TEHERAN (AFP) - Nasim Hassanpour, star de l'équipe iranienne aux 4e Jeux islamiques féminins, est l'unique femme à avoir représenté son pays aux JO d'Athènes, dans l'épreuve du pistolet à 10 m: Un peu par hasard car en Iran, les sportives aux ambitions internationales ont rarement le choix de leur discipline.

A 12 ans, Nasim était un grand espoir de la gymnastique. Mais les dénicheurs de talents du sport-études de Tabriz (nord-ouest), lui ont vite fait comprendre que les lois islamiques en matière vestimentaire lui interdiraient de rêver à des succès internationaux sur la poutre ou aux barres parallèles.

"C'est le tir qui m'a choisie, il y a un peu plus de trois ans", raconte la jeune femme de 21 ans, tchador bleu gris et énormes baskets aux pieds. "Je ne m'interessais pas à ce sport à l'époque parce que j'en avais une vision fausse. Mais je voulais réussir pour mon pays sur le plan international et j'ai décidé de m'y mettre."

Six mois plus tard à peine, elle intègre l'équipe nationale et découvre les exigences de sa nouvelle vie. Comme avant, elle doit courir, nager pour conserver un physique parfait et une concentration maximale. Par raison, elle finit par aimer son sport.

Piscines fermées

Vingt-sixième ou 27e aux Jeux d'Athènes -elle ne se souvient plus très bien-, elle rêve aux prochains Mondiaux où elle cherchera à se qualifier pour les JO de Pékin.

"Ce n'est pas facile pour les femmes en Iran d'accéder à un haut niveau sportif parce qu'on met très peu d'installations à notre disposition", poursuit Nasim. En tir, femmes et hommes peuvent se mélanger. C'est un énorme avantage."

Une chance que n'a pas Shokooleh Sadeghi. A 18 ans, la jeune fille d'Ispahan a choisi envers et contre tout d'être nageuse. Quel que puisse être son niveau, elle sait que toute aventure à l'étranger lui est interdite. Même en Iran, l'entraînement est difficile. Les piscines sont souvent ouvertes deux jours par semaine aux femmes, trois pour les plus progressistes. Et les bassins découverts leur sont totalement fermés. Les jeux Islamiques sont l'unique opportunité pour Shokooleh de décrocher une médaille internationale.

"C'est vrai qu'il y a peut-être des dizaines de talents qui passent ainsi inaperçus", juge-t-elle, "mais c'est notre vie, c'est notre choix. Nous les nageuses, les athlètes, les basketteuses iraniennes, on aurait pu faire du tir, de l'équitation ou du lancer de poids... Mais tout le monde ne rêve pas d'être champion olympique."

Hijab en stretch

Pourtant, les sports compatibles avec l'incontournable port du hijab sont en plein essor dans les pays conservateurs. Global Partner System, une compagnie américaine, en fait d'ailleurs commerce en important en Iran des milliers de frisbees. Et la Fédération Internationale de soccer (FIFA) suit le mouvement en donnant des quantités industrielles de ballons de futsal.

Pour la première fois au programme des Jeux islamiques, le golf attire des centaines de spectateurs autour du parcours Enghelab et des milliers de femmes dans les clubs. En Iran, le coût de l'équipement n'est pas un problème. Il y a sept parcours aujourd'hui dans tout le pays. Dix de plus seront construits d'ici à fin 2006.

"Evidemment, le hijab n'est pas la tenue la plus confortable", reconnaît une golfeuse du club, ajoutant toutefois qu'il permet aux femmes de jouer quand elles le veulent à la différence des amatrices de tennis qui doivent se satisfaire du seul court couvert du complexe. Comme Hassanpour et ses coéquipières, les golfeuses, les cavalières, les cyclistes ont adopté des tenues modernes, en stretch, qui facilitent leurs mouvements.

A force d'inventivité et parfois de ruse, les Iraniennes obtiennent des succès inattendus. Pour avoir battu des hommes lors de rallyes nationaux, une pilote de 28 ans a été baptisée Laleh "Schumacher" Seddigh. Conduire avec un voile n'est pas un problème. A peine enfile-t-elle un poncho avant de monter sur le podium.