Je sors de mon mutisme estival pour vous raconter mon dernier périple de course à pied. Étonnamment, la Gaspésie était la seule région du Québec où je n‘avais pas encore mis les pieds. J‘en avais beaucoup entendu parler cependant et les nombreuses images que j‘avais pu en voir de même que les commentaires reçus me laissaient présager des choses formidables. J‘enviais les coureurs qui pouvaient évoluer dans pareils décors.

Après 42 ans le moment était venu de mettre un terme à l‘attente et d‘aller fouler le sol gaspésien. Tout cela se ferait, bien sûr, accompagné de ma petite famille. Une autre famille amie, les Bilodeau, nous accompagnerait, question de rendre le voyage encore plus agréable.

Une planification rigoureuse était requise. J‘avais l‘intention de courir dans plusieurs villes et villages. Certains incontournables. Puisque nous n‘avions qu‘une semaine pour parcourir plus de 2100 kilomètres, nous avons opté pour l‘installation quotidienne de nos pénates dans des campings! Voilà une autre activité que je connaissais bien mal et que je me suis plu à découvrir et apprécier.



Mon ami, Dominic St-Cyr, un des directeurs de VR St-Cyr à Beloeil, allait m‘être d‘un grand secours. Dès la première rencontre, il me propose de voyager avec un motorisé de 31 pieds équipé d‘extensions doubles pour que mon épouse, mes trois enfants et moi puissions découvrir la Gaspésie dans le plus grand confort. Je pourrais facilement prendre une douche après mes courses (WOW). Même chose pour ma conjointe qui est en entraînement pour un demi-marathon. Je vous annonce tout de suite que j‘ai adoré cette façon de voyager. Se retrouver dans ses affaires malgré les longs déplacements est une grande chance et un luxe précieux!

C'est donc avec beaucoup de fébrilité que nous quittons notre domicile sur la Rive-Sud de Montréal pour entreprendre notre long périple. La première journée nous mènera jusqu'au Parc National du Bic un peu avant Rimouski. Officiellement, nous ne sommes pas encore en Gaspésie mais nous souhaitons prendre du repos après six heures de route.

Je n‘attends pas d‘être en Gaspésie pour courir puisque le Parc National du Bic offre des parcours pédestres en forêt absolument magnifiques. Je m‘en voudrais de rater cela. J‘aurai cependant à peine le temps de faire 6 kilomètres avant de devoir me mettre à l‘abri d‘une averse terrible. Je suis complètement trempé. Le terrain où nous avons installé le motorisé se transforme soudainement en petite rivière. J‘aurai au moins eu le temps de me délier les jambes!



Notre deuxième escale se fera à Mont-Louis. Pour s'y rendre, nous entrons officiellement en Gaspésie à Sainte-Flavie. Tout au long du chemin, je ne cesse de pousser des "hoooo" et des "haaaa" tellement le paysage est magnifique. Nous profitons de la pause du dîner pour nous arrêter à Cap-Chat et visiter le Parc éolien Le Nordais 76 éoliennes y sont installées dont la plus grosse éolienne à axe vertical au monde. 110 mètres de haut. Vraiment très impressionnant.



Toujours à Cap-Chat, je joue au "groupie" en me faisant poser devant le garage Jean et R. Michaud. Il est la propriété du père de mon chanteur québécois préféré, Patrice Michaud Je lui fais d‘ailleurs suivre la photo. Il trouve cela bien drôle. Patrice revient à Cap-Chat dès qu‘il en a l‘occasion. À voir les paysages de son coin, je comprends encore mieux les textes de ses chansons et les monologues de ses spectacles.

Nous arrivons finalement à Saint-Maxime-du-Mont-Louis en fin d‘après-midi. Le décor de ce petit village de 1100 habitants semble tout droit sorti d‘un film. Tout y est beau. Le petit port et la plage reposent au fond d‘une baie magnifiquement abritée par les montagnes. Le vent qui souffle du large me rappelle celui de mon enfance, à l‘île d‘Orléans.



J‘aurai grand plaisir à découvrir ce village en courant. Ma sortie se terminera d‘une façon plutôt particulière puisque j‘aurai le réflexe de m‘arrêter très rapidement à l‘épicerie du village pour y acheter deux bouteilles de vin pour le repas du soir. Je ferai les trois derniers kilomètres avec les bouteilles dans les mains pour rejoindre le camping Parc et Mer. Les vieux pêcheurs qui me regardent passer rigolent. Ils en ont vu beaucoup dans leur existence, mais probablement jamais un joggeur avec ce type de boisson désaltérante!

Certains habitués de la Gaspésie m‘avaient prévenu que la route menant à Percé était très vallonnée. Les côtes y sont nombreuses et redoutables, surtout pour un gars comme moi au volant d‘un gros motorisé! Ils ne croyaient pas si bien dire. Alors que je négocie d‘énormes montées et d‘impressionnantes descentes, je revois le sourire en coin du pompiste à Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine lorsque je lui avais demandé, une heure plus tôt, si la réputation des côtes à venir n‘était pas un peu exagérée. Je vous confirme que ce n‘est pas le cas!



Encore une fois, le paysage est absolument époustouflant. Un monde de beauté. J‘aperçois enfin, pour la toute première fois de ma vie, le rocher Percé. Il est beaucoup plus imposant que je ne le croyais. De notre emplacement, au terrain de camping, nous le voyons à son meilleur. J‘imagine facilement les réactions de tous ces explorateurs anciens qui découvraient cet énorme monument de pierre de même que l‘île Bonaventure. Difficile de rester insensible à cela!



Ma course à Percé sera à l‘image de toutes mes courses en Gaspésie. La découverte de ces nouveaux décors fait en sorte que les minutes et les kilomètres s‘enchaînent sans effort. Pour moi, il n‘y a pas de meilleure façon de découvrir un nouvel endroit qu‘en enfilant mes chaussures de course. Percé est une ville très touristique. Ils sont d‘ailleurs nombreux à déambuler dans les rues.

J'avais très hâte de me retrouver à Carleton-sur-Mer, dans la Baie-des-Chaleurs. J'avais déjà eu l'occasion d'écrire un blogue sur le marathon de l'endroit J‘avais, entre autres, été charmé par les photos des paysages. Je voulais courir là! Un incontournable. J‘avais également eu l‘occasion de me lier d‘amitié avec une des responsables de la course, Maryse Tremblay.



Dans tous les cas, la beauté des paysages et la gentillesse de Maryse, je n'ai pas été déçu. Quelques heures après nous être installés au camping municipal niché directement sur un bras de mer, Maryse et son conjoint, David Comeau, viennent nous chercher en voiture pour nous "grimper"jusqu'au sommet du Mont Saint-Joseph Un site d‘observation y a été installé à 555 mètres d‘altitude. Malgré le temps couvert et brumeux, la vue qui s‘offre à nous est saisissante. Par temps clair, me dit David, on peut voir jusqu‘au Nouveau-Brunswick. La vieille chapelle vaut également le coup d‘oeil.

La photo qui coiffe mon texte est celle me montrant courant à Carleton-sur-Mer. Elle fut prise par ma fille, Rosalie. Elle résume bien la magnificence du décor. Il était 6h30 le matin et le soleil venait de se lever. Quel plaisir j‘ai eu à courir ce jour-là. Je pouvais imaginer le bonheur et la grande joie des participants du marathon de la Baie-des-Chaleurs (21k, 10k et 5k également offerts) qui en sera à sa deuxième édition le 1er juin 2014.



En quittant Carleton-sur-Mer, nous nous arrêtons au village suivant, à Saint-Omer. J‘avais entendu parler du casse-croûte O‘Migoua qui servait, selon les dires de plusieurs touristes, le meilleur club sandwich au homard du Québec. Malgré l‘heure matinale, l‘équipe à Ernest me préparera le fameux sandwich pour que je puisse l‘apporter avec moi et le déguster plus loin dans une halte routière. Si je tenais une critique culinaire, je dirais que ce club-sandwich au homard était proche de la perfection!



Avec regret, nous quittons la Gaspésie. Difficile de vous résumer toutes mes courses. Nous nous arrêterons également à l'Islet-sur-Mer sur le chemin du retour et je découvrirai le paisible village en joggant. Le coucher de soleil sur le fleuve est magnifique. Nous en profiterons également pour visiter en famille le superbe Musée Maritime du Québec. Je vous le recommande fortement. Une belle découverte.

Me voici maintenant de retour à la maison après notre long et rapide périple. C‘est avec beaucoup de bonheur que je pense à ce voyage. Je constate toutefois qu‘une semaine, c‘est loin d‘être suffisant pour apprécier un aussi grand territoire et l‘accueil des Gaspésiens. Je me promets assurément d‘y retourner bientôt. Rarement aurai-je eu autant de plaisir à courir que lors de ce voyage.

Pour l‘instant, je retourne à mon mutisme estival! Voilà pour mes nouvelles. On se revoit le 10 septembre prochain, en ondes au 5à7. Bonne fin d‘été et des salutations particulières aux gens de la Gaspésie.