VANCOUVER (PC) - Émilie Mondor a une décision à prendre. La meilleure spécialiste canadienne du 5000-mètres doit décider où mettre le tatouage olympique qu'elle compte acquérir.

"Ça va être à un bon endroit", dit avec un large sourire l'athlète de Mascouche qui vit et s'entraîne présentement à Burnaby, en Colombie-britannique.

"C'est quelque chose de très important pour moi."

Elle a déjà un tatouage à l'intérieur de sa cheville gauche qui rappelle la première fois où elle a accédé à une équipe canadienne. A l'intérieur de la cheville droit, c'est le no 15, un souvenir de son temps de 14:59,68 réalisé aux championnats mondiaux d'athlétisme à Paris l'an dernier, la première fois qu'une coureuse canadienne brisait la barrière des 15 minutes.

Les avantages de la solitude

Chose certaine, Mondor va choisir seule l'endroit où elle va placer son nouveau tatouage.

"Je préfère être seule avec moi-même", a-t-elle confié à l'occasion d'un rassemblement d'athlètes s'entraînant en Colombie-britannique en vue des Jeux d'Athènes.

"J'ai besoin d'être seule deux ou trois heures par jour afin de me concentrer sur mon corps. C'est probablement une raison pour laquelle je n'ai pas été blessée depuis 2000. Je suis rendue à un point où je connais tellement bien mon corps. Quand mon corps me dit c'est assez, c'est assez!

"Je m'entraîne maintenant tout le temps toute seule", poursuit la souple coureuse de 5'6" qui paraît beaucoup plus mince que les 120 livres qu'on lui attribue.

"Je trouve ça plus efficace. Et je ne fais pas d'étirements.

"J'essaie habituellement de ne jamais m'arrêter pendant une heure et demie. Je m'en vais dans la forêt et je cours le plus vite que je peux. Ça ne convient peut-être pas à tout le monde, mais moi j'aime ça. J'adore courir."

Ses méthodes d'entraînement ne sont peut-être pas orthodoxes mais elles ont produit des résultats et Mondor est actuellement classée 21e au monde. Elle affirme que ses résultats sont le fruit de ses entraînements en solitaire.

"Je ne suis probablement pas l'athlète la plus talentueuse mais je suis probablement la plus résistante", dit-elle

"C'est quelque chose que j'ai développé en m'entraînant seule. En groupe, c'est facile. Il faut être là. Quand on est seule, il faut se motiver. S'il fait moins-20 au Québec ou s'il fait zéro et qu'il pleut en Colombie-britannique, il faut aller courir quand même, et la seule personne qui va savoir si vous n'y êtes pas allée est vous-même."

Mondor demeure réaliste quand à son classement à Athènes.

"Mon objectif est de peut-être établir le record nord-américain qui est de 14:45. Si je termine parmi les cinq premières, même parmi les 10 premières, ça va être extraordinaire. Je crois possible de terminer parmi les cinq premières."

Mondor est surprise de commencer à être reconnue.

"Quand je retourne au Québec, des gens vont courir avec moi dans la rue, dit-elle en riant. Je n'avais jamais vu ça venir. C'est comme Rocky. C'est vraiment étrange."