pour tout ce qu'ils ont fait pour moi. Vous ne pouvez imaginer toute l'énergie qu'ils m'ont apportée.»

La SLA s'attaque aux cellules nerveuses du cerveau et à la moëlle épinière et touche deux personnes sur 100 000. Quelque 3000 Canadiens sont atteints de la maladie, et environ 80 pour cent en meurent entre deux et cinq ans après avoir été informés du diagnostic.