Nous avons tous nos peurs. Elles nous servent à mesurer l’étendue de notre courage lorsque vient le temps de les confronter et de les vaincre. C’est ce que j’ai fait, vendredi le 14 mai dernier, en compagnie de mon collègue Yanick Bouchard dans le cadre d’un reportage pour le 4 à 7.

L’idée de départ est toujours la même. Découvrir un nouveau sport ou une nouvelle activité. Cette fois, nous avions opté pour de la décalade, un sport extrême qui gagne en popularité au Québec. Nous avions accepté l’invitation de Luc Maillette, président de l’Association Canadienne de Décalade et concepteur du Défi Ultime Génacol présenté à RDS.

La décalade est, comme son nom le laisse deviner, l’inverse de l’escalade. Il s’agit de descendre des parois verticales (édifices, murs, ponts, falaise, etc) en effectuant cette descente face contre terre. Pas toujours évident! Elle procure des sensations fortes et ne nécessite qu’une courte formation. Bref, facilement accessible à tous ceux qui cherchent à repousser leurs limites.

Luc et toute son équipe nous avaient donné rendez-vous à la Biosphère sur l’Ile Ste-Hélène. L’objectif n’était pas de faire de la décalade sur la structure métallique de l’ancien pavillon américain d’Expo 67, mais plutôt sur les bâtiments à l’intérieur de l’immense sphère. Déjà, c’est un peu moins haut!

Après quelques spectaculaires démonstrations de la part d’un des nombreux entraîneurs présents, vint le temps pour Yanick et moi de passer de la théorie à la pratique. Il faisait froid et le plancher du belvédère où nous nous tenions était glissant. La pluie, qui tombait sans discontinuer depuis le matin, venait juste de cesser. Par un triste hasard, j’ai la « chance » d’être choisi pour plonger le premier. Ca m’apprendra à ne pas avoir approfondi d’avantages mes connaissances à « roche-papier-ciseau ».

Je jette un coup d’œil en contrebas. Je n’ai pas le vertige, mais m’imagine mal enjamber la balustrade pour commencer ma descente parallèlement au sol. Après avoir fait quelques pas sur une planche de bois me menant au haut de la balustrade, je suis incapable d’amorcer ma descente debout. Je préfère m’assoir.



Commence alors une longue (interminable) période d’incertitude. Je suis incapable de me pencher vers l’avant. Je sais bien que je suis solidement attaché dans le dos, mais mon cerveau refuse de colliger les informations qu’il reçoit. Tout ce que je vois, c’est le sol, 5 étages plus bas. J’ai l’impression d’avoir la tête dans un étau. Je porte un lourd casque muni d’une caméra qui filme les expressions de mon visage. J’ai peur!

On me conseille de pencher la tête entre mes genoux puis de pousser pour placer mon corps dans la position désirée. Ma main gauche s’agrippe à la rambarde de la terrasse et refuse de lâcher. Ma main droite serre la corde qui m’entoure et au long de laquelle je dois me laisser glisser, tête première, vers le sol. Je vois Yanick près de moi. Il est nerveux. Il comprend mon désarroi, il sera le prochain.



Je parviens finalement à me pencher et à pousser. Puis, je fais quelques pas jusqu’à une poutre de béton. Je me retrouve parallèle au sol, prêt à me jeter plus bas. J’ouvre le poing droit et laisse filer la corde. Ca y’est! JE TOMBE. Le sol s’approche (trop) rapidement. Après quelques secondes seulement, et à quelques pieds du sol, je me freine en serrant la corde comme on me l’a enseigné.

C’est avec un bonheur immense que je pose les deux pieds au sol et que je reprends mon souffle. Je me sens comme l’indigène qui vient de traverser une rivière pleine de piranhas! Wow, quelle expérience grisante! On me dit que mes yeux trahissent mon état. Une surcharge d’adrénaline. Je suis surtout heureux d’avoir vaincu ma peur.

Après avoir livrés quelques commentaires à la caméra, je grimpe à nouveau les escaliers pour retrouver Yanick. Je décide de descendre à ses côtés. Maintenant que je l’ai fait une fois, ca devrait mieux aller.

Mon collègue est déjà assis, prêt à entreprendre sa descente. Je vois qu’il ressent les mêmes craintes que moi. Il demande souvent à ce qu’on s’assure qu’il est bien attaché. Malgré tout, il se penche vers l’avant et pousse pour marcher le long du garde. Je fais la même chose que lui. La vision a un petit quelque chose de surréaliste. Nous sommes très loin du confort douillet de notre studio.



Yanick et moi plongeons simultanément. Cette fois, je savoure vraiment le moment. Je freine juste au bon moment. Je jette un coup d’œil à Yanick. Il me confirme que c’est une expérience grisante. Il précise cependant qu’une fois sera suffisante! Il a eu sa dose d’émotions fortes.

On m’offre de faire d’autres descentes, mais je n’ai malheureusement plus le temps. Nous devons quitter pour aller animer le 4 à 7 une heure plus tard. Ce sera d’ailleurs encore un peu assommés et étourdis que nous amorceront l’animation de notre émission quotidienne. Notre découverte de la décalade nous aura permis de tester nos limites. Je comprends mieux pourquoi ce sport extrême séduit tant de gens.

Voyez ce reportage en cliquant ici.