Montréal – Pour la première fois en près de trois ans, le coureur Charles Philibert-Thiboutot respirait la santé et ses chronos d’entraînement étaient au rendez-vous. Cet élan a été stoppé au mois de mars par une blessure au pied droit et après trois mois d’investigation médicale, l’athlète a annoncé le 20 juin dernier sur son blogue qu’il n’enfilerait pas un dossard cette saison.

Pas de Championnats du monde à Doha, ni de Championnats canadiens à Montréal à la fin juillet. Une autre tuile de plus sur la pile déjà passablement épaisse du spécialiste du 1500 mètres qui venait de se remettre d’une blessure à un tendon d’Achille et de maux de dos.

Lors de sa participation à un camp préparatoire en altitude, en février, Philibert-Thiboutot avait enfin l’impression que ses problèmes de santé étaient derrière lui.

« Je n’étais pas loin de la meilleure forme de ma vie et c’était la première fois depuis trois ou quatre ans que mon dos était correct. Tout allait vraiment sur des roulettes jusqu’à ce que ma blessure au pied survienne. Je sentais que la saison 2019 serait ma meilleure à vie, mais malheureusement, je ne me suis pas rendu-là. »

L’athlète de Québec a comparé ses chronos de l’hiver dernier à ceux de son camp de 2016, où il avait ensuite battu son record personnel au 5000 mètres. Les astres étaient alignés pour qu’il connaisse enfin une saison à la hauteur de ses attentes.

« Ça n’avait rien à voir et c’était (les chronos) vraiment meilleur ! Mais là, je n’ai rien pu tester, car c’est à ma première journée de retour du camp que tout a lâché. Je n’étais plus capable de marcher. »

L’explication de cette nouvelle blessure serait une réaction de stress au talus et aux ligaments, combinée à une charge d’entraînement trop forte et à un débalancement mécanique.

Dans son blogue, l’athlète de 28 ans a parlé d’anxiété de performance. Lorsqu’on lui demande de préciser sa pensée, il l’associe à sa blessure au dos, qui lui permettait de s’entraîner, mais jamais à plein régime. Avec sa blessure au pied, il considère que le plus difficile est maintenant derrière lui, même si on ne le verra pas au calendrier de 2019.

« Ce qui a été extrêmement tough, ce sont les trois mois avant que l’on tire la plogue pour la saison. Je faisais beaucoup d’aquajogging, de vélo et de physiothérapie intensive en me disant que je pourrais revenir. Je suis retombé à zéro 4-5 fois et c’était excessivement frustrant. »

C’est au début juin, après une analyse poussée, que le coureur a su qu’il ne courrait pas et que sa convalescence durerait jusqu’au mois de septembre.

« C’est là que la pression est tombée. »

Des leçons à retenir

Quelle est la suite des choses pour le Québécois? Il veut profiter de ce repos forcé pour le transformer en un avantage.

« Le niveau de forme que j’ai atteint en deux mois cet hiver, il faudra peut-être que je le retrouve en 3-4 mois l’an prochain. C’est le chemin qui est tracé devant nous. De septembre à avril/mai prochain, si je ne me blesse pas, j’ai tout le temps qu’il faut pour être en forme et me qualifier pour les Jeux olympiques. »

Recrue sur la scène internationale avant les Jeux de Rio, l’athlète avait été aussi dans une course contre la montre en 2016 pour obtenir son billet olympique.

« Mon défi au cours des dernières années a été d’être en forme plus que 2-3 mois d’affilée. Nous savons ce que ça prend pour aller de l’avant et nous avons un plan. Il va falloir être clutch, nous n’avons pas de marge de manœuvre et nous allons ajuster le plan en conséquence », croit celui qui est entraîné par Félix-Antoine Lapointe.

Mais encore plus important qu’une deuxième participation olympique, il aura du temps pour préparer quelque chose d’unique qu’il pourra partager avec sa conjointe.

« Ma fiancée et moi allons nous marier cet automne et c’est moi qui m’occupe des préparatifs. C’est ça et ma réadaptation qui vont m’occuper jusqu’en octobre et ensuite, ce sera Tokyo 2020 sans relâche! »