PARIS - Un avocat à l'emploi de l'organisme qui gérait l'athlétisme international lorsque celui-ci a commencé à recevoir de nouvelles informations indiquant l'existence d'un gigantesque problème de dopage en Russie a affirmé, mercredi, que le président du sport à l'époque a rapidement décidé d'accorder moins d'importance à la situation.

Le témoignage de Habib Cissé devant un tribunal de Paris a fait la lumière sur les premiers jours de ce qui est ensuite devenu la monumentale saga du dopage institutionnalisé en Russie.

En guise de réprimande pour le dopage systématique et le camouflage, des athlètes russes n'ont pu porter les couleurs de leur pays lors des derniers Jeux olympiques d'hiver. À ce jour, la Fédération russe d'athlétisme demeure suspendue.

Lors d'un procès pour corruption, Cissé, qui agissait à titre de conseiller juridique pour l'ancien président de la Fédération internationale d'athlétisme amateur (IAAF), Lamine Diack, a dit avoir entendu parler d'allégations de versement d'argent pour étouffer de possibles cas de dopage en Russie.

Cissé, l'un de accusés, a expliqué comment les améliorations dans la technologie des tests antidopage, à partir de 2009, ont permis de découvrir que le dopage sanguin était devenu un grave problème parmi les athlètes russes spécialisés dans les épreuves d'endurance.

« Il y avait une culture de dopage, a affirmé Cissé. Personne ne pouvait le nier. »

Mais plutôt que d'opter pour la ligne dure en guise de réponse qui aurait pu mener à la suspension de la Fédération russe d'athlétisme, Diack a ordonné une approche plus pondérée, « non-conflictuelle », pour éviter d'entacher le sport et l'IAAF, a déclaré Cissé au tribunal.

« Le président Lamine Diack a décidé de ne pas emprunter la route de la suspension », a-t-il lancé.

Des procureurs prétendent que pendant le règne de Diack à la présidence, de 1999 à 2015, la corruption est devenue monnaie courante au sein de l'IAAF et que des athlètes russes ont dû verser de l'argent pour retarder ou éviter des sanctions potentielles. Diack nie les accusations.

Âgé de 87 ans, Diack fait face à des accusations de corruption, de blanchiment d'argent et d'abus de confiance. Des procureurs affirment qu'il a, directement ou indirectement, sollicité 3,45 millions d'euros (5,24 millions $ CAN) d'athlètes que l'IAAF soupçonnait de dopage et qui ont versé de l'argent pour protéger leur nom et continuer de prendre part à des compétitions.

Cissé fait également face à des accusations de corruption. En cour, il a nié être intervenu dans le but de ralentir l'imposition de sanctions pour dopage à l'endroit d'athlètes russes.

Il s'est fait questionner au sujet d'une note que des enquêteurs ont saisie à son domicile et qui, affirment des procureurs, énumérait une liste de paiements versés. Il a qualifié la note de « tissu de mensonges » et dit n'avoir jamais été payé par des athlètes russes.

Cissé a aussi déclaré qu'il n'avait jamais eu de conversations avec Diack au sujet de la dissimulation de cas de dopage en retour de pots-de-vin.

« Ces histoires de paiements pour protection, elles étaient insensées, idiotes », a déclaré Cissé.

Diack devait témoigner plus tard mercredi.