Diplômée de la prestigieuse Université Princeton, membre du Comité des athlètes de l'Agence mondiale antidopage, membre du Comité des athlètes du Comité olympique canadien, étudiante au baccalauréat en droit à l'Université de Montréal, ancienne stagiaire au Comité international olympique… Nul doute, le palmarès d'Andréanne Morin est déjà étincelant, mais il lui manque un côté brillant : celui d'une médaille olympique.

Membre de l'équipe du huit féminin en aviron, Morin fascine grâce à son parcours enrichi. Avec de telles expériences, celle qui célébrera son 31e anniversaire durant les Jeux olympiques de Londres pourrait très bien renoncer aux sacrifices sportifs et se consacrer à sa nouvelle carrière.

Cependant, elle a vécu la déception de terminer en quatrième position lors des Jeux olympiques de Pékin ce qui a ravivé la motivation de se défoncer pendant quatre autres années.

«En raison de cette déception, plusieurs membres de notre équipe sont de retour. Dans un sens, cette course crève-cœur nous hante encore un peu. L'âge moyen de notre groupe est plus vieux, mais la motivation et le désir de surpassement sont énormes», a raconté Morin qui se débrouille aussi en Allemand.

En plus de l'objectif de savourer une première médaille olympique, Morin a la chance de disputer les compétitions au mythique Centre d'aviron d'Eton Dorney. Le huit féminin se présentera sur ce site revampé avec une approche fort différente de celle des Jeux de Pékin.

«Maintenant, c'est très réaliste de viser la plus haute marche du podium étant donné qu'on chauffe de plus en plus les Américaines. C'est une différence énorme par rapport à mes premiers Jeux à Athènes (septième position) alors qu'on savait qu'un podium aurait été un miracle», a précisé l'athlète de cinq pieds 11 pouces et 160 livres en entrevue au RDS.ca.

D'ailleurs, Morin et ses partenaires ont obtenu la médaille d'argent en terminant à trois centièmes de seconde des États-Unis à la Coupe du monde d'aviron de Lucerne, en Suisse.

Cette compétition permettait au huit canadien de renouer avec l'action de belle façon.

«C'est toujours stressant une première Coupe du monde quand ça fait huit mois qu'on n'a pas vraiment fait de compétition. Avoir ce genre de déroulement où l'on se sent vraiment en contrôle de la course, c'est un très bon feeling pour commencer la saison olympique», avait déclaré Morin à Sportcom après cette épreuve.

Bien entendu, le travail acharné s'est avéré l'une des clés de la progression canadienne, mais l'aspect financier a permis un virage important.

«Le contexte a beaucoup a changé au cours des huit dernières années, on dispose de plus d'argent en vertu du programme À nous le podium. On a mis l'accent sur la biomécanique, on reçoit aussi les conseils d'une nutritionniste et d'une psychologue sportif en plus de miser sur un excellent entraîneur qui vient de l'Australie (John Keogh)», a justifié Morin.

Si passionnée par son sport, il est surprenant d'apprendre que le rêve olympique de Morin a commencé très loin de l'eau et de l'aviron. En effet, elle a dû abandonner le ski de compétition à la suite d'une importante blessure subie à la jambe droite.

«J'étais surtout attirée par le ski et j'ai commencé à songer aux Olympiques en regardant Kerrin Lee-Gartner (médaillée d'or à Albertville en 1992). Les images des Jeux d'hiver sont aussi fortes pour moi surtout que j'ai un peu grandi avec Erik Guay et les skieurs québécois sans atteindre leur niveau», a dévoilé celle qui a enregistré les compétitions des Jeux de Vancouver pour les regarder après une semaine d'examens à l'université.

Une après-carrière prometteuse

Après avoir complété son école secondaire, Morin a pris une décision qui a eu d'énormes répercussions sur son cheminement. Elle a décidé d'éviter l'option du CÉGEP afin de poursuivre ses études aux Etats-Unis.

«J'étais déjà une grande sportive et j'avais besoin d'un environnement sportif ce que je ne voyais pas au CÉGEP. J'ai donc quitté pour un prep school américain et j'ai excellé au côté académique parce que c'est très enrichissant de se retrouver 12 élèves par classe.

À partir de là, j'ai eu l'occasion d'aller à Princeton. Pour moi, c'était très important de jumeler l'école et le sport. En cas d'une blessure, je peux me replier sur une autre chose que j'adore», a expliqué celle qui est surnommée amicalement French Fry par ses coéquipières en tant qu'unique francophone de l'équipe.

Morin poursuit maintenant son trajet scolaire en droit à l'Université de Montréal ayant songé à cette avenue en effectuant un travail sur l'éthique et l'économie à Princeton. Elle a ensuite découvert un créneau très attirant à ses yeux.

«J'ai touché au litige en travaillant dans des cabinets d'avocats à l'été 2009. J'ai adoré cette expérience, mais je réalise que mon identité olympique est une grande partie de qui je suis donc je souhaite prend ce bagage et l'intégrer dans un mode juridique. Je ne sais pas encore comment exactement, mais je songe peut-être à quelque chose relié à l'arbitrage sportif», a noté la sportive d'une grande gentillesse.

Afin d'accomplir ses nombreuses missions à l'extérieur de son sport, Morin suggère aux autres athlètes de ne pas hésiter à prendre une pause de leur discipline.

«Ce fut une bonne chose de prendre une pause après une année olympique, ça permet de pousser au niveau académique. Dans un sport d'endurance, c'est bénéfique de le faire et les jeunes athlètes le ne réalisent pas toujours», a déclaré Morin.

Son expérience lui permet d'exercer un certain leadership auprès des athlètes moins âgés et elle apprécie discuter avec eux des multiples possibilités reliées à leur sport.

En tant qu'athlète, Morin vise évidemment le sommet et cette philosophie se transporte aussi dans sa carrière d'avocate dans le milieu du sport. Voilà pourquoi elle aimerait retourner travailler pour le Comité international olympique.

«J'ai adoré mon été 2005 au CIO où j'ai découvert cette passion de la gestion sportive», a conclu l'athlète polyvalente.