Le Canada pourrait bientôt modifier sa stratégie de financement « À nous le podium », qui vise à financer les athlètes les plus susceptibles de gagner des médailles aux Jeux olympiques et paralympiques.

Le ministère du Patrimoine canadien, responsable de Sport Canada, a publié jeudi un rapport sur la révision de sa stratégie de « recherche de l'excellence », qui axe le financement aux athlètes en fonction de leurs chances de remporter des médailles.

Depuis la mise en place de cette stratégie, il y a une douzaine d'années, le Canada a connu ses meilleurs Jeux d'hiver à Vancouver en 2010 - avec 26 médailles, dont 14 d'or. L'an dernier, aux Jeux d'été de Rio, le Canada a fait très bonne figure avec ses 22 médailles, dont quatre d'or.

Le gouvernement fédéral - donc les contribuables - est le plus important soutien financier du développement des athlètes amateurs, en injectant environ 200 millions $ chaque année. Le programme « À nous le podium » formule ses recommandations pour le versement de 70 millions $ - dont 6 millions $ proviennent du Comité olympique canadien - aux fédérations sportives dont les athlètes présentent de très bonnes chances de médailles.

Le rapport de Patrimoine Canada conclut que cette stratégie a porté ses fruits mais la moitié des athlètes olympiques interrogés estiment que le système devrait être grandement « revu et corrigé ».

Certains reprochent au programme « À nous le podium » de ne pas permettre le développement à moyen terme d'un athlète. Car le financement aux fédérations est réévalué chaque année, et peut donc être retiré d'une année à l'autre, en fonction des performances des athlètes. Ainsi, l'équipe nationale de skeleton a reçu 3,5 millions $ en quatre ans en vue des Olympiques de 2014, mais son financement a été réduit à 386 000 $ les trois années suivantes.

Le rapport recommande donc que le financement d'« À nous le podium » soit garanti pour plus d'une année.

La ministre des Sports et des Personnes handicapées, Carla Qualtrough, estime que les athlètes ne devraient pas subir cette pression indue - des mauvaises performances peuvent avoir une incidence sur le gagne-pain de leur entraîneur dans six mois.

Le rapport, rédigé par la firme de consultants en gestion Goss Gilroy, d'Ottawa, parle aussi d'une confusion dans l'état-major du sport amateur au pays. On ne sait pas très bien qui est responsable de prendre les décisions en matière d'excellence, alors qu'aux États-Unis, par exemple, c'est le Comité olympique américain qui gère le programme d'excellence, lit-on dans le rapport.

On souligne aussi un manque de ressources pour former la relève de ces athlètes de haut niveau.

Le gouvernement libéral a déjà promis une somme de 5 millions $ par année, pendant quatre ans, pour le programme « Prochaine Génération », pourvu que le programme « À nous le podium » puisse recueillir un montant équivalent en contributions extérieures.