Montréal - Eric Radford et Meagan Duhamel connaissent un début de saison du tonnerre. Le couple de patineurs artistiques, médaillé d'argent aux Internationaux de Patinage Canada en octobre puis au Trophée Éric Bompard le week-end dernier en France, est maintenant assuré de participer à la Finale des Grands Prix de l'ISU, au début décembre, à Sotchi. Des résultats qui galvanisent les Montréalais d'adoption dans leur marche vers les Championnats du monde, où ils ne visent rien de moins que le podium. À l'approche des grands rendez-vous de la saison, Eric Radford fait le point.

« Meagan et moi croyons profondément pouvoir, un jour, devenir champions du monde. Et nous allons tout donner pour y arriver », indique Radford, natif de Balmertown, en Ontario.

Malgré la confiance inébranlable qui l'habite, le patineur de 27 ans sait que la compétition sera féroce aux prochains Mondiaux et que plusieurs couples pourront aspirer au podium. À commencer par les champions du monde en titre, les Allemands Aliona Savchenko et Robin Szolkowy, qui seront très difficiles à déloger en mars prochain à London, en Ontario.

« Pour l'instant, l'objectif n'est pas de les battre, mais plutôt de nous en approcher. Ce que nous avons réussi à faire il y a un mois à Windsor en terminant 10 points derrière. C'est mieux que les 16 points d'écart qui nous séparaient aux derniers Mondiaux », note Radford.

De nouveaux programmes, de nouveaux sommets

Ce n'est pas un hasard si Radford et Duhamel se rapprochent dangereusement des meilleurs cette année. Les champions canadiens se sont dotés de nouveaux programmes, techniquement beaucoup plus relevés que les précédents. À en croire les résultats obtenus à leurs deux premières compétitions de la saison, l'adaptation se fait plutôt bien. « Le côté technique était meilleur en France qu'au Canada, mais il y a encore place à amélioration. Nous progressons bien alors c'est très excitant! », explique Radford, qui s'entraîne à Montréal avec Duhamel sous la supervision de Richard Gauthier et Bruno Marcotte.

« Présentement, nous sommes plus à l'aise avec le programme libre (Angel, de Philippe Rombi), poursuit le patineur. Notre programme court (La Bohème) est probablement l'un des plus difficiles à avoir été tenté en couple. En plus des transitions à l'entrée et à la sortie de tous nos éléments, nous faisons un triple lutz et un triple lutz projeté en deuxième partie de programme. En même temps, nous essayons de patiner sur la musique et de créer une énergie sur la glace. C'est tout un défi! »

Le couple, dont la force réside dans l'exécution des éléments techniques, devra également poursuivre ses efforts pour donner à son interprétation artistique toute l'intensité désirée. « Notre coach d'arts dramatiques nous aide à sortir de notre coquille. À mieux ressentir et transmettre les émotions sur la glace. Mais c'est quelque chose que nous devons apprendre. Nous devrons travailler très fort là-dessus dans les semaines à venir », précise Radford.

Une ascension rapide

Maintenant qu'ils ont surpassé les résultats obtenus l'an dernier en Grand Prix (deux médailles de bronze), qui sait jusqu'où iront Radford et Duhamel. D'autant plus que leur union est encore très récente.

C'est en 2010 que les chemins d'Eric et de Meagan se sont croisés. À ce moment, les deux patineurs songeaient sérieusement à la retraite. Alors âgée de 24 ans, Duhamel se retrouvait sans partenaire à la suite du départ à la retraite de Craig Buntin. Quant à Radford, sa carrière tardait à décoller.

« J'étais prêt à évoluer sur la scène internationale, mais je n'arrivais pas à trouver une partenaire au même niveau. J'attendais et j'espérais l'opportunité. Peu de temps après mes débuts avec Meagan, j'ai compris qu'elle serait ma meilleure chance de me rendre là où je voulais aller. Et c'est exactement ce qui est en train de se produire présentement », note le patineur.

Leur premier essai ne laissait pourtant rien présager de tel. « Il n'y avait à peu près rien qui fonctionnait. Meagan et moi avions de sérieux doutes, mais nos coachs y croyaient. Et ils avaient raison. Au bout d'une semaine, nous arrivions à exécuter la plupart des éléments techniques assez facilement. Nous avons alors compris que nous avions beaucoup de potentiel en tant qu'équipe. »

Les deux athlètes, munis d'une détermination à toute épreuve, ont rapidement enchaîné les bons résultats sur la scène internationale. « Nous croyons tellement en nous que ces résultats ne nous ont pas vraiment surpris. La plupart du temps, ça nous rend heureux pendant dix minutes et après on en veut encore plus. »

Au sujet de Meagan

Malgré toute l'estime qu'il lui porte, Radford a néanmoins compris que patiner avec Duhamel pouvait comporter certains risques. « Elle m'avait déjà souvent frappé avant de me casser le nez aux Mondiaux en 2011! » précise Radford au sujet de sa partenaire, qui avait également entaillé la main de Craig Buntin avec l'une de ses lames en compétition. « Dans le monde du patinage, on dit de Meagan qu'elle tente de tuer tous ses partenaires », dit Radford en riant. Toutefois, jamais il n'a cessé de voir en elle une patineuse exceptionnelle qui le complète à merveille.

« C'est une personne très forte et sa force me donne confiance, indique Radford. Nous venons tous les deux de petites villes en Ontario et nous avons eu des parcours similaires. Nos personnalités se complètent aussi très bien. Elle est extravertie et énergique alors que je suis plutôt calme et introverti. Mais nous sommes tous les deux très compétitifs et nous avons exactement les mêmes objectifs. »

Parmi ces objectifs, il y a celui de participer, pour une toute première fois, aux Jeux olympiques. Leur souhait devrait être exaucé en 2014 à Sotchi. « À travers tous les hauts et les bas, c'est toujours ce rêve olympique qui nous a poussés à continuer. Il explique en grande partie où nous sommes rendus aujourd'hui. »