RIO DE JANEIRO - Le maire de Rio de Janeiro Eduardo Paes s'en est violemment pris mercredi aux autorités sportives du Brésil, jugeant « honteux » que les Jeux olympiques de 2016 soient attribués à un pays dépourvu de véritable politique sportive.

« C'est une honte que le Brésil accueille les Jeux olympiques (...) Nous devons prendre soin de l'héritage des Jeux olympiques dans la ville, le gouvernement fédéral est celui qui doit mettre en place une politique sportive » et d'encadrement du sport de haut niveau, a affirmé M. Paes dans un entretien à la chaîne de TV ESPN qui sera diffusé vendredi dans son intégralité.

La maire de Rio a notamment regretté le manque de soutien du gouvernement fédéral aux meilleurs athlètes du pays.

« Ce n'est pas le rôle de la mairie de payer (les sportifs) de haut niveau, mon rôle réside dans l'universalisation de la pratique sportive: ville olympique et éducation physique dans les écoles », a-t-il souligné dans les extraits de l'entrevue divulgués mercredi par la chaîne.

Aux Jeux olympiques de 2012 à Londres, le Brésil - pays de près de 200 millions d'habitants - était arrivé à la dixième place des pays les plus performants, avec 17 médailles, mais seulement deux d'or.

Très virulent contre les dirigeants des instances sportives de son pays, M. Paes a également qualifié de « scandale » le fait que ces derniers soient reconduits indéfiniment dans leurs fonctions.

« C'est un scandale, une honte, la manière dont les choses fonctionnent. Il est difficile d'administrer le sport au Brésil avec la qualité des dirigeants en place (...) Ils restent (en place) à vie », a protesté M. Paes, maire de Rio depuis 2008.

Ces déclarations surviennent deux mois après des manifestations massives en juin, principalement à Rio et Sao Paulo, notamment pour critiquer les sommes pharaoniques englouties dans la rénovation des stades en vue de la Coupe du monde de football 2014 et la corruption au sein des élites du pays.

Quel est l'avenir des installations des JO?

Au cours de cet entretien avec le journaliste sportif Juca Kfouri, M. Paes a regretté aussi le manque de programmation et le flou entretenu sur le devenir des infrastructures des JO-2016.

Selon lui, la ville de Rio bénéficiera certes d'un héritage en installations après la compétition, mais il a précisé ne pas vraiment savoir comment et par qui seront administrés ces centres sportifs, s'ils seront gérés de manière durable ou s'ils « se convertiront en lieux où les dirigeants placent leur cousine au bar ».

De même, M. Paes s'est est pris à la FIFA, qui selon lui « se soucie seulement des stades » et non de l'avenir des aménagements dans les 12 villes hôtes du Mondial de football que le pays organisera en 2014.

Eduardo Paes, élu en 2008 et réélu en 2012, a en grande partie bâti sa popularité à Rio sur sa politique de grands travaux d'infrastructures pour le Mondial-2014 et les JO-2016, ainsi que sur la pacification des favelas qu'il mène progressivement main dans la main avec le gouverneur de l'État de Rio, Sergio Cabral.