Courir au son de la cornemuse
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 21:19 mardi, 23 avr. 2013. 18:47Me voici à Édimbourg, en Écosse. Au moment où j’écris ces lignes, je viens tout juste de terminer le demi-marathon Rock’n Roll de la célèbre capitale écossaise. J’y suis avec les participants québécois de Team In Training, dont je suis le porte-parole depuis un peu plus de 4 ans.
Il m’est impossible de décrire en mots les beautés médiévales de la vieille ville (Old Town) où se déroulait une bonne portion de la course et où se trouve mon hôtel. Pour un amoureux de l’Histoire comme moi, Édimbourg est un véritable coffre au trésor. Partout, de vieilles ruines, de vieilles rues pavées de pierres plusieurs fois centenaires et de larges places où s’installent les marchands. Mais surtout, le château! Ah, le château!
C’est lui qui se remarque et se voit dès qu’on arrive dans la vieille ville. Un château du XIIe siècle perché au sommet d’une colline et d’où descend l’artère principale qui délimite l’ancienne cité (Royal mile). À l’intérieur du château se trouvent les bijoux de la couronne. C’est un incontournable arrêt pour tous les nombreux touristes qui visitent l’immense forteresse. Je suis là pour vous témoigner que c‘est un must!
La course
Courir en Europe avec un décalage important (5h) n’est pas toujours évident. Le départ de la course de 21,1 km était à 9h10 et, pour être certain d’être prêt, j’avais placé mon cadran-réveil à 5h. Lorsqu’il sonne, 3 petites heures après m’être finalement assoupi, tout mon corps semble me rappeler qu’il n’est que minuit au Québec et donc beaucoup trop tôt pour me lever. Peu importe, la fatigue n’est pas un obstacle tellement l’excitation est grande de participer à cette épreuve unique.
Après un déjeuner léger, je rejoins les autres participants de TNT dans le lobby de l’hôtel à 7h30. De là, nous marchons une vingtaine de minutes jusqu’au départ qui sera donné sur Queens Drive, près de l’immense Holyrood Park. Des centaines de coureurs se massent déjà devant les montagnes volcaniques majestueuses qui forment une partie du parc. Le temps est froid (12 degrés), il pleut beaucoup et un vent terrible souffle. Je me demande même si les organisateurs ne songent pas à annuler l‘événement tellement les conditions sont extrêmes.
Les longues minutes qui précèdent les départs me semblent toujours interminables. C‘est encore plus vrai sous la petite tente blanche où se cachent tant bien que mal les coureurs de TNT en essayant de se garder au chaud! Après des mois d’entraînement, on ne demande qu’à entendre le pistolet de départ. Je passe le temps en discutant et encourageant les participants de TNT.
Vient finalement le moment tant attendu et maintes fois imaginé dans ma tête. Le décompte des dix dernières secondes et le départ de cette course de 21,1 km dans les rues d’Édimbourg. C‘est sous une pluie torrentielle et à travers de fortes bourrasques de vent que je pars. Mes chaussures et mes vêtements sont déjà complètement trempés. C’est au son de la chanson We will rock you jouée à la cornemuse (faut entendre ça une fois dans sa vie) que je m’élance et tente de me frayer un chemin parmi les très nombreux coureurs. Je me concentre pour ne pas chuter tellement c’est la cohue.
La portion la plus difficile du parcours est située entre le 7e et le 12e kilomètre. Une montée de 5 kilomètres. Je réduis mes foulées et augmente ma cadence. La pluie me fouette le visage et la grêle s‘en mêle. Le vent me fait presque faire du surplace! J’ai les poumons qui brûlent. J’essaie tout de même de continuer d’admirer le paysage qui s’offre à moi. Je longe à ce moment l’estuaire du splendide fleuve Forth avant de revenir vers la vieille ville en passant à côté du club de golf de Duddingston, fondé en 1895.
Après un kilomètre calme pour reprendre mon souffle, je ne suis pas au bout de mes peines. Ça monte encore sur près de 800 mètres à partir du 13e kilomètre! Je puise dans mes énergies et tente de garder un moral tout ce qu’il y a de positif. Je pense à ma famille, à mes collègues et, surtout, à tous ceux qui comme moi portent un chandail mauve sur le parcours. Le chandail de Team In Training. Je sais la signification de cette course pour eux.
Le dernier tiers du parcours est absolument magnifique. On se promène dans les rues de la vieille cité, tout cela sous le regard du château d’Édimbourg. Après être passé devant mon hôtel sur Grassmarket, j’aperçois Meadows Park au 16e kilomètre. C’est un vaste terrain de pelouse où évoluent des équipes de cricket et de rugby.
Au 17e kilomètre, je suis sur Buccleuch Street. J’aperçois les bâtiments de l’université d’Édimbourg. La fondation de ce haut lieu historique et de savoir remonte à 1583. L’université possède plus d’étudiants que n’importe quelle université écossaise.
Près d’un kilomètre plus loin, je suis sur The Mound, un lieu très particulier. Il s’agit d’une colline artificielle en plein centre d’Édimbourg et qui uni l’ancienne et la nouvelle cité. The Mound fut créé à la fin du XVIIIe siècle en vidant le contenu de plus d’un million et demi de charrettes pleines de terre recueillie en creusant les fondations de la nouvelle ville. Tout ça à bras! Le musée d’art national d’Écosse s’y trouve et je me promets de venir le visiter plus tard.
J‘avais bien étudié le dénivelé du parcours et même inscrit la localisation des côtes sur mon avant-bras gauche. Ainsi, rendu à 19,4 km, je savais que ça descendait jusqu‘à la fin. Je regarde mon chrono et comprends qu‘en maintenant une moyenne de 4 minutes/kilomètre je peux terminer en 1h45. Je donne tout ce que j‘ai et puise dans mes dernières ressources près du palais de Holyroodhouse là où les rois d‘Écosse et d‘Angleterre logent depuis 500 ans. Je termine en 1h45, complètement vidé et, surtout, trempé. Mais tellement fier de moi. Je suis 699e sur plus de 5500 coureurs.
Après avoir attendu près d‘une heure pour réussir à mettre la main sur mon sac de vêtements, je peux enfin immortaliser le moment en demandant à un passant de me prendre en photo avec ma médaille et mon dossard. Pas évident cependant avec le vent! C‘est la photo qui coiffe cet article.
Il s’agissait de mon septième voyage avec l’organisation de Team In Training. Après les marathons ou demi-marathons de San Francisco, Paris, Alaska, Rome, Hawaii et San Diego, cet arrêt écossais fut encore une expérience réussie. Je ne répèterai jamais assez l’utilité de ce que fait Team In Training. Je ne remercierai également jamais assez la belle équipe de TNT dirigée par Janet Lough et son bras droit Tara Sandler. L'argent amassé par tous les participants va directement en aide aux patients atteints de cancers du sang. En plus d’encourager la recherche médicale pour trouver un remède à cette maladie, l’action de Team In Training aide les patients et leurs proches dans l’épreuve. Les participants de TNT sauvent des vies un pas à la fois.
Je vous laisse maintenant car je crois voir qu‘il me reste encore suffisamment d‘énergie pour aller grimper les montagnes de Holyrood Park. D‘autres participants vont se joindre à moi. Lorsque nous aurons réussi l‘ascension de la plus haute, nous pourrons brandir nos médailles avec fierté et dire que nous avons vaincu!
Quelle belle aventure tout cela aura été. Go TEAM!
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Petite note culinaire en terminant. J‘avais entendu parler avant de partir du met national écossais. Le haggis! On en vend partout! J‘y ai goûté par curiosité professionnelle au déjeuner. Il se compose de cœurs, de foies et de poumons de mouton hachés, mélangés à des flocons d‘avoine et à de la graisse de rognon avant d‘être bouilli dans une panse de mouton. Ce plat s‘accompagne de neeps and tatties (purée de rutabaga et pomme de terre), de boudin noir, de bacon, de saucisses, de fèves et d‘oeufs. Une bouchée de haggis fut suffisante pour décider que ça ne deviendrait pas mon met national et que ce n‘était pas le déjeuner à prendre avant de courir!