BRUXELLES (AFP) - "Je suis fatigué", combien de fois n'a-t-on pas entendu cette phrase dans la zone d'interview du stade du Roi Baudouin, vendredi soir, à l'occasion de la réunion d'athlétisme de Bruxelles, cinquième étape de la Golden League.

Moins d'une semaine après la clôture des jeux Olympiques d'Athènes, la plupart des athlètes semblent au bout du rouleau.

La star des JO, le Marocain Hicham El Guerrouj, double champion olympique sur 1500 m et 5000 m paraît le plus épuisé. Vendredi, le roi Hicham, pris de vertiges lors de l'échauffement a préféré renoncer au 3000 mètres.

"Depuis le 28 août, je me sens comme un ballon dégonflé. Mon doublé 1500-5000 a pompé toute mon énergie. Je ne pensais jamais un jour me retrouver dans pareil état", avouait-il.

El Guerrouj n'était pas le seul dans ce cas à Bruxelles. Le Dominicain Félix Sanchez s'est écroulé en plein 400 m haies, victime d'une blessure aux adducteurs.

Invaincu depuis deux ans sur la distance, Sanchez était l'un des quatre derniers athlètes à pouvoir décrocher le jackpot de la Golden League, un million de dollars que se partageront les vainqueurs des six étapes du circuit.

De quatre avant Bruxelles, ils ne sont plus que deux (le Suédois Christian Olsson au triple saut et Tonique Williams des Bahamas sur 400 m), la Sud-Africaine Hestrie Cloete ayant été battue à la hauteur par la championne olympique russe Yelena Slesarenko.

Deux records tout de même

Malgré l'état général des athlètes, deux records du monde sont tombés, vendredi dans la capitale européenne. Le premier a été battu par un athlète privé de jeux Olympiques. Le second par une Russe au sommet de son art.

Le Quatari originaire du Kenya, Saif Saaeed Shaheen (Stephen Cherono avant d'être naturalisé), mis hors Jeux en raison de sa naturalisation trop récente, a évacué sa frustration sur 3000 m steeple en 7 mn 53 sec 63/100, le temps d'effacer des tablettes l'ancien record (7:55.28) établi par le Marocain Brahim Boulami le 24 août 2001, déjà à Bruxelles.

C'était ensuite au tour de Yelena Isinbayeva d'aller chercher les 50.000 dollars promis à tout auteur de record mondial. La perchiste passa la barre placée à 4,92 m. Sans surprise. A la manière de l'Ukrainien Sergei Bubka il y a quelques années. La Russe améliore centimètre par centimètre la marque de référence. Et rempli son compte en banque.

"Les Jeux m'ont épuisée mais le public belge m'a poussée à franchir les 4,92 m", souriait-elle après que deux autres athlètes aient fait vibrer le stade comble: le Jamaïcain Asafa Powell (9.87 sur 100 mètres) et le Kenyan Eliud Kipchoge (7:27.72, meilleure performance de l'année sur 3000m).

Isinbayeva pouvait s'en repartir vers sa Russie natale au volant d'une décapotable remise par les organisateurs, non sans avoir chanté et dansé de manière exubérante sur une musique russe tonitruante. "Un moment plein d'indécence", comme l'écrira un éditorialiste belge, au moment où l'on pleurait des centaines de morts en Ossétie, après l'issue brutale de la prise d'otages d'une école.