LONDRES - Le sprinteur Dwain Chambers, qui a remporté samedi les sélections britanniques du 100 m, a mis dans l'embarras son comité olympique (BOA) qui entend le priver des Jeux olympiques en raison de son passé de dopé.

Sur le plan sportif, Chambers a coupé court à tout débat : à 30 ans, il reste le meilleur sprinteur de son pays.

Arrivé aux sélections auréolé d'une médaille d'argent sur 60 m aux Mondiaux en salle cet hiver malgré un an et demi sans compétition, et par le meilleur chrono de la saison pour un Britannique (10.05) malgré les réticences des meetings à l'accueillir, il a dominé de bout en bout la finale en 10.00. Il s'agit du meilleur temps de la saison pour un Européen.

Mais avant de monter dans l'avion pour Pékin, Chambers doit encore surmonter un obstacle juridique. La Haute Cour de justice doit statuer mercredi sur un règlement spécifique du BOA qui bannit à vie des JO tout athlète ayant violé le règlement antidopage. Si l'athlète obtenait gain de cause, le BOA n'aurait d'autre solution que de le sélectionner.

"J'ai fait ma part"

"Cela a été un travail si dur. J'ai fait ma part. Maintenant, on verra la semaine prochaine", a-t-il commenté. Applaudi par le stade, il a été étreint par Simeon Williamson, 2e en 10 sec 03 et assuré de prendre part aux Jeux, et un autre concurrent, Mark Findlay.

Les autres l'ont ignoré, notamment Craig Pickering (10 sec 19), qui a terminé 3e et avait signé une pétition contre le retour de Chambers. "Je respecte Dwayne comme athlète, mais il a fait de mauvaises choses dans le passé", a commenté le sprinteur qui devrait également être du voyage à Pékin où il disputera éventuellement le 4x100 m avec Chambers.

De grands noms de l'athlétisme britannique, de Sebastian Coe à Kelly Holmes, s'opposent au retour de Chambers, ne lui pardonnant pas d'avoir dit après un premier retour à la compétition en 2006, qu'il était quasiment impossible de remporter une médaille olympique sans se doper.

Mais d'autres l'ont soutenu, notamment l'ancien triple-sauteur Jonathan Edwards, qui estime qu'il "mérite une seconde chance".

Chambers avait été suspendu deux ans après un contrôle positif en 2003 à la THG, stéroïde de synthèse développé par Balco, dont il a reconnu avoir été un client.