Point final d’une période folle pour Marie-Ève Beauchemin-Nadeau
Haltérophilie jeudi, 26 nov. 2015. 11:57 mercredi, 11 déc. 2024. 06:51Marie-Ève Beauchemin-Nadeau n’a pas atteint les buts qu’elle s’était fixés aux Championnats du monde d’haltérophilie mercredi, mais elle repartira malgré tout assez satisfaite après avoir levé 97 kilos à l’arraché et 124 kilos à l’épaulé-jeté dans la catégorie des moins de 69 kg à Houston, au Texas.
Son total de 221 kilos la laisse à 9 kilos de l’objectif qu’elle avait en tête avant de quitter. « Je pense que c’était probablement trop ambitieux. Avec les barres que j’ai faites, je suis vraiment contente. »
En action dans le groupe C des moins de 69 kg, la Québécoise connaîtra son classement final seulement jeudi soir, après le passage des concurrentes du groupe A.
Après avoir terminé ses stages en médecine au printemps dernier, la membre du club Fortius de Brossard a dû être opérée au genou gauche le 2 septembre, ayant été victime d’une déchirure d’un ménisque et d’une fracture au cartilage du tibia à l’Open Blue Mountain en Ontario, le 15 août.
« Je ne l’ai pas senti du tout, il fonctionnait comme un neuf », s’est réjouie celle qui a également étudié en vue des examens du Collège des médecins de famille du Canada de la fin octobre. Elle mettait ainsi un point final à une période de vie pour le moins exigeante mercredi.
« À l’arraché, j’ai commencé la compétition à 96 kilos et j’ai soulevé la charge de façon parfaite. À 97 kilos, ç’a été super facile aussi. Ç’a été un petit peu long entre mes essais à 97 et 100 kilos, j’ai l’impression que j’ai eu le temps de refroidir. Je n’étais plus aussi prête quand je suis arrivée à la barre. »
Ces trois premières tentatives l’ont du coup rassurée. « Comme je ne me suis presque pas entraînée dans les derniers mois, je suis quand même très satisfaite de mon arraché. »
« À l’épaulé-jeté, mes jambes n’étaient pas très fortes parce que j’ai fait un gros régime. J’ai perdu 5,5 kg pour me rendre à 69 kg. C’est une erreur de ma part d’être partie d’aussi haut. J’aurais dû prendre un peu d’avance pour perdre les premiers kg. J’aurais eu plus d’énergie pour mes jambes. »
Néanmoins, le bilan était positif. « Je pense que j’ai tout donné ce que j’avais, donc je n’ai aucun regret. »
La qualification pour Rio devra attendre
Le Canada avait besoin de performances hors de l’ordinaire de ses représentantes à ces mondiaux afin de se faufiler parmi les 21 premiers pays au monde chez les femmes et d’obtenir plus d’un billet olympique pour les Jeux de Rio. Provisoirement 24e après l’édition 2014 de l’événement, il ne réussira pas l’exploit.
« Avec les résultats que nous avons, nous n’aurons pas deux places. Même si j’avais fait 230 kilos, nous n’aurions quand même aucune chance d’avoir deux places », a expliqué Beauchemin-Nadeau, qui devra unir ses efforts à ceux de ses compatriotes dans le but de finir parmi les sept meilleures nations en juin aux Championnats panaméricains afin d’obtenir une place pour le Canada à Rio.
Jusqu’ici, Amanda Braddock, 33e du côté des moins de 48 kg, Lacey Van Der Marel, 26e dans la catégorie des moins de 58 kg, et Marie-Josée Arès-Pilon, qui a soulevé un total de 209 kilos dans le groupe D chez les moins de 69 kg, se sont exécutées à Houston. Vendredi, Prabdeep Sanghera lèvera du côté des moins de 75 kg.
Une autre Québécoise, Kristel Ngarlem, était en lice pour ces Championnats du monde, mais comme Beauchemin-Nadeau est passée des moins de 75 kg aux moins de 69 kg et qu’Arès-Pilon était aussi dans la catégorie, la Montréalaise est tombée troisième dans la hiérarchie nationale. Deux athlètes par nation par catégorie de poids au maximum peuvent être délégués aux mondiaux.
Ngarlem a suivi les conseils de son entraîneur, ne faisant pas le saut chez les moins de 75 kg afin d’être au Texas. « J'aurai pu lever chez les moins de 75 kg, mais mon entraîneur a décidé de ne pas me faire participer au dernier événement de qualification. Il a jugé que j’avais déjà participé à beaucoup de compétitions. Nous travaillons en préparation pour les Championnats panaméricains », a-t-elle expliqué.
À Barranquilla, en Colombie, Beauchemin-Nadeau estime que le pays devrait pouvoir mettre la main sur un laissez-passer olympique. Elle compte bien d’ailleurs être l’athlète retenue par la fédération nationale au terme du processus de qualification. Sa médaille d’or des Jeux du Commonwealth du côté des moins de 75 kg obtenue grâce à un total de 250 kilos lui procure beaucoup de confiance.
« Je vais probablement sortir de cette compétition-ci (les Championnats du monde) avec le meilleur total parmi les Canadiennes. Il me restera à conserver cette avance aux Championnats panaméricains. »
Elle viserait d’ailleurs un cumulatif de 250 kilos aux Jeux. « Ça reste mon objectif. Je crois beaucoup qu’une fois que nous avons fait une barre, nous sommes capables de la refaire. Techniquement, je suis meilleure aujourd’hui que je l’étais au moment où j’avais fait 250 kilos. J’ai plus d’expérience également. Ce qu’il me reste à faire, c’est de reprendre ma force, et j’ai le temps de le faire. »
Huitième aux Jeux de Londres en 2012 du côté des moins de 69 kg, l’athlète de Candiac a fait le choix stratégique de changer de catégorie. « Je suis montée chez les moins de 75 kg pour pousser mon corps, pour être capable de lever plus, pour ensuite revenir aux moins de 69 kg et garder cette force. »
L’ultime récompense
Beauchemin-Nadeau aura amplement le temps de se préparer pour le rendez-vous continental, elle qui prévoit participer à une seule compétition d’ici là, soit la Classique haltérophile québécoise, en avril. Elle fera donc l’impasse sur les Championnats canadiens, trop rapprochés des Championnats panaméricains.
« Je m’attends à être en bien meilleure forme en juin prochain que je le suis présentement », a estimé celle qui entend bien tout mettre en œuvre pour revivre l’euphorie de soulever ses meilleures charges.
Comme avant Londres, elle mettra de côté la médecine dans les prochains mois. « La prochaine fois que je vais mettre les pieds dans un hôpital, ça va probablement être en septembre, en Ontario, parce que mon copain va aller faire sa maîtrise à London. »
Un cadeau de Noël hâtif lui sera offert d’ici là, elle qui devrait recevoir ses résultats des examens du Collège des médecins de famille du Canada, ultime récompense de plusieurs années complètement folles. Elle ne changerait toutefois rien à son cheminement.
« Au Canada, c’est vraiment important de préparer notre après-carrière. Je ne sais pas exactement combien de temps je vais continuer l’haltérophilie après les Jeux olympiques, mais je suis rendue à 27 ans et mon corps est magané. Je suis très contente des choix que j’ai faits, même si ç’a été vraiment difficile de passer au travers. »