S’il ne devait y avoir qu’un seul marathon à suivre en 2017, un seul, ce serait celui de Berlin le 24 septembre prochain. Le parcours de ce prestigieux marathon allemand est reconnu pour être un des plus rapides de la planète. Ce n’est pas un hasard si six records du monde ont été battus à Berlin au cours des dix dernières années.

Mais ce qui fait de l’édition 2017 un incontournable, c’est qu’une véritable constellation des meilleurs coureurs du moment seront présents et que le record du monde (2h 2min 57sec) sera probablement à nouveau fracassé. C’est en tout cas l’intention avouée du champion olympique, le Kényan Eliud Kipchoge, qui sera l’homme à battre dans la capitale allemande

En plus de Kipchoge, 32 ans, les organisateurs pourront se vanter d’accueillir à leur marathon l’Éthiopien Kenenisa Bekele, 35 ans,  et le Kenyan Wilson Kipsang, 35 ans également.  Cela veut dire que les trois meilleurs marathoniens des récentes années seront là puisque Bekele est le deuxième homme le plus rapide de l’histoire sur la distance et que Kipsang est un ancien détenteur du record mondial. Il est rare de voir autant de talent au même endroit lorsqu’on sait à quel point ces grands athlètes préfèrent bien souvent s’éviter dans les compétitions internationales pour ne pas avoir à partager la gloire de la victoire et, surtout,  la bourse du vainqueur.

Même si on ne peut présumer de rien et qu’il est impossible de prédire qu’un record sera battu, les planètes semblent bien alignées pour que cela se produise. Eliud Kipchoge est dans une forme exemplaire.

Eliud KipchogeSouvenez-vous, c’est cet homme qui était venu bien près en mai dernier de franchir la barrière idéologique du deux heures au marathon grâce au projet Breaking2 de l’équipementier sportif américain Nike (2h 00min 25sec). Il détient donc le record du monde pour la course de 42,2 kilomètres la plus rapide de l’histoire, une performance qui n’a toutefois pas été homologuée par la Fédération internationale d’athlétisme puisque Nike avait enfreint plusieurs règles, notamment avec l’utilisation des coureurs reposés se relayant pour servir de lièvre à l’avant du peloton.

Kipchoge, qui touchera beaucoup d’argent de ses commanditaires s’il devait battre le record du monde, aura de quoi se motiver puisque ses deux principaux adversaires sont également en forme et ont eux aussi avoué vouloir battre le record. 

Kenenisa BekeleLe premier est Kenenisa Bekele, un coureur de fond de légende (le plus grand à mon avis). Il détient les records du monde aux 5 000 mètres et 10 000 mètres. Son passage au marathon en 2014 était très attendu et il n’a pas déçu en 2016 en enregistrant le deuxième chrono le plus rapide de l’histoire, justement à Berlin (2h 3min 3sec). Il fallait toutefois lui voir le visage à l’arrivée pour comprendre qu’il n’avait pas atteint son objectif d’établir une nouvelle marque. Il est affamé et veut prouver à tous qu’il est le meilleur.

Wilson KipsangLe second, Wilson Kipsang, est un ancien détenteur du record mondial. Il avait réalisé l’exploit, devinez où, à Berlin en 2013 (2h 3min 23sec). Son meilleur chrono à vie fut réalisé l’année dernière sur le tracé allemand alors qu’il avait terminé deuxième, dix secondes derrière Bekele.

Dire que Kipchoge est motivé pour cette course est un euphémisme. Un triomphe à Berlin avec un record mondial en prime est l’ultime reconnaissance dont il a besoin pour être considéré comme le plus grand marathonien de l’histoire. Pour le moment, son meilleur chrono est de 2h 3min 5 sec, à seulement sept petites secondes du record mondial.

Les trois hommes se sont astreints à une préparation intensive, voire infernale. Kipchoge, par exemple, a couru plus de 200 kilomètres lors de certaines semaines d’entraînement. Ils ont tous les trois raté le plus récent Championnat du monde d’athlétisme, préférant garder leurs énergies pour la course du 24 septembre.

Mais pourquoi le parcours de Berlin est-il si attrayant pour ces coureurs élites? C’est qu’il est réputé être très rapide. Il est plat et compte peu de virages serrés.  Aucune côte ne vient briser le rythme des coureurs. La température y est habituellement fraîche (10 à 15 degrés Celsius) et le vent souffle rarement trop fort. D’excellents coureurs sont embauchés par les organisateurs pour agir à titre de lièvres et dicter un rythme infernal jusqu’au trentième kilomètre. 

Ajoutez à cela que le mot se passe entre coureurs élites et que l’esprit de compétition les pousse à opter pour des courses rapides plutôt que tactiques.

Alors, qui remportera ce marathon? Mon petit doigt me dit que ce sera Kipchoge et qu’il atteindra son objectif d’établir une nouvelle marque mondiale. Il est bavard ce petit doigt puisqu’il me mentionne également que je ne serais pas surpris  de voir Bekele ou Kipsang terminer plus rapidement que le record actuel, mais derrière Kipchoge. Ces trois coureurs sont habitués à la pression, le spectacle n’en sera que meilleur.