Le 50 kilomètres classique était l'épreuve dans laquelle Alex Harvey avait fondé ses plus grands espoirs à sa première participation aux Jeux olympiques. Les choses ne se sont toutefois pas dér



Le 50 kilomètres classique était l'épreuve dans laquelle Alex Harvey avait fondé ses plus grands espoirs à sa première participation aux Jeux olympiques. Les choses ne se sont toutefois pas déroulées comme il l'aurait souhaité et le jeune fondeur de 21 ans a terminé au 32e rang, à 5min 14s du vainqueur, dimanche, à Callaghan Valley. Malgré sa déception, Harvey peut se réjouir de la brillante prestation de son coéquipier Devon Kershaw qui a terminé au cinquième rang, à 1,6 s du vainqueur.

Grand favori pour remporter l'épreuve, l'ogre norvégien Petter Northug, était visiblement non rassasié de ses trois médailles en cinq courses et il en a ajouté une autre en étant le premier à franchir l'arrivée en un temps de 2 h 5 min 53 s en. Au sprint final, il a devancé l'Allemand Axel Teichmann et le Suédois Johan Olsson. Bien placé pour tenir tête à Northug, le Suisse Dario Cologna a chuté dans le dernier virage situé à une centaine de mètres de l'arrivée, voyant du même coup ses chances de monter sur le podium partir en fumée.

Les autres Canadiens en lice, George Grey et Ivan Babikov, ont respectivement terminé 18e (à 42 s) et 33e (à 5min 14s). Plusieurs espéraient que le Canadien et athlète paralympique Brian McKeever prenne le départ, mais les entraîneurs ont décidé de faire confiance aux quatre athlètes qui avaient pris part à la poursuite 30 kilomètres et qui s'étaient tous classés dans les 16 premiers.

« Je me sentais bien au cours des deux ou trois derniers jours, sauf que j'ai vraiment eu une journée dégueulasse! C'est une journée à oublier. Déjà, après deux kilomètres, je ne me sentais pas bien », a commenté Harvey sans détour, mais avec tout le calme qu'on lui connaît.

Avant son troisième passage dans le stade (15e kilomètre), l'athlète de Saint-Férréol-les-Neiges a chuté dans une descente en tombant sur les fesses. Une minute plus tard, après avoir changé sa paire de ski dans la zone prévue à cet effet, il a à nouveau trébuché. Selon le principal intéressé, ces deux incidents n'ont pas miné ses efforts pour revenir dans le peloton de tête sur qui il accusait déjà un retard de 25 secondes.

« À ce moment, j'étais déjà dans le rouge. Je n'étais pas capable de kicker mes skis, mais ce n'était pas à cause du fartage. Quand tu vois le peloton s'en aller et que tu te sens comme de la m..., c'est dur de savoir que tu ne reviendras pas. Ce n'est pas la journée que j'avais espéré pour cette course. »

Au 40e kilomètre, le Québécois pointait désormais à 2 min 5 s du premier rang et il continuait de s'éloigner de la tête de la course, mais il était hors de question d'abandonner. Au même moment dans le stade, la chanson de Tom Petty I won't back down résonnait dans les hauts-parleurs. Babikov l'a rejoint quelques instants plus tard et les deux ont rallié l'arrivée ensemble.

« Aux Olympiques, tu ne veux pas abandonner et jamais cette idée ne m'a traversé l'esprit. J'ai essayé de rester avec le peloton le plus longtemps possible. Quand Ivan m'a rejoint, ça m'a donné un boost d'énergie. Il avait de bons skis, alors j'ai pu le suivre et nous avons pu gagner beaucoup de temps sur les autres. »

Kershaw, si près et si loin

Après sa cinquième place, Devon Kershaw avait des sentiments partagés entre la fierté de son classement, mais aussi la déception de rater le podium par si peu.

« Oui, c'est mon meilleur résultat à vie sur cette distance et je garde la tête haute, mais en même temps, c'est très difficile de finir cinquième. Mon but était de rester avec les meneurs et de conserver le plus d'énergie possible. J'ai fait tout ce qu'il fallait, mais de finir à 1,6 seconde de la médaille d'or après une course aussi longue, ça va me prendre un certain temps à l'accepter », a expliqué celui qui participait seulement à la quatrième course de 50 kilomètres de sa carrière.

Les meneurs savaient pertinemment que Northug serait l'homme à battre dans le dernier droit. Teichmann a bien tenté de le larguer dans la dernière descente, mais tous les autres étaient à la limite de leur effort après plus de deux heures de course.

« Pour essayer de suivre le meilleur skieur au monde dans le sprint final, il ne faut pas penser. Je n'avais aucune idée de mon classement à ce moment », a précisé l'Ontarien qui a vanté le travail de son équipe de fartage.

Un avenir prometteur

Le Canada n'aura remporté aucune médaille en ski de fond. Toutefois, au-delà des chiffres, l'équipe masculine, a accumulé sept places dans les 10 premiers sur un total de six épreuves. Du jamais vu.

« Nous savions que nous avions des chances de médailles et nous l'avons prouvé au sprint par équipe, à la poursuite et encore aujourd'hui avec Devon, a analysé Harvey. Nous avions fait des tops-5 en Coupe du monde, mais dans des événements majeurs comme les Jeux ou les Championnats du monde, lorsque tout le monde est au sommet de sa forme, nous n'étions pas capables de rivaliser avec les meilleurs. Nous avons eu des Jeux extraordinaires », a conclu celui dont le meilleur résultat à Whistler a été une quatrième place au sprint par équipe en compagnie de Kershaw.