Je suis allé faire un tour sur la terre familiale à l’Ile d’Orléans cette fin de semaine. J’avais promis à mon père de lui donner un coup de main pour préparer son bois de chauffage. Les feuilles des arbres étaient déjà bien colorées, l’air était frais et les odeurs émanant du sous-bois avaient un effet apaisant.

Bien entendu, malgré la charge de travail, je m’étais réservé du temps pour aller courir dans les sentiers serpentant au milieu de la forêt. Une dizaine de minutes après avoir amorcé ma première course, ma montre-bracelet GPS a émis un petit signal sonore m’indiquant la perte du signal satellite. Le couvert feuillu des arbres empêchait ma montre de capter les signaux venant du ciel. L’écran continuait d’afficher ma progression en temps, mais pas en distance. J’étais perdu!

Il faut dire que je suis un véritable accro aux chronos et distances précises. Je fais partie de ces coureurs qui ont besoin de savoir à la seconde et au mètre près le temps réalisé et la distance parcourue lors de leurs sorties quotidiennes. Je cours depuis une vingtaine d’années et j’ai d’inscrit, dans un magnifique livre à la maison, les distances et chronos de chacune de mes courses.

Avant l’arrivée du GPS, je courais sur une piste d’athlétisme ou sur des parcours que j’avais au préalable minutieusement mesurés à l’aide de mon vélo ou de ma voiture. J’avoue que c’était plutôt redondant. Si le hasard m’amenait à courir sur des routes inhabituelles, je m’assurais d’y retourner ensuite pour mesurer la distance parcourue. J’ai déjà refusé de jogger avec des amis car je n’avais pas ma montre ou n’avais pas la possibilité de mesurer la distance.

Imaginez donc à quel point l’arrivée des montres GPS a changé mon existence de coureur. Je me souviens encore de mon étonnement lorsqu’une collègue de travail m’a parlé de ce bidule qui enregistrait en temps réel mon parcours. Je n’en revenais pas. Je pouvais désormais courir n’importe où sans me soucier de respecter un parcours précis. La liberté totale!

Frédéric PlanteMa première course avec un GPS au poignet avait été jouissive. Après avoir couru quelques kilomètres sur un de mes parcours réguliers, je m’étais hasardé à le quitter en empruntant une petite rue jamais foulée par mes chaussures de course. Fini les territoires inconnus, le monde s’ouvrait à moi.

Depuis, je n’ai eu de cesse d’utiliser une montre GPS à chaque fois que je cours. Je ne suis plus seul et je sais toujours où je me trouve.

Jusqu’à cette course à l’Île d’Orléans qui m’a fait réaliser que je semble incapable d’apprécier une course sans un GPS. J’imagine que je suis loin d’être seul à ne pas pouvoir me déconnecter. Il faut dire qu’en plus de l’avantage lié à la géolocalisation, le GPS permet de bien organiser ses entraînements en respectant une vitesse de course ciblée. De plus, ce bidule enregistre chacune des séances pour une consultation facile sur les sites officiels des fabricants. De beaux graphiques et de belles statistiques qui motivent un coureur comme moi.

En contrepartie, le bracelet GPS nous force à suivre un rythme de course qui peut ne pas être adapté à notre forme du moment. C’est stressant. Par exemple, vous vous êtes levés du mauvais pied et vous n’êtes pas dans les meilleures dispositions pour aller courir, mais vous tentez tout de même de suivre la vitesse de votre entraînement. L’inverse est également vrai. Vous pouvez chercher à ralentir votre allure alors que vous vous sentez dans une forme olympique!

C’est ennuyant également de toujours penser à recharger sa montre GPS puisque la durée de vie de la batterie n’est pas bien longue. Je l’avoue, j’ai déjà annulé des entraînements puisque la pile était à plat!

Alors je reviens à ma course chez mes parents. Ai-je apprécié? Oui et non. J’avoue que j’ai apprécié de courir selon la sensation du moment sans avoir besoin de jeter de nombreux coups d’œil à mon poignet. Seul le chrono continuait d’avancer. Mais j’étais étourdi par l’absence de repères.

J’y suis retourné quelques heures plus tard, mais cette fois sur un chemin où je captais parfaitement le signal satellite. J’avais attaché mon GPS à une sangle dans mon dos. Je n’avais pas accès en temps réel aux informations, mais ai pu voir le bilan à la toute fin. Une course agréable au rythme inégal. La course d’un gars qui y allait au feeling! Je ne suis pas certain d’avoir aimé.

Après avoir réfléchi pendant quelques heures, j’ai décidé d’écrire ce texte pour savoir si j’étais un être unique ou si, au contraire, je représentais la grande majorité des coureurs.

Je vous pose la question. Je suis curieux de savoir quel type de coureur ou coureuse vous êtes. Rien au poignet? Simple montre chrono? GPS? Est-ce que pour vous le GPS est une pièce d’équipement essentielle au même titre que les chaussures ou s’il est hors de question de vous sentir continuellement traqué par une machine?

Très hâte de lire vos commentaires.