MONTRÉALÂ -- La plupart des athlètes vivent leur retraite sportive comme un deuil. Mais Geneviève Simard, elle, la ressentira sûrement comme une délivrance.

La Québécoise de 29 ans de Val-Mori



MONTRÉAL -- La plupart des athlètes vivent leur retraite sportive comme un deuil. Mais Geneviève Simard, elle, la ressentira sûrement comme une délivrance.

La Québécoise de 29 ans de Val-Morin en a bavé depuis le printemps 2007, quand elle a subi une importante opération au genou gauche. Elle n'aura finalement jamais pu s'en remettre, si bien qu'elle a annoncé mercredi qu'elle renonçait, à moins d'un mois des Jeux olympiques de Vancouver et Whistler, au ski alpin de compétition.

"Je crois pouvoir me retirer avec la certitude d'avoir tout essayé. Ce serait un euphémisme de dire que les deux dernières années ont été parsemées de défis de taille", a déclaré Simard dans un communiqué, mercredi, qui a été diffusé juste avant qu'elle ne prenne un vol en Italie en direction du Canada. "La santé est l'une des choses les plus importantes pour moi et mon corps me dit depuis un certain temps que je le pousse trop."

Depuis qu'elle a subi son ostéotomie au genou, une chirurgie invasive servant à réaligner le genou, et raté la saison 2007-08 au grand complet, Simard n'a que rarement réussi à terminer parmi les 30 premières, ne décrochant jamais mieux qu'une 14e place. Ce qui n'était pas à l'image de la skieuse de haut niveau qui avait obtenu 20 résultats parmi les 10 premières, dont cinq podiums, avant son opération. Et ce qui n'était pas l'ombre de l'athlète qui a remporté le super-G de Cortina d'Ampezzo, en Italie, en 2004.

Cet hiver, alors qu'elle tentait de retrouver un niveau de ski qui lui aurait procuré une sélection au sein de l'équipe canadienne olympique, elle a seulement participé à deux courses de la Coupe du monde, deux slaloms géants, sans réussir à se qualifier pour la deuxième manche. Elle a subi un coup dur après l'autre, devant se contenter de courses FIS et Nor-Am pour trouver ses repères.

"J'ai été la première skieuse élite à subir une ostéotomie et à revenir au ski de compétition au niveau de la Coupe du monde, a affirmé Simard dans le communiqué. J'ai remporté une manche de slalom géant de Coupe du monde la saison dernière, ce dont je suis très fière. Je crois toutefois qu'il est temps d'écouter mon corps. Je sais qu'une vie formidable existe après le ski et j'ai besoin d'un corps en santé pour en profiter."

Au cours d'un entretien avec La Presse Canadienne à sa résidence de Val-Morin, cet automne avant le début de la saison, Simard avait expliqué qu'elle avait subi cette opération expérimentale dans le but de s'assurer, avant tout, "d'une meilleure qualité de vie à long terme".

"C'était vraiment une alternative pour avoir une meilleure qualité de vie, parce que j'avais tellement de dommages au genou _ j'avais déjà de l'arthrite _ et à l'os, qu'il fallait trouver un moyen de freiner la dégénérescence, avait-elle alors expliqué. Je ne peux pas comparer mon opération de 2007 à celle de 1999. Il fallait rebâtir ma jambe et que l'os guérisse."

Bien qu'elle avait affirmé qu'elle ferait tout pour se qualifier pour les Jeux olympiques de 2010, elle avait aussi ajouté: "si je ne m'y rends pas, je ne vais pas en mourir non plus. J'ai vécu les Jeux à deux reprises déjà (2002 et 2006), ce n'est pas rien."

Même si elle ressentira peut-être un sentiment d'inachevé, Simard aura eu le temps de faire sa marque. Ses quatre podiums en slalom géant à la Coupe du monde la classent au troisième rang de tous les temps chez les skieuses canadiennes, derrière Allison Forsyth (cinq) et Kathy Kreiner (six). Elle a par ailleurs fini au cinquième rang du classement de slalom géant de Coupe du monde en 2005 et en 2006.

"Geneviève est une athlète talentueuse, et sa concentration et sa détermination l'ont amenée à être très talentueuse dans sa carrière en ski alpin. Nous allons manquer son leadership dans l'équipe, a commenté par voie de communiqué Max Gartner, le directeur exécutif aux affaires sportives chez Canada Alpin. Elle est une inspiration pour les générations des jeunes athlètes canadiennes qui tentent leur chance dans les programmes nationaux de courses en ski alpin et qui souhaitent suivre ses traces."

Une raison d'être heureuse...

La plus heureuse de la retraite de Simard sera sans doute Pearl, un épagneul springer anglais femelle que la skieuse a adoptée cet été. L'animal de compagnie profitera donc... de la compagnie de sa maîtresse plus souvent que prévu. Tout comme la mère de Simard, Jacinthe Jodoin, qui demeure tout près d'elle à Val-Morin.

Simard pourra par ailleurs s'adonner plus souvent à sa passion: le golf. Elle prévoyait aussi compléter une licence de pilote d'hélicoptère après sa retraite.

"Je ne sais pas si je voudrais en faire mon emploi à temps plein", avait-elle raconté à La Presse Canadienne en parlant d'une passion qu'elle a découverte avec l'équipe canadienne de ski, quand celle-ci s'était rendue en hélicoptère dans un glacier en Colombie-Britannique. "J'aimerais faire des projets, par exemple dans le nord pour Hydro-Québec, pour prendre des photos, ensemencer des champs..."

Fière de son parcours

Simard s'est par ailleurs dite fière de son parcours d'athlète _ même s'il a été plus court que prévu, elle qui prévoyait initialement skier jusqu'à la tenue des prochains championnats du monde, en 2010-11, même en l'absence de résultats satisfaisants.

"Je suis fière de ce que j'ai accompli en tant que skieuse, a-t-elle résumé dans le communiqué de Canada Alpin. J'aurais aimé terminer ma carrière avec une médaille aux Jeux olympiques de Vancouver et je serai triste à l'idée de ne pas avoir la chance de courir devant les Canadiens, les partisans, mes amis et ma famille.

"Je veux me concentrer sur les choses que j'ai réalisées. Le ski m'a beaucoup donné et m'a tellement appris de moi-même. Il m'a donné la chance de rencontrer des individus tout à fait exceptionnels en me laissant des souvenirs inoubliables."