Il a travaillé d'arrache-pied pour y arriver. Plusieurs longues rencontres, échelonnées sur près de deux ans, ont été nécessaires. Mais Tewanee Joseph a réussi là où plusieurs autres ont éc



Il a travaillé d'arrache-pied pour y arriver. Plusieurs longues rencontres, échelonnées sur près de deux ans, ont été nécessaires. Mais Tewanee Joseph a réussi là où plusieurs autres ont échoué avant lui. Unir quatre Premières Nations de la Colombie-Britannique pour former une entité qui allait représenter les Premières Nations aux Jeux olympiques de Vancouver : les Quatre Premières Nations hôtes. Tewanee Joseph est président directeur-général des Quatre Premières Nations hôtes.

Ces quatre Premières Nations, ce sont les Squamish, Lil'wat, Musqueam, Tsleil-Waututh. Ensemble, ils sont, au même titre que le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique ou le gouvernement fédéral canadien, partenaires officiels des Jeux olympiques de Vancouver. Le but de Tewanee Joseph est clair : montrer au monde entier que sa culture est bien vivante. Rencontre avec un homme qui unit au lieu de diviser.

Qu'est-ce que les Jeux olympiques représentent pour les Quatre Premières Nations hôtes?

Pour nous, les Olympiques représentent une période de transformation. Nous sommes respectés en tant que partenaires olympiques. Nous sommes partenaires officiels des Jeux de Vancouver. Nous allons montrer au monde que notre culture est vivante, que nous sommes fiers d'être qui nous sommes. Les Jeux représentent aussi pour nous l'occasion de briser certains stéréotypes qui collent aux populations autochtones.

C'est très important pour nous parce que nous, les gens des Premières Nations, n'avons pas l'habitude de célébrer nos succès. Nous voulons montrer ces succès au monde entier. Nous allons pouvoir dire voilà comment les Jeux ont fait une différence pour nous.

Nous sommes en train de prouver que nous sommes capables d'accueillir le monde ensemble. Si vous travaillons ensemble, nous pouvons surmonter bien des défis et c'est ce que nous avons l'intention de faire.

Après les Jeux olympiques, les gens vont regarder les peuples autochtones du Canada d'une manière différente. Je vous le garantis.

Qu'est-ce que les Jeux vont apporter aux membres des Quatre Premières Nations hôtes et pour les peuples autochtones partout au Canada?

Selon moi, les Jeux vont apporter de la fierté et de l'unité. Certaines personnes n'appuient pas l'aventure olympique, mais je sens un fort vent de support à travers le pays. Les gens qui appuient la cause olympique sont les jeunes, les artistes, les gens d'affaires.

Je travaille avec le COVAN depuis assez longtemps pour savoir à quel point le comité veut que les Jeux soient les Jeux du Canada. On l'a vu avec le relais de la flamme. La flamme olympique s'est rendue dans 119 communautés autochtones. Le relais de la flamme a été un succès pour nous. Nous sommes tous très fiers de ce succès.

Plus les mois se sont écoulés et plus j'ai vu les autochtones du pays embarquer dans l'aventure olympique. Pendant le relais, j'ai vu des dizaines de gens pleurer. Des gens pleurer quand ils ont vu leurs petits-fils porter la flamme. Plus nous nous sommes approchés des Jeux et plus j'ai ressenti l'émotion qui habitait les gens des Premières Nations.

Plusieurs initiatives ont été mises sur pied par vous et le COVAN pour faire la promotion des Premières Nations. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces programmes?

Pendant les Jeux, le pavillon autochtone est l'endroit par excellence pour être témoin de la vivacité de l'art autochtone au pays. Mais le pavillon n'est que la pointe de l'iceberg. Un programme appelé Artistes et Villages mettra en valeur plus d'une centaine d'artistes pendant les 17 jours des Jeux.

Nous avons aussi réussi à mettre sur pied une équipe de planche à neige composée à 100% d'athlètes autochtones. Ces athlètes ont maintenant la chance de concourir au niveau provincial et national, ce qui est une première pour des athlètes autochtones.

La culture autochtone est aussi présente sur tous les sites de compétition des Jeux, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur des sites. On parle ici d'un investissement de deux millions de dollars.

Il ne faudrait aussi pas oublier que plus d'une centaine d'entreprises possédées par des hommes d'affaires autochtones ont également profité de la manne olympique. Ces entreprises ont obtenu des contrats totalisant plus de 57 millions de dollars.

Pour la première fois de l'histoire olympique, nous avons mis sur pied un programme de marchandise qui reconnaît l'art autochtone comme faisant partie du programme olympique. Les produits officiels autochtones Vancouver 2010 sont un bénéfice net pour les populations autochtones et seulement pour les populations autochtones.

Les initiatives bénéficient à tous: les jeunes, les artistes, les hommes d'affaires.

Que répondez-vous aux gens qui avancent plutôt que l'implication des autochtones dans l'aventure olympique se limite à des chants et de danses lors de cérémonies officielles, que vous êtes utilisés comme faire-valoir par le COVAN et les autres partenaires gouvernementaux?

Je vais tout simplement leur répondre de venir me voir à mon bureau. Je peux leur montrer les détails d'une centaine de programmes qui ont été développés au cours des dernières années pour l'avancement de la cause autochtone.

Depuis le tout début de l'aventure olympique, nous sommes impliqués comme partenaire officiel. Nous sommes impliqués au niveau des relations d'affaires. Nous sommes impliqués au niveau des jeunes: 350 jeunes autochtones sont à Vancouver pendant les Jeux pour vivre cette expérience unique. Cette relation avec le COVAN et les différents paliers de gouvernement en est une de fierté et de respect. Ça va bien au-delà des chants et danses autochtones.

La tenue des Jeux à Vancouver ne fait pourtant pas l'unanimité au sein de certaines communautés autochtones. Certains brandissent entre autres des slogans comme : « Pas de Jeux sur des terres ancestrales volées ». Vous et les opposants aux Jeux ne voyez pas les choses du même oeil.

Les Jeux de Vancouver et de Whistler se tiennent sur des territoires ancestraux qui ont été cédés dans des traités. Quand je vois comment la relation a été bâtie depuis le début, je dirais que les non-autochtones ne parlent pas en notre nom. C'est notre territoire. Je n'irais jamais sur le territoire d'une autre communauté autochtone et parler en leur nom. Je m'attends à la même chose en retour.

C'est OK de ne pas être en accord avec la tenue des Jeux. Mais nous appuyons les Jeux à 100% parce que nous avons été respectés dans le processus.

Ma porte a toujours été ouverte pour accueillir les opposants. Je veux bien parler à ces opposants. Mais personne n'est jamais venu me voir pour discuter de la situation. Au fait, qu'est-ce que ces opposants non-autochtones veulent nous enseigner? Comment les fenêtres cassées et les gens qui se cachent sous des passes-montagnes vont aider le Canada à régler le problème autochtone?

Certes, la situation est loin d'être parfaite. Nous sommes confrontés à des enjeux de pauvreté et de haut taux de suicide. Nous sommes conscients de ces problèmes parce que c'est la réalité d'encore beaucoup de gens dans nos communautés. Et nous voulons que la situation s'améliore. Et nous travaillons chaque jour pour améliorer la situation.