SHERBROOKE - Eugenie Bouchard est la tête d'affiche du tennis québécois, mais une belle relève se fait les dents actuellement aux Jeux du Canada.

Dans peu de temps, peut-être que les noms de Marie-Alexandre Leduc et de Hugo Di Féo seront tout autant familiers des amateurs de sport que l'est celui de Bouchard.

Après tout, il y a quatre ans, Bouchard était elle-même une participante des Jeux du Canada, à l'Ile du Prince-Édouard. La surdouée de Westmount s'était pointée à Charlottetown après le début de la compétition parce qu'elle avait pris part aux qualifications de la Coupe Rogers. Elle n'avait pas pu prendre part au tournoi en simple.

Leduc a à peu près le même âge, 15 ans, que Bouchard avait en 2009. Mais de là à avancer qu'elle suivra ses traces, attendons voir. N'est pas Eugenie Bouchard qui veut.

« C'est sûr que j'aimerais faire comme elle, dit Leduc, en souriant timidement. C'est un modèle pour moi. »

« Eugenie est plus avancée au même âge, elle a toujours été parmi les meilleures chez les juniors, note l'entraîneure du Québec Caroline Delisle. Marie-Alexandre possède un beau potentiel, mais elle a son propre style. Je ne veux pas établir de comparaisons entre les deux. »

Leduc a pris part dernièrement aux pré-qualifications de la Coupe Rogers. Elle s'est inclinée à son premier match contre une Canadienne plus aguerrie.

« Ç'a été une bonne expérience », souligne l'adolescente native de Jonquière, au Saguenay.

Sa participation aux Jeux du Canada représentera pour elle une autre expérience enrichissante. Et en septembre, elle fera sa rentrée à temps plein au Centre national d'entraînement (CNE) de Tennis Canada à Montréal.

« Ce sera très bénéfique pour elle, mentionne Delisle, ancienne joueuse professionnelle également native du Saguenay. Elle sera bien encadrée et elle ira jouer en Europe. »

Di Féo, âgé de 18 ans, affirme que son passage de trois ans au CNE lui a permis de s'améliorer grandement.

« J'étais un joueur ordinaire à mon arrivée. J'ai vu une nette amélioration dans mon jeu à chacune des années. On met beaucoup l'accent sur la préparation physique. Je suis agile et vif sur le terrain, mais je me suis renforcé. Ç'a fait une grande différence. »

Le jeune Montréalais, qui n'oubliera pas de sitôt d'avoir été le porte-drapeau de la délégation du Québec au cours de la cérémonie d'ouverture, nourrit de grandes ambitions. Il se voit à la Coupe Rogers dans moins de quatre ans, au sein du groupe des 200 ou 300 meilleurs joueurs mondiaux.

« J'ai comme objectif ultime de faire partie du top-10 et d'essayer de gagner un tournoi du grand chelem », ajoute-t-il.

L'entraîneur Daniel Cloutier dit qu'il n'est pas loin le jour où il jouera dans la cour des grands.

« Sur le plan des aptitudes, il n'a rien à envier à beaucoup de joueurs qui gagnent actuellement leur vie sur le circuit professionnel, avance-t-il. Physiquement, il doit prendre du coffre, augmenter sa masse musculaire, parce qu'il est frêle. »

Cloutier dit qu'il est doté d'une vision du jeu exceptionnelle, qui lui rappelle celle qu'avait un dénommé Andre Agassi, ou le Belge Olivier Rochus.

« Il voit bien la balle et anticipe bien le jeu. Il joue tôt, comme on dit. Il utilise à son avantage la vitesse de ses adversaires, c'est comme ça qu'on joue sur le circuit professionnel. Il y a de la place pour des joueurs de petite taille comme lui qui sont très agiles. »

Mais Cloutier prône la patience dans son cas. Le passage des rangs juniors à seniors pour les garçons ne se fait pas en un claquement de doigts.

L'entraîneur a cité en guise d'exemple les cas de Bouchard et de Filip Peliwo, un autre participant aux Jeux du Canada de 2009 sous les couleurs de la Colombie-Britannique. Tous deux ont été sacrés champions juniors du tournoi de Wimbledon, l'an dernier - un doublé canadien historique. Un an plus tard, Bouchard cogne à la porte du top-50 mondial féminin tandis que Peliwo est 353e chez les hommes.

« La route est plus sinueuse pour les hommes. C'est plus compétitif, le bassin de joueurs est plus grand. »