La 49e Finale des Jeux du Québec se déroulera du 1er au 9 août 2014 dans l’agglomération de Longueuil. Les Jeux du Québec ont la tradition de soutenir le sport amateur tout en étant un tremplin vers le sport d’élite, voire même professionnel. Mais que distingue le sport amateur du sport professionnel? Force est d’admettre que la distinction entre un athlète professionnel et un athlète amateur est plutôt mince d’un point de vue juridique. Une définition simpliste, mais utile est que les athlètes amateurs participent à des sports par vocation alors que les athlètes professionnels vivent de leur vocation et en tirent des revenus.

Mais au-delà de cet aspect, il y a évidemment la question de la responsabilité en ce que l’athlète, tant amateur que professionnel, a des obligations auprès de sa fédération et de son organisation sportive. Si l’une de ces obligations est violée, l’athlète amateur pourrait faire l’objet d’une sanction disciplinaire, et ce, tout comme l’athlète professionnel. Essentiellement, le statut de l’athlète se définit par sa situation économique et contractuelle. De telle sorte que l’athlète amateur ne peut jouir d'un statut professionnel s'il ne peut vivre de son sport.

Or, nul ne peut nier que l'athlète amateur apporte sa contribution à une association et même si cet engagement est purement moral, il existe un lien contractuel. Mais pourrait-on assimiler ce lien contractuel à une relation de travail? Habituellement, le droit du travail ne s'applique pas au sport amateur, mais il est pertinent de déterminer le lien de dépendance existant entre une association et un joueur amateur.

Pour ce faire, il faut d’abord saisir que sur la scène québécoise comme sur la scène internationale, le sport amateur sépare le sport universitaire des autres organisations sportives. Cette distinction est impérative en ce que les étudiants / athlètes amateurs dans les universités reçoivent souvent des bourses et d'autres formes de rémunération, ce qui pose une certaine confusion. À ce titre, nous ne pouvons ignorer l’impact potentiel des dossiers Ed O’Bannon et des joueurs de l’Université Northwestern sur le paysage sportif amateur. Il est vrai que le marché québécois est différent du marché américain, mais ces dossiers méritent tout de même d’être cités ici. La décision rendue le 26 mars 2014 dans le dossier Northwestern allègue que les joueurs reçoivent des bourses en plus d’être subordonnés à l'obéissance de règles et nécessairement, le temps qu’ils consacrent au sport est dévoué au profit de leur équipe. Cette décision indique que tous les critères d'une relation employeur/employé sont remplis y compris l'indemnisation, le contrôle de l'horaire de l'employé, le pouvoir discrétionnaire d'embaucher, de licencier ou de suspendre l'employé.

Or, cette décision a été portée en appel en avril dernier. En effet, l'université, quant à elle, allègue que les bourses athlétiques ne sont pas une forme de paiement en contrepartie de services rendus, mais bien une subvention attribuée aux joueurs. Elle précise que ces athlètes sont d’abord et avant tout des étudiants et que leurs efforts scolaires devraient être plus importants que ceux qu’ils déploient sur le terrain. Elle insiste également sur le fait que le jugement n’a pas tenu compte des conséquences pratiques d'une telle conclusion en ce que le statut employé/employeur mine l’essence même de l’université, c’est-à-dire l’éducation. Quoi qu'il en soit, cette situation est, encore à ce jour, nébuleuse, mais ce débat sème évidemment une importante réflexion sur le sport amateur lui-même.

Certes, nous constatons que la plus importante distinction entre le sport professionnel et le sport amateur est la nature de la relation contractuelle unissant les parties. La plupart des ligues sportives professionnelles offrent maintenant un contrat standard qui sert de contrat de travail entre les joueurs et les propriétaires tout en étant régi par une convention collective librement négociée.

Le statut d’employé de l’athlète professionnel n’est donc pas discutable. Il faut alors comprendre que l'athlète professionnel donne à l'organisation son temps, ses aptitudes physiques et techniques en plus des activités de représentation accessoires, et ce, en contrepartie d'une rémunération. De telle sorte que la différence entre l'athlète professionnel et l'athlète amateur n'est pas si contrastée puisque certains athlètes amateurs pourraient satisfaire à la définition même de l'athlète professionnel. Il n’en demeure pas moins qu’il existe une précieuse solidarité entre le sport professionnel et le sport amateur. Les deux priorisent une discipline de travail rigoureuse et le dépassement de l’athlète. Or, la principale distinction est l’implication financière qui en découle.

En vue de la 49e finale des Jeux du Québec, il importe de réfléchir sur les pratiques des sports amateurs et de valoriser des athlètes passionnés qui revendiquent un statut préservé d’exigences financières. Près de 3 300 athlètes de 19 régions du Québec se réuniront cette semaine pour défendre l’honneur et la beauté de leur sport. Encourager ces jeunes soutient non seulement le développement du sport amateur, mais favorise au surplus la relève sportive de nos athlètes d’ici. De là l’importance de promouvoir activement le sport amateur au Québec.