EUGENE, Oregon - Allyson Felix et Justin Gatlin se sont lancés des défis quasi promothéens à Rio : la première vise un titanesque doublé 200-400 m, le second veut faire tomber le Dieu Usain Bolt, mais ils doivent d'abord décrocher leur qualification pour les JO-2016, à partir de vendredi.

À 30 ans, malgré ses quatre titres olympiques et ses neuf couronnes mondiales, Felix redoute toujours autant le rendez-vous des sélections olympiques américaines, ces essais d'Eugene où seront distribués jusqu'au 10 juillet les visas olympiques aux trois premiers de chaque finale.

« Très souvent, j'ai l'impression que les essais sont plus difficiles et importants que les JO eux-mêmes », a résumé mercredi la Californienne.

Felix est d'autant plus anxieuse que sa saison a été perturbée par une blessure à la cheville droite survenue fin avril lors d'une séance de renforcement musculaire.

« La douleur est encore bien là, mais j'ai une grande tolérance à la douleur, ce qui ne m'empêche pas de dire que c'est probablement ma saison la plus difficile », a-t-elle admis.

Et cela tombe mal, car Felix vise à Rio un exploit rare, le doublé 200-400 m, réalisé seulement à deux reprises dans l'histoire olympique par sa compatriote Valerie Brisco-Hooks en 1984 et la Française Marie-José Pérec en 1996.

Elle sera fixée dès vendredi avec les séries du 400 m, en attendant le 200 m, dont elle est la championne olympique en titre, le week-end suivant.

Gatlin, lui, n'a pas eu à gérer de pépins physiques, mais sa relative discrétion, alors qu'il écoeurait la concurrence en 2015 à pareille époque (9,74) avant les Mondiaux de Pékin, étonne.

Bromell blessé

À l'entendre, il s'agit d'une stratégie programmée pour que son pic de forme se produise à Rio où il espère mettre fin au règne de Bolt, double champion olympique en titre des 100 m, 200 m et relais 4 x 100 m.

« Je savais que j'allais participer à deux grands rendez-vous en quelques semaines, les essais et les JO, j'ai donc choisi de commencer la saison moins vite pour être prêts pour les moments importants », a insisté le champion olympique 2004.

À moins de 40 jours des JO-2016, il pointe à une modeste 5e place de bilan annuel du 100 m avec ses 9,93 secondes, derrière notamment le Français Jimmy Vicaut (9,86) et surtout Bolt (9,88) qui dispute de son côté à partir de jeudi à Kingston les sélections olympiques jamaïcaines.

Le sulfureux Gatlin, suspendu à deux reprises pour dopage, reste à 34 ans la référence américaine de la discipline-reine, d'autant que le grand espoir Trayvon Bromell, médaillé de bronze à Pékin, s'est blessé à un tendon d'Achille et n'a pas couru depuis un mois.

En finale dimanche, Gatlin devrait retrouver face à lui Tyson Gay, Marvin Bracy, Mike Rodgers et Bromell, en attendant le 200 m les 8 et 9 juillet.

À Rio, les États-Unis, première nation lors des épreuves d'athlétisme des JO de Londres avec ses 28 médailles dont neuf en or, devraient profiter à plein de l'absence de sa grande rivale, la Russie, suspendue pour dopage.

Ces médailles pourraient venir des nouvelles sensations de l'athlétisme américain comme Vashti Cunningham (hauteur) et Kendra Harrison (100 m haies), ou encore des inusables Ashton Eaton (décathlon), Christian Taylor (triple saut) et LaShawn Merritt (400 m), pour qui les essais ne devraient être qu'une formalité.