Découvrez Joannie Rochette
Amateurs lundi, 14 déc. 2009. 10:30 mercredi, 11 déc. 2024. 10:28Les Jeux olympiques de Vancouver prendront leur envol dans deux mois et l'engouement se fait de plus en plus sentir à travers le pays. Afin de vous faire vivre cet enthousiasme de plus près, le RDS.
Les Jeux olympiques de Vancouver prendront leur envol dans deux mois et l'engouement se fait de plus en plus sentir à travers le pays. Afin de vous faire vivre cet enthousiasme de plus près, le RDS.ca vous propose une série d'entrevues à tous les dix jours avec des athlètes québécois prometteurs pour cet événement gigantesque.
L'équipe du RDS.ca a concocté un questionnaire unique pour que vous appreniez à connaître davantage ces athlètes. Après Dominique Maltais, Kim St-Pierre et Alexandre Bilodeau, voici la patineuse artistique Joannie Rochette qui a accepté de répondre à nos questions.
RDS.ca : Quel est ton ou tes objectifs pour les Jeux olympiques de Vancouver?
Joannie Rochette : J'espère me présenter à Vancouver reposée, sereine et dans un bon état d'esprit pour apprécier les Jeux. C'est une chose d'y aller et de réaliser ses objectifs mais ça ne vaut rien si on est incapable d'apprécier le moment. Au plan sportif, je vise bien sûr un podium.
RDS.ca : Quel est ton meilleur souvenir olympique et pourquoi ?
J.R. : Étrangement, mon meilleur souvenir n'est pas sur la glace. Il est plutôt survenu hors glace aux Jeux de Turin en 2006 alors que j'ai involontairement foncé dans Wayne Gretzky en essayant de m'introduire dans un aréna pour voir un match de hockey alors que j'avais pas de billet. J'avais réussi à entrer par la porte de derrière là où les joueurs entrent. J'étais entrée en courant et j'ai foncé dans la légende. Ça été l'occasion de le rencontrer même si j'ai pu avoir l'air niaiseuse. Il ne m'avait pas dénoncé et j'ai pu voir le match.
RDS.ca : Qui est ton athlète préféré(e) et pourquoi?
J.R. : J'ai beaucoup d'admiration pour Clara Hughes parce qu'elle a connu du succès dans deux disciplines. Elle fait des sports d'endurance qui sont très souffrants. Elle se lance un défi en pratiquant deux sports. C'est comme si elle était repartie à zéro avec un deuxième sport. Puis, elle a réussi à relever le défi.
RDS.ca : As-tu une ou des superstitions?
J.R. : J'essaie de ne pas en avoir mais j'avoue que je mets toujours mon patin gauche en premier. En dehors de ça, je n'en ai pas.
RDS.ca : Quelle est la (ou les choses) la plus importante dans ta préparation?
J.R. : L'entraînement sur la glace est le plus important. Je dois faire beaucoup de répétition et me reposer. J'ai fait cinq voyages en Asie cette année et la fatigue s'accumule. Il est donc important de bien me reposer. L'entraînement hors glace est important aussi. Dans le fond, ma préparation est faite de plusieurs choses.
RDS.ca : Quelle est la personne qui t'a le plus aidée dans ta vie pour atteindre les Olympiques?
J.R. : Sans aucune hésitation, ma mère. Mon père ma beaucoup aidé aussi mais c'était plus au niveau monétaire, alors que ma mère a toujours été présente dans mes joies comme lors de mes déceptions. Elle a surtout été là quand j'avais besoin de quelqu'un dans les moments plus sombres parce que lorsque ça va bien, c'est facile mais quand ça va mal, on se rend compte que les gens autour de nous sont importants.
RDS.ca : Quel athlète olympique aimerais-tu le plus rencontrer ou discuter avec à Vancouver et pourquoi?
J.R. : J'aimerais bien qu'Alex Kovalev fasse partie de l'équipe de la Russie au hockey et avoir la chance de le rencontrer. Ça ferait mon bonheur si Kovy était à Vancouver et je puisse le voir. Sinon, ce serait les joueurs de l'équipe de hockey du Canada comme Sidney Crosby, Martin Brodeur et Roberto Luongo. Comme je m'entraîne à St-Léonard, je patine souvent dans les arénas qui portent leur nom. J'ai déjà rencontré Roberto et j'ai même été à l'école avec son frère. Si je les rencontre à Vancouver, je vais essayer de me faire prendre en photo avec eux.
Dans un autre ordre d'idée, il y a quelques jours Bruny Surin m'a contacté pour aller manger afin de discuter de ma préparation parce que je devenais un peu stressée. Je me posais des questions sur ce que je faisais et j'avais besoin de l'avis de quelqu'un qui est déjà passé par là. Cette rencontre m'a fait du bien.
RDS.ca : Quel est ton meilleur souvenir en compétition?
J.R. : Ce sont les Championnats canadiens à London en 2005 parce que c'était un vrai test pour moi. J'étais alors deuxième au Canada et je cherchais à faire ma place et gagner devant les miens. Tout avait été parfait comme je l'avais imaginé dans mes rêves. J'avais reçu une belle ovation et je m'en souviens comme si c'était hier.
C'est plaisant de savoir que les Championnats canadiens cette année auront lieu encore une fois à London et chaque fois que je mets les pieds dans cet aréna, j'ai encore des frissons.
RDS.ca : Qui est ton ou ta meilleur(e) ami(e) dans le monde du sport?
J.R. : C'est difficile d'en nommer un seul. Si j'avais un partenaire, ce serait lui mais je dirais que ce sont les membres de l'équipe qui m'entoure : mon entraîneur, mon chorégraphe et mon psychologue sportif. Mais quand je suis sur la glace, la seule personne qui compte, c'est moi. Il faut que je sois ma propre meilleure amie. C'est important que je sois bien avec moi-même pour que je me sente complètement en confiance. Quand je suis sur la patinoire, personne ne peut rien pour moi.
Dans le monde du patin, mon meilleur ami serait Jeffrey Buttle.
RDS.ca : Quel a été l'élément déclencheur pour que tu rêves de te rendre aux Olympiques?
J.R. : C'est lorsque j'ai vu les Jeux olympiques de Lillehammer en Norvège en 1994. C'était la première fois que je voyais les Jeux à la télévision. C'était un beau moment lorsque l'Ukrainienne Oksana Baiul a gagné la médaille d'or. Je me souviens aussi qu'on encourageait Elvis Stojko, Kurt Browning et Josée Chouinard notamment.
Quand je voyais un athlète gagner, j'aimais voir sa réaction et j'ai alors découvert le côté glamour du patinage. Ça m'avait motivé.
Quand je suis allée aux Jeux du Québec à Granby, j'avais l'impression de vivre les mêmes sensations. Granby, c'était mes Olympiques.
RDS.ca : Comment ressens-tu la pression des Olympiques au Canada?
J.R. : Je la ressens cette pression mais ça n'affecte pas mon entraînement. C'est plutôt les distractions qu'il faut éviter à quelques semaines des Jeux. Parfois, c'est difficile de refuser des invitations parce qu'on a l'impression que les opportunités ne se représenteront plus. Il faut garder les yeux sur notre objectif et c'est peut-être le plus difficile à gérer.
Mais la pression, c'est sûr qu'on la ressent avec toutes les annonces que l'on voit à la télévision mais d'un autre côté, si on ne parlait pas de nous, on serait fâché.
RDS.ca : Quel sport olympique tu ne pratiquerais jamais et pourquoi?
J.R. : Le ski acrobatique, les bosses particulièrement. Je suis allée à Cypress Mountain en Colombie-Britannique l'an passé où se déroulait la Coupe du monde. J'ai vu Jennifer Heil et Alexandre Bilodeau en action et je trouvais que la pente était vraiment abrupte. Les bosses doivent être dures pour les genoux. À 40 ans, un ancien athlète dans ce sport doit s'ennuyer de sa jeunesse tellement ses genoux ont été sollicités. Puis, les acrobaties sur la neige me feraient peur.
RDS.ca : Quel sport olympique aurait été ton deuxième choix et pourquoi?
J.R. : J'aurais aimé le patinage de vitesse, que j'ai déjà essayé. Je suis assez fonceuse et je pense que j'aurais aimé ressentir l'adrénaline du courte piste. Je m'imaginerais au départ avec 14 autres filles.
Autrement, je n'ai jamais fait de ski alpin. Pour éviter les blessures, on m'interdit d'en faire mais après les Jeux de Vancouver, je veux l'essayer pour voir autre chose dans la vie.
RDS.ca : Raconte-nous le plus beau moment de ta carrière d'athlète?
J.R. : Les Mondiaux l'an dernier alors que je suis montée sur le podium. Ce n'était pas ma performance qui m'avait emballée parce que je savais que je pouvais faire mieux. C'était d'enfin mettre les pieds sur un podium de niveau mondial après 21 ans de travail. On dirait que ça me pesait sur les épaules parce que plusieurs personnes disaient que les Canadiennes n'étaient pas bonnes. Je voulais mettre fin à cette perception et j'en suis très fière. Si j'ai accompli seulement ça dans ma carrière, j'en serai très contente.
RDS.ca : Raconte-nous le moment le plus difficile dans ta carrière d'athlète?
J.R. : Lorsque j'ai subi une fracture de stress et que j'ai été dans l'obligation d'annuler une partie de ma saison. J'avais raté mes deux premiers Grand-Prix chez les seniors alors que j'aurais eu la chance de patiner contre mes idoles de jeunesse. C'est un peu comme rater son premier match dans la LNH.
RDS.ca : Quel est l'adversaire de ta discipline que tu respectes le plus et pourquoi?
J.R. : La Japonaise Mao Asada parce qu'elle patine très bien, sans doute mieux que les gars. Mao a beaucoup de pression dans son pays. Elle est toujours pourchassée par les paparazzi mais elle semble bien gérer la situation. Au Canada, la pression n'est rien par rapport à ce qu'elle vit.
RDS.ca : Que manque-t-il au Canada pour avoir plus de succès sur la scène olympique?
J.R. : Je trouve qu'on se débrouille déjà pas mal. On est dans un pays avec une population peu nombreuse contrairement aux États-Unis ou au Japon. Je pense que le Canada prône l'équilibre pour que l'activité physique serve à la santé alors que dans d'autres pays, le sport est une voie de sortie. Dans les pays communistes à l'époque, le sport servait à améliorer la situation des athlètes. Aux États-Unis, on cherche à tout donner pour connaître la gloire alors qu'au Canada même si tu es champion olympique, tu n'es pas certain de pouvoir en vivre une fois ta carrière terminée. Dans d'autres pays, ils s'entraînent comme des malades mais ils ont la certitude qu'ils auront un fond de pension s'ils gagnent.
Ce n'est pas la même culture au Canada et c'est peut-être la raison pour laquelle on n'est pas prêt à tout mettre nos oeufs dans le même panier. Personnellement, je poursuis mes études, même si j'ai pris une sabbatique pour les Jeux. Je suis réaliste parce que je sais que je vais devoir avoir une profession une fois ma carrière terminée. Au moins, je suis chanceuse parce que je pourrai participer à des tournées professionnelles à la fin de ma carrière. Au Canada, ça me prend un plan B pour les athlètes.
RDS.ca : Comment te décrirais-tu comme personne?
J.R. : Je suis une personne passionnée qui ne fait pas les choses à moitié. Que ce soit à l'école ou en patin, je me donne à fond. C'est peut-être pour cette raison que je ne suis pas ponctuelle. Quand je fais quelque chose, le temps n'existe plus.
RDS.ca : Tu entends poursuivre ta carrière jusqu'à quand?
J.R. : Après les olympiques, j'aimerais bien patiner professionnellement quatre ou cinq ans. Je suis déjà très contente d'où je suis rendue.
RDS.ca : Quel est l'aspect le plus difficile dans ton sport?
J.R. : Faire tous les éléments techniques qui sont très difficiles tout en gardant le sourire. Faut que ça paraisse facile. Des fois, les gens pensent que c'est facile et je trouve ça choquant parce que ça ne l'est pas.
RDS.ca : Comment réagis-tu quand les gens te reconnaissent?
J.R. : Quand je suis en legging à l'épicerie après un entraînement, je suis un peu gênée! Sinon, je suis très heureuse et les gens m'encouragent. Par exemple la semaine dernière, j'étais dans l'avion d'Air Canada à mon retour de Toronto. Les agents de bord m'ont reconnu et ils m'ont donné une étiquette à bagages avec une patineuse sur laquelle ils ont écrit un mot d'encouragement.
RDS.ca : Quel est le sport que tu iras regarder en priorité à Vancouver?
J.R. : Le patinage de vitesse en courte et longue piste. Le longue piste, ce n'est pas comme à la télévision. Sur place, on peut mieux apprécier la vitesse.
RDS.ca : Est-ce que tu seras davantage «dans ta bulle» ou tu développeras une grande camaraderie avec les autres athlètes durant les Jeux?
J.R. : Il y a souvent une grande camaraderie qui se développe dans la salle de l'équipe canadienne, tous sports confondus.
RDS.ca : Quelle est ta routine lors des journées de compétition?
J.R. : Après mon lever, je déjeune avant d'aller à l'entraînement. Je reviens à l'hôtel où je fais un dodo. Sur le décalage horaire, je prends une bonne douche pour me réveiller. Puis, je me maquille avant de me rendre à l'aréna.
RDS.ca : À quel âge et dans quelles circonstances as-tu commencé à pratiquer ce sport?
J.R. : J'avais 22 mois avec des patins à deux lames parce que mon père était l'entraîneur d'une équipe de hockey.
RDS.ca : Quelle autre passion possèdes-tu en dehors du sport pour décrocher?
J.R. : J'aime tricoter. Je peux même tricoter un foulard. Je fais aussi de la lecture, je vais jouer dans la neige et je vais pelleter ma voiture!
RDS.ca : Quel est l'endroit préféré que tu as visité dans le monde et pourquoi?
J.R. : Machu Picchu au Pérou. C'était beau et j'essayais d'imaginer comment les gens vivaient à l'époque.
RDS.ca : Si tu n'étais pas un athlète, que ferais-tu dans la vie?
J.R. : Probablement médecin. J'étais une personne très introvertie et gênée mais le patin m'a aidé à sortir de ma bulle, ce qui fait que j'irais peut-être en communication.
RDS.ca : Quel est le moment sportif, olympique ou non, qui t'a le plus marquée dans ta vie?
J.R. : La performance, que j'ai vue grâce aux archives, de la Roumaine Nadia Commenci aux Jeux olympiques de Montréal en 1976. Il y a aussi la victoire de l'Américaine Tara Lipinski, médaillée d'or aux Olympiques de 1998 à Nagano.