Si certains athlètes olympiques dégagent un calme déstabilisant en raison de leur confiance inébranlable, Marie-Pier Boudreau-Gagnon se retrouve à l'autre extrême et elle fait plutôt penser à un petit lapin Energizer tellement elle déborde d'une vitalité contagieuse.

Il faut dire qu'en tant que nageuse synchronisée, elle profite grandement de ce dynanisme et de ce sourire impressionnant.

Cependant, Boudreau-Gagnon et ses coéquipières n'entendent pas à rire puisqu'elles visent plus que jamais une place sur le podium olympique ce qui serait une première depuis les JO de Sydney en 2000.

«On vise un podium et on n'a rien à perdre. Lors des Jeux olympiques de Pékin (2008), les trois premières équipes de la Russie, l'Espagne et la Chine étaient dans une catégorie à part devant nous (4e), les Etats-Unis (5e) et le Japon (6e)», se rappelle-t-elle.

«Maintenant, on peut dire qu'on a rejoint le peloton de tête et qu'on se bat vraiment pour une médaille. On n'a pas peur de finir plus loin, on vise seulement le podium et on prend des risques pour y parvenir», ajoute l'athlète originaire Rivière-du-Loup.

En termes de risques, les Canadiennes savent de quoi elles parlent ayant amorcé un virage innovateur dans le conservateur monde de ce sport en nageant sur du Metallica. Cette fois, elles préparent en cachette des programmes spécifiques pour les Jeux de Londres afin de repousser les limites.

«Un de nos programmes est vraiment élaboré pour le public de Londres, c'est comme un petit cadeau pour eux. On s'est aussi fait dire que nous devions développer un côté plus «personnage» pour aller chercher le public avec des programmes plus émotifs et on garde tout cela secret pour créer un gros impact à Londres», a partiellement dévoilé celle qui enchaîne les mots aussi rapidement que les mouvements dans la piscine.

Les nageuses canadiennes ont le vent des voiles et elles vont jusqu'à dire qu'elles sont craintes par leurs adversaires.

«Je pense qu'elles ont peur. On regarde leurs chorégraphies et on voit qu'elles essaient de nous copier. On a réussi un coup d'éclat aux Championnats du monde en présentant une nouvelle chorégraphie. On est allée chercher le bronze en battant les Espagnoles et on veut accomplir la même chose aux Jeux olympiques», a annoncé celle qui avait raté sa qualification olympique en 2004.

Déjà qualifiée pour le grand rendez-vous, l'équipe canadienne aura le privilège d'aller espionner ses rivales lors du tournoi de qualification olympique qui se déroule du 18 au 22 avril à Londres. Les observations recueillies à la James Bond seront utiles pour effectuer quelques ajustements dans leur préparation.

Les autres pays semblent réaliser la progression du clan canadien dirigé par Julie Sauvé, mais le plus défi à abattre demeure de convaincre les juges, qui réputés pour leur côté traditionaliste, de leur accorder une médaille.

«Si on s'attarde uniquement sur les pointages des juges, je ne pense pas qu'on peut rester sain et connaître une longue carrière. De plus, j'ai vécu un tournant dans ma vie en 2004 quand je n'ai pas été sélectionnée sur l'équipe. Je me suis dit que je n'approcherais plus jamais mon sport de la même manière. Je vise avant tout la performance pour prouver au reste du monde que je continue à m'améliorer et que je me surpasse», a spécifié l'olympienne de 29 ans.

En duo avec sa meilleure amie et copie conforme?

En plus des projets d'envergure en équipe, le Canada fonde de grands espoirs sur le duo qui est composé de Marie-Pier et sa meilleure amie Élise Marcotte.

Depuis 2011, Marcotte a remplacé Chloé Isaac pour former la paire canadienne. Selon les deux ahtlètes, ce choix n'a pas été fait au détriment d'Isaac.

«Je ne me situe pas nécessairement devant Chloé, ça ne fonctionne pas ainsi. En fait, l'idée était de trouver la meilleure paire et j'avais une très belle chimie avec Marie-Pier sans oublier que nos physiques se ressemblent. On s'adapte bien et on doit être pareil au millimètre près», a souligné Marcotte.

«Ça va vraiment bien ensemble et le changement a été bien reçu à l'international. La transition ne fut pas trop difficile parce qu'Élise est ma meilleure amie. Ce fut un choix difficile, mais je pense que ce fut le bon», a jugé Boudreau-Gagnon.



Au-delà du côté sportif, le privilège d'évoluer en compagnie de sa grande complice vaut du bronze, de l'argent ou de l'or pour chacune d'elle.

«On s'entend tellement bien que nos professeurs sont parfois tannés. Ils nous ont quasiment accusées de plagiat en voyant les résultats de nos examens, mais on pense de la même façon et ça facilite notre travail en duo», s'est amusée à révéler Boudreau-Gagnon.

«C'était déjà merveilleux de participer aux JO avec ma meilleure amie en 2008, mais de le faire aussi en duo, c'est une chance incroyable. On partage tout dans cette aventure et même le stress!», a enchaîné Marcotte.

La révélation des Jeux de Vancouver

Évidemment, les Jeux olympiques de Vancouver sont venus toucher directement au cœur les athlètes canadiens qui se rendront à Londres. Les athlètes des disciplines d'été auraient rêvé de vivre l'expérience olympique dans leur pays.

Dès le départ des JO de Vancouver, Boudreau-Gagnon ne tenait plus en place et elle a pris les grands moyens pour remédier à la situation.

«Je regardais la compétition d'Alexandre Bilodeau dans mon salon et je me suis mise à sauter sur mon divan. Je capotais à la fin quand il a mérité l'or et j'ai tellement fait de bruit que mon propriétaire est venu cogner à la porte pour me demander de faire attention», a raconté la nageuse synchronisée.

«J'ai appelé Élise et je lui ai dit : On s'en va à Vancouver. Elle me dit : On n'aura pas la permission. J'ai appelé Julie Sauvé et elle accepté en nous donnant une journée de congé supplémentaire à notre fin de semaine. On a acheté nos billets et on a vu cinq épreuves en trois jours!»

La vague rouge et blanche de Vancouver a été convaincante.

«J'avais vécu les Olympiques à Athènes et Pékin, mais Vancouver c'était une catégorie à part. Je n'ai jamais vu autant de personnes fières de venir du Canada. C'était extraordinaire et ce fut vraiment un déclic pour Élise et moi», a avoué celle qui a découvert ce sport à sept ans.

Conquise par la ferveur des amateurs à Vancouver, Boudreau-Gagnon veut savourer son voyage à Londres pour une raison bien évidente.

«J'en serai probablement à mes derniers JO. Ensuite, je devrais continuer pendant un an ou deux, mais j'aimerais entamer des études en pharmacie. C'est mon nouveau défi et je désire le commencer dès mon retour de Londres», a conclu celle qui est comblée à l'idée de nager à Londres devant ses deux sœurs, sa mère et le chum de celle-ci.