Mettre tous ses œufs dans le même papier afin d’assurer sa place dans l’équipe olympique ou paralympique canadienne à un an des Jeux. Voilà le raisonnement logique de bien des athlètes. L’escrimeur Joseph Polossifakis a choisi le chemin inverse : un emploi et une percée dans le monde médiatique s’ajoutent à son quotidien d’athlète de haut niveau qui vise une deuxième participation olympique.

Âgé de 28 ans, Polossifakis a vu son brevet de Sport Canada être coupé. On aurait pu penser qu’à cet âge il aurait fait le tour de son sport après sa 23e place aux Jeux olympiques de Rio et un baccalauréat en commerce de l’Université McGill en poche.

Mais non, ce n’était pas assez pour le sabreur qui s’est lancé le défi personnel de mener de front carrières sportive et professionnelle.

« J’ai commencé à travailler chez Bell après les Jeux de Rio et j’avais de la difficulté à trouver un équilibre. Je voulais prendre de l’expérience de travail afin de préparer ma transition, sauf que c’était plus difficile d’être aussi présent dans le circuit international. En plus, j’ai perdu mon brevet du gouvernement parce que les critères ont changé et il faut maintenant être dans le top-8 au monde pour y avoir droit », explique-t-il.

C’est son nouvel emploi décroché l’automne dernier chez Petro-Canada, où il est directeur de territoire pour les stations-service de la bannière Couche-Tard, qui a fait germer l’idée de tenter à nouveau sa chance pour Tokyo.

« J’ai une entente avec mon employeur qui me permet de travailler, de m’entraîner et de voyager pour participer à des compétitions. J’essaie de trouver le meilleur des deux mondes et je fais de mon mieux pour que ça marche. Ce n’est pas évident : ce sont de longues journées et c’est exigeant physiquement et mentalement. Je suis serré dans le temps, je vis en appartement avec ma copine, c’est un défi supplémentaire pour ma qualification, sauf que je suis à une étape de ma vie où je dois penser à mon après-carrière. »

Signe qu’il commence à voir les fruits de son travail, le sabreur a effectué la remontée la plus spectaculaire de sa carrière, un retour de 10 points pour l’emporter 15-14, samedi dernier, au Grand Prix de Séoul.

À l’aube de la trentaine, Polossifakis mentionne qu’il aurait besoin de passer plus de temps en physiothérapie ou en massothérapie, sauf que c’est au travail que sont consacrées ces heures. L’athlète ne s’en plaint pas et il y voit plutôt une source de défi.

« Tu peux toujours trouver une solution. Et même si ça ne fonctionne pas, à la fin, je vais pouvoir me dire que j’ai tout essayé. C’est mon histoire en ce moment et je sais qu’à la fin, je n’aurai aucun regret! »

Comme si ce n’était pas assez, il a profité de ses connaissances acquises à l’école de radio et télévision Promedia pour lancer son projet de baladodiffusion The Olympian’s Podium, une série d’entrevues qu’il mène auprès d'athlètes olympiques. Jusqu’à maintenant, la nageuse artistique Jacqueline Simoneau, la boxeuse Mandy Bujold et le trampoliniste Jason Burnett se sont présentés à son micro.

« Échanger avec d’autres athlètes, c’est là qu’on réalise qu’il y a des histoires où l’on peut toujours apprendre quelque chose, que l’on soit un athlète ou non. Ce sont des histoires qui méritent d’être écoutées et lorsque deux athlètes échangent, il y a d’autres trucs qui peuvent ressortir », indique celui qui fait aussi du travail de recherche, de montage et de mise en ligne.

Les entrevues sont uniquement en anglais pour l’instant, mais Polossifakis souhaite présenter une série d’entrevues en français.

Avant les Jeux de Tokyo peut-être? Voilà sûrement un autre défi que l’athlète pourrait surmonter.