Il était 19h00 jeudi soir et le son merveilleux du violon de Donnell Leahy sur "Call to Dance" accompagnait parfaitement la cadence de mon jogging sur le tapis roulant.

De la fenêtre, j'observais



Il était 19h00 jeudi soir et le son merveilleux du violon de Donnell Leahy sur "Call to Dance" accompagnait parfaitement la cadence de mon jogging sur le tapis roulant.

De la fenêtre, j'observais plus bas la formation d'un attroupement étrange, rue Pacific. Plus loin, il y avait un bouchon inhabituel sur le pont de la rue Burrard. Les nombreux gyrophares bleus et rouges indiquaient une présence policière imposante. Que se passait-il donc?

La flamme olympique!!! Voilà ce qui se tramait! Elle allait passer tout près de mon hôtel, en cette veille de la cérémonie d'ouverture. Mon entraînement terminé, je suis retourné à ma chambre pour constater que la rue Pacific donnait immédiatement sous ma fenêtre et que j'allais avoir une tribune privilégiée pour son passage.

Au cours de ma carrière, j'ai eu souvent le plaisir de voir la flamme dans toute sa splendeur, dans la vasque du grand stade. Mais je n'avais jamais vécu de près son passage "populaire".

Sur le pont, apparurent soudain des remorques entièrement illuminées, desquelles hurlaient musique et cris de soulèvement! La foule, rue Pacific, s'est mise à hurler elle aussi. Les gens qui habitent les appartements tout autour étaient tous sur leur balcon. Plusieurs agitaient leur petit drapeau.

Je commençais moi-même à ressentir une étrange sensation et avais très hâte de l'apercevoir enfin. Puis, finalement, elle est apparue, une toute petite lueur sautillante sur le pont. Les centaines de personnes, sous ma fenêtre, se sont mises à crier et à sauter, il y eut comme une bouffée d'énergie extraordinaire qui se dégagea à ce moment précis.

Puis, la petite lueur s'est mise à se définir dans la pénombre. On commença à percevoir le vascillement de la flamme, puis le manteau blanc de son porteur. Mon coeur s'est mis à battre plus rapidement.

Finalement, le porteur emprunta Pacific et s'amena directement vers nous. Escorté par une escouade à cheval (qui ajoutait une grande dignité à la scène), il était attendu par le prochain porteur, quelques mêtres plus bas, sous ma fenêtre...

Puis, survint le moment magique de la transmission de la flamme, la jonction des deux instruments, l'accolade entre les deux porteurs, la levée commune en pointant vers les quatre points cardinaux, les gens en liesse tout autour... La flamme olympique à son plus pur, là, à quelques mètres!

À peine quelques secondes plus tard, tout était terminé. Les gens étaient repartis vers leur demeure. La flamme n'y était plus! Elle laissa place à l'eau, à une toute petite goutte que mon oeil droit ne parvenait pas à refouler...