Ma réaction n'a sûrement pas été très différente de la vôtre : j'ai eu les jambes sciées en deux, comme on dit en bon québécois, quand j'ai appris dimanche matin l'effroyable nouvelle de la



Ma réaction n'a sûrement pas été très différente de la vôtre : j'ai eu les jambes sciées en deux, comme on dit en bon québécois, quand j'ai appris dimanche matin l'effroyable nouvelle de la mort de la mère de Joannie Rochette. Un direct au coeur, un uppercut au menton des plus inattendus.

Parmi la kyrielle de nouvelles qui émanent à tous les jours des Jeux olympiques, celle de la mère d'une athlète perdant la vie au lendemain de son arrivée pour assister à la compétition la plus importante de la vie de sa fille bien aimée deux jours plus tard ne doit pas être arrivée souvent dans l'histoire.

Je n'ai pas l'expérience olympique d'un Richard Garneau (j'en suis à mes deuxièmes Jeux), mais je suis pas mal convaincu que Joannie est la triste victime d'une aussi triste première.

Dans ces circonstances tragiques, la belle Joannie serait dans son droit le plus élémentaire de se retirer de la compétition. Tous les Canadiens comprendraient sa décision. Mais Joannie a décidé de s'accrocher à son rêve olympique et de concourir. Quelqu'un peut-il encore douter une seule seconde de la ténacité et du courage de cette athlète fabuleuse?

Plusieurs se demandent sûrement comment Joannie peut puiser au fond d'elle-même pour trouver la motivation pour continuer dans les circonstances.

Joannie continue parce qu'elle est une battante, qu'elle l'a toujours été et qu'elle le sera toujours.

Parce que les grands champions ont cette capacité, que peu de nous avons, de puiser leur motivation dans des événements tragiques.

Je me souviendrai toujours du match du Monday Night Football que Brett Favre a joué en 2003 au lendemain de la mort de son père. Non seulement Favre a-t-il disputé ce match, mais il a livré l'une performances les plus mémorables de l'histoire de la NFL : 399 verges de gains, quatre passes de touché !

Ou de Sylvie Fréchette dont le copain avait décidé de s'enlever la vie une semaine avant les Jeux olympiques de Barcelone. On connaît la suite.

Le sceau des champions. Joannie fait partie de cette race d'exception.

Cette épreuve fera de Joannie une meilleure athlète et surtout une meilleure personne.

Par sa gentillesse, sa bonne humeur, sa simplicité, Joannie est depuis longtemps l'une de mes athlètes québécoises préférées. Avec le courage qu'elle démontre depuis quelques heures, elle est maintenant mon athlète préférée.

Je ne sais pas si vous croyez à ce genre de choses, moi oui, mais quand Joannie sautera sur la glace mardi au Pacific Coliseum mardi, croyez-vous que les partisans présents à l'amphithéâtre seront les seuls à applaudir et à pousser la patineuse de l'Ile Dupas? Non, il y aura sa chère mère à quelque part au-dessus des nuages pour la regarder, la pousser plus haut dans les airs et qui lui parlera quelque part dans son coeur pour lui donner tout le courage nécessaire.

Les émotions que Joannie vivra quand elle sautera sur la glace seront indescriptibles. Et peu importe le résultat, oui vraiment peu importe le résultat, Joannie montrera au monde entier à quelle point elle est une athlète extraordinaire et une championne. Avant même le début de la compétition, la médaille d'or, c'est à Joannie qu'elle revient.

La délégation canadienne vit un moment tragique. Mais mon petit doigt me dit que cet événement aura pour résultat de souder encore plus les troupes. Joannie, tu n'es pas seule. Tes coéquipiers sont avec toi. Et chaque fois qu'ils dévaleront la pente ou progresseront vers le fil d'arrivée, ils devront pousser un peu plus en pensant à toi et à te mère, ils ne pourront abandonner parce que toi, Joannie, tu n'as pas abandonné.

Que ton courage serve d'inspiration à tous les autres athlètes canadiens et à toutes les petites filles qui s'adonnent au patinage artistique.

Merci et bonne chance, championne.