MONTRÉAL – Quand il a pris sa retraite de l'athlétisme en 2002 après une carrière couronnée de succès, Bruny Surin avait une idée en tête, celle de redonner au suivant. Dix-neuf ans plus tard, le champion olympique au relais peut dire mission accomplie. Et même s'il reste toujours aussi motivé dans la mission qu'il s'est fixée, il serait disposé à passer le flambeau à d'autres athlètes désireux de s'impliquer dans la cause.

Au fil des ans, la fondation qui porte son nom a amassé 1,5 million $ pour soutenir les jeunes athlètes et faire la promotion d'un mode de vie sain et actif. Et on visait à recueillir 125 000 $ supplémentaires lors du gala annuel de la fondation, vendredi soir, à salle de bal Le Windsor, à Montréal.

Surin est le premier à reconnaître qu'il ne s'attendait pas, au départ, à ce que son projet de fondation prenne une telle dimension.

« Je savais que j'allais avoir beaucoup de défis, a reconnu Surin, vendredi matin, à quelques heures du gala. Mais j'ai toujours appris que l'important est de savoir bien s'entourer. Dès le début, j'ai vendu ma salade à quelques personnes clés qui m'ont rejoint sur le CA et c'est un travail d'équipe. »

Son implication dans sa fondation lui rappelle constamment les obstacles qu'il lui a fallu surmonter pour accéder à l'élite mondiale en athlétisme, lui qui avait un "grand rêve" mais peu de moyens financiers à ses débuts dans le sport.

« Quand je regarde les 18 dernières années et ce que nous avons fait avec l'argent, avec les jeunes que nous soutenons, c'est comme y mettre mon petit grain de sel. Comme j'ai moi-même été supporté par les Québécois, par les Canadiens, les commanditaires, c'est tout à fait naturel que je fasse la même chose. »

Modeste, l'Olympien qui a participé à quatre reprises aux JO hésite à parler de cas précis d'athlètes pour qui le soutien de sa fondation s'est révélé un tournant dans la carrière. Mais le cas du plongeur Vincent Riendeau, qui sera honoré au gala après avoir annoncé sa retraite à l'issue des Jeux de Tokyo, le touche particulièrement.

« La première année que nous lui avons apporté notre aide, je pense que Vincent devait avoir 14 ans. J'ai assisté à son évolution, de ses débuts sur la scène québécoise, sa progression année après année, jusqu'aux Jeux olympiques et la fin de sa carrière. Wow! Je trouve ça incroyable. »

Après 18 ans, Surin avoue qu'il est présentement en réflexion sur la suite à donner à son implication.

« Dernièrement, je me suis posé la question. C'est sûr que c'est très demandant, sur le plan de l'énergie, admet l'homme d'affaires de 54 ans, aussi à la tête d'une société qui offre un service de conférencier et de mentorat en plus d'avoir une ligne de vêtements.

« J'investis beaucoup de mon temps personnel, sans rétribution de la fondation. Il y a un petit côté psychologie dans tout ça. J'avais une dette envers la société, j'ai fait une carrière de 18 ans, là c'est notre 18 année avec la fondation, est-ce que je continue dans la même voie ou je change de formule? Je n'ai pas encore pris de décision. Je vais en discuter avec mon CA. »

Il ne dirait pas non si un autre athlète amateur de renom était prêt à prendre la relève.

« J'aimerais vraiment ça. Je ne sais pas si certains seraient prêts à ce que je leur passe le flambeau. Mais si quelqu'un manifeste son intérêt, je suis prêt à l'épauler, à lui transmettre la connaissance de la structure. »

Et comme 12 anciens ou actuels Olympiens étaient annoncés au gala – parmi lesquels Aurélie Rivard, Maude Charron, Laurence Vincent Lapointe, Alexandre Bilodeau, Alexandre Despatie et Joannie Rochette – il avait l'intention de leur passer le message.