MONTRÉAL - Gymnastique Canada a suspendu jeudi l'entraîneur Michel Arsenault, associé à un club d'Edmonton, à la suite d'allégations d'agressions sexuelles envers ses anciennes athlètes au Québec.

Le président du conseil d'administration de Gymnastique Canada, Richard Crépin, a déclaré par communiqué qu'aucun athlète ne devrait faire les frais de tels comportements et que son organisme voulait s'assurer que tous les gymnastes pratiquent leur sport dans « un environnement sécuritaire et accueillant ».

Avant même la décision de la fédération nationale, le club Champions Gymnastics à Edmonton avait déclaré publiquement qu'il avait coupé les liens avec son entraîneur.

Le club de gymnastique a dit prendre très au sérieux les allégations formulées contre M. Arsenault dans un reportage diffusé à la télévision de Radio-Canada mercredi soir.

Dans ce reportage, au moins trois ex-gymnastes québécoises ont révélé avoir été victimes d'agressions sexuelles de la part de Michel Arsenault alors qu'elles étaient mineures, dans les années 1980 et 1990.

L'une des victimes a raconté qu'elle était âgée de 14 ans lorsque Michel Arsenault lui aurait fait des attouchements aux parties génitales. Une autre ex-athlète a raconté qu'elle avait 15 ans lorsque le même entraîneur l'aurait forcée à le masturber. Une troisième victime a décrit le comportement de Michel Arsenault comme étant violent verbalement et physiquement.

Dans le même reportage, le directeur général de Gymnastique Québec a rappelé que M. Arsenault avait été suspendu de toute compétition en 1987 en raison de son comportement envers d'autres entraîneurs et envers les juges.

Radio-Canada a affirmé que Michel Arsenault n'avait pas donné suite à ses demandes d'entrevue.

Il a quitté le Québec pour l'Alberta en 1994 et y a fondé le club Champions Gymnastics en 2002.

Le club Champions Gymnastics a confirmé que M. Arsenault n'est désormais plus impliqué dans ses activités.

Comment prévenir les relations malsaines

Guylaine Demers, professeure titulaire au département d'éducation physique de l'Université Laval, est spécialisée dans les relations entre entraîneur et athlète. Elle rappelle quelques règles de prévention essentielles à mettre en pratique dans toute organisation sportive.

Selon elle, il faut d'abord éviter toute situation où un entraîneur se retrouve seul avec un athlète. Chaque rencontre doit avoir lieu en présence d'un témoin et si un entretien individuel est nécessaire, la porte du bureau doit demeurer ouverte en tout temps.

Guylaine Demers suggère à tous les clubs sportifs de faire appel à un ombudsman, soit une personne ressource neutre, qui peut être extérieure à l'organisation, à qui tout athlète ou entraîneur peut faire appel s'il vit une situation inconfortable.

« Il faut adopter des règles de conduite pour que l'athlète se sente toujours en sécurité », souligne la chercheuse.

Athlètes et entraîneurs devraient aussi être formés pour connaître leurs droits et savoir qu'il n'y a pas de zone grise dans les comportements sexuels.

« C'est noir ou c'est blanc. Pour moi, toute relation coach-athlète, c'est non-acceptable. Il n'y a pas de question que l'athlète est majeur. Dès qu'on est avec une personne en position d'autorité et surtout avec un entraîneur qui a beaucoup de pouvoir (...) Lorsqu'on est en position d'autorité, les relations sexuelles ou affectives sont interdites », insiste Mme Demers.

Elle souligne d'ailleurs que des plateformes sont mises à la disposition des athlètes et des entraîneurs qui veulent se confier, soit SportBienêtre.ca et Sport'Aide.

« La clé, c'est qu'il faut en parler et arrêter de garder cela secret parce que sinon, il arrive ce qui est arrivé, c'est que ces entraîneurs-là partent et vont dans un autre club pour recommencer », observe-t-elle.

Pour éviter que ces agresseurs récidivent, elle encourage fortement les organisations à procéder à des vérifications d'antécédents judiciaires et à consulter les références des candidats en contactant les anciens clubs où les entraîneurs sont passés.