C'est la compétition la plus cruelle, la plus exigeante, la plus… (ajoutez ici n'importe quel superlatif de la même famille) pour les patineurs de vitesse courte piste : les sélections olympiques.

Du 9 au 18 août prochain sur le site olympique à Vancouver, ça passe ou ça casse pour 16 patineuses et 16 patineurs de vitesse canadiens. Tout ce beau monde va se battre pour quatre places chez les hommes et cinq places chez les femmes en vue des Jeux Olympiques de Vancouver. Charles Hamelin est déjà qualifié chez les hommes. En fait, les trois premiers patineurs (euses) participeront aux épreuves individuelles. Le quatrième et cinquième seront disponibles pour les relais seulement. Patinage de Vitesse Canada dispose également d'un choix discrétionnaire tant chez les hommes que chez les femmes pour ces positions.

Imaginez, les patineurs qui sont coéquipiers durant onze mois et deux semaines deviennent rivaux voire « ennemis » pendant dix jours. Pour ces athlètes, ce sont leurs Jeux Olympiques avant les « vrais » Jeux olympiques.

Pour certains, ce sera une occasion de se qualifier pour une dernière expérience olympique. Pour d'autres, ce sera une porte d'entrée pour une première participation à la plus grande manifestation sportive de la planète. L'objectif est le même mais les enjeux diffèrent selon les athlètes.

«Personnellement, je trouve que je suis dans une bonne position », lance Valérie Maltais 19 ans, une vedette montante de l'équipe courte piste qui est une sérieuse candidate pour une place sur l'équipe olympique. «C'est plus l'fun de rattraper les gens que de se faire rattraper. C'est comme le jeu du chat et de la souris. J'adore ce feeling de compétition », ajoute-elle.

«J'ai dit aux plus jeunes qu'il y aura beaucoup de joies et de larmes.», affirme la doyenne de l'équipe Tania Vicent. «Même si tu te qualifies, tu sautes de joie mais tu pleures aussi parce que ton amie, elle, ne s'est pas qualifiée».

Tous les athlètes vous le diront, ces qualifications sont un mal nécessaire. Personne n'aime se retrouver en compétition directe avec ses amis pour un si grand enjeu. Il y aura beaucoup de déchirement à Vancouver mais les athlètes savent à quoi s'attendre.

« On en a parlé ouvertement entre nous. Les plus expérimentés nous préviennent de ce qui peut se passer. Que les patineurs tentaient plus souvent qu'autrement de conserver leur place et que ça occasionnait beaucoup de chutes », explique Valérie Maltais.

Et elle ajoute : « Je dois te dire que j'ai déjà hâte que ce soit terminé. Je veux m'assurer de terminer parmi les 3 premières, question de ne rien laisser au hasard. Avec les choix discrétionnaires, on ne sait jamais.»

L'équipe courte piste 2010 sera assurément fort différente de la mouture qui était à Turin en 2006. À Turin, l'équipe masculine était composée de Charles Hamelin, François-Louis Tremblay, Éric Bédard, Mathieu Turcotte et Jonathan Guilmette. Du groupe, Hamelin a déjà son billet et François-Louis a d'excellentes chances de participer à ses 3e Jeux.

Chez les dames, Kalyna Roberge, Anouk Leblanc-Boucher, Tania Vicent, Amanda Overland et Alanna Kraus étaient à Turin. Krauss et Leblanc-Boucher sont maintenant à la retraite.

D'ailleurs, c'est probablement du côté féminin où l'on risque de voir les plus belles batailles. Difficile de prévoir qui réussira à trouver sa niche dans l'équipe canadienne. Kalyna Roberge est une valeur sûre. Jessica Gregg progresse à un rythme d'enfer. Valérie Maltais ne semble pas avoir de complexes face aux meilleures. Dans quelle forme se présentera Marie-Ève Drolet, elle qui tentera de participer aux Jeux après une retraite de 6 ans. L'expérience de Tania Vicent aura-t-elle le dessus sur les jeunes aux aspirations élevées. De son côté, la jeune Marianne St-Gelais est déjà montée sur le podium en Coupe du Monde. Et l'olympienne Amanda Overland sera-t-elle à 100% après une année loin de la patinoire en raison d'une déchirure d'un cartilage de la hanche?

Il ne faudrait pas oublier également les Anne Maltais, Jessica Hewitt et Marie-Andrée Mendes-Campeau. Bref, la lutte est ouverte. Bien malin qui prévoir l'issue des sélections.

« C'est la première fois que je vois autant de filles être en mesure d'aspirer à une place sur l'équipe olympique », mentionne Tania Vicent qui a participé aux Jeux Olympiques de 1998, 2002 et 2006. « De plus, il n'y a pas une fille qui domine vraiment sur les autres. »

Pour la doyenne de l'équipe, ce sera les Jeux Olympiques ou la retraite. « C'est la première fois que je suis confrontée à ça. Je sais que ce sont mes dernières sélections mais je ne veux pas trop y penser. Chose certaine, tout est en place pour que je performe. Ma dernière année a été difficile.» Et comment! Tania a dû composer avec un long programme de remise en forme à la suite d'une blessure. Par la suite, elle a terminé 14e aux essais en vue des mondiaux; une véritable gifle. Le soleil est revenu lorsqu'elle a remporté les 2e sélections nationales devant des patineuses comme Marianne St-Gelais et Marie-Ève Drolet.


Ça va chauffer du côté masculin

Charles Hamelin étant déjà qualifié, il ne reste que quatre places disponibles dont deux pour les épreuves individuelles. Placez un patineur grand format, Olivier Jean, comme un candidat sérieux à un de ces deux postes. Le frère de Charles, François, sera également à surveiller. Il est monté sur le podium en Coupe du Monde et il a un talent indéniable.

Un peu comme chez les filles, le nombre de patineurs talentueux et apte à représenter le pays aux Jeux Olympiques dépassent largement le nombre de laissez-passer disponibles pour Vancouver. Les Marc-André Monette, Guillaume Bastille, Rémi Beaulieu, Alex Boisvert-Lacroix seront aussi à surveiller.

Le cas François-Louis Tremblay

Il sera intéressant de surveiller le dossier du triple médaillé olympique François-Louis Tremblay. En mai dernier, Tremblay s'est infligé une entorse à la cheville gauche. Résultat : retard sur son programme d'entraînement en vue des sélections olympiques. Une catastrophe pour ce fier compétiteur.

Tremblay a indiqué vendredi qu'il ne participera pas aux sélections olympiques. Il saura le 26 août prochain si Patinage de Vitesse Canada le choisi tout même pour les Jeux Olympiques en utilisant son choix discrétionnaire. Chose certaine, la cheville de Tremblay sera en parfaite condition lors des Jeux Olympiques en février 2010.

« Si j'avais eu le choix, j'aurais aimé participer aux essais à 100% de ma forme. J'aime mieux avoir mon destin entre les mains. D'autant plus qu'il y a d'excellents patineurs qui peuvent se qualifier», explique-t-il. « Mais honnêtement, je suis l'un des seuls patineurs qui peut se permettre d'être blessé présentement. », ajoute Tremblay.

Celui que l'on surnomme « Flou » a les chiffres pour appuyer ses dires. En raison de ses résultats en carrière, il se veut une valeur sûre pour l'équipe canadienne. Spécialiste du 500 mètres, Tremblay figure toujours parmi l'élite mondiale. Ses six podiums en Coupe du Monde et son premier rang au classement général du 500 mètres en témoignent. Le comité haute performance ne peut ignorer ces faits dans sa décision.

S'il est choisi, qu'elle sera le rôle de Tremblay au sien de l'équipe? Sera-t-il des 3 patineurs qui participeront aux épreuves individuelles? Sera-t-il admis seulement pour les relais? Avec Charles Hamelin déjà qualifié et admettons que Flou obtienne la 2e place, il ne reste donc qu'une seule place pour patiner les épreuves individuelles. La décision de PVC risque de provoquer des grincements de dents d'un côté comme de l'autre. À suivre...