Voilà c'est fait. Je suis une nouvelle retraitée du ski alpin. Ma décision annoncée cette semaine a été le résultat d'un long processus de réflexion. Et, je suis sereine avec ma décision.

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Voilà c'est fait. Je suis une nouvelle retraitée du ski alpin. Ma décision annoncée cette semaine a été le résultat d'un long processus de réflexion. Et, je suis sereine avec ma décision.

J'ai commencé à y songer en août dernier quand j'ai eu des ennuis avec mon genou en Nouvelle-Zélande. J'étais alors consciente que je manquais une bonne partie de ma préparation estivale et que ça allait affecter mes performances. À mon retour à la maison, j'ai continué à éprouver des ennuis de santé. Cet hiver, je n'ai pas été en mesure de participer à beaucoup de courses et quand j'étais en piste, je n'étais pas à la hauteur de mes habiletés.

J'étais vraiment frustrée de ne pouvoir skier comme je le voulais. Je n'étais plus compétitive et mon genou limitait ma préparation. La santé est très importante pour moi et je tiens à demeurer active après les skis. Je ne voulais simplement pas arriver à un point de non retour dans ma vie.

Difficile pour le mental

Il est extrêmement difficile et frustrant d'avoir la volonté de faire des bons résultats mais de constater du même coup, que son corps ne veut plus suivre. J'ai encore l'amour, la passion et la volonté de me dépasser mais mon corps m'a envoyé un message. Mon corps a pris la décision de me retirer du ski bien avant mon coeur et ma tête. La volonté y était mais je n'étais pas en mesure d'atteindre mes objectifs. C'était ce qu'il y avait de plus pénible.

Quelques jours après avoir annoncé ma décision, je me sens relativement bien parce que je sais que j'ai pris la bonne décision. Je ne peux pas dire que la retraite m'a encore frappé à cent pour cent. J'ai encore plein de réflexes d'athlète et je pense que je vais les garder parce que j'aime prendre soin de moi. Mon horaire d'athlète dicte encore mes gestes mais comme je n'ai rien au programme, ça fait drôle de me sentir aussi libre. Je m'attends bien sûr à une période d'ajustement. C'est une journée à la fois pour l'instant car je sais que je vais frapper un mur éventuellement. J'ai des contacts à Alpin Canada qui pourraient m'aider au besoin mais il n'existe pas de programme pour aider les athlètes à faire la transition vers la retraite. Je sais qu'à Montréal, il existe le Centre national multisport qui apporte son aide aux athlètes. Je pourrais avoir recours à ses services au besoin.

Si les Jeux olympiques de Vancouver avaient été l'an prochain, j'aurais probablement pris congé le reste de la saison pour essayer d'entreprendre la prochaine campagne en force. J'avais l'impression de brûler la chandelle par les deux bouts parce que je n'étais jamais à 100% à chacune de mes courses.

Chaque fois que mon genou devenait hyper irrité, mon quadriceps s'atrophiait beaucoup. Je devais toujours passer beaucoup de temps sur mon quadriceps parce qu'il devenait toujours plus petit que ma jambe droite. Ça demandait du temps et le temps, je ne l'avais pas. J'aurais vraiment aimé atteindre mon objectif de participer aux olympiques.

Je demeure convaincue d'avoir pris la bonne décision en optant pour l'opération (ostéotomie) à mon genou en 2007. Si je ne m'étais pas fait opérer il y a trois ans, je n'aurais jamais été en mesure de poursuivre ma carrière car mon genou était tellement endommagé. D'ailleurs, au moment de mon opération, ça faisait déjà deux ans qu'on me l'avait suggérée. J'ai donc fait deux saisons au cours desquelles mon genou était très fatigué.

Je n'ai donc aucun regret d'avoir subi l'ostéotomie. Ça ne m'a pas donné un nouveau genou mais ça m'a donné une saison et demie de plus sur le circuit de la coupe du monde.

La décision de me retirer est la mienne. Personne ne m'a montré la porte. Je dirais même que les entraîneurs de l'équipe nationale ont été pris par surprise. Ils s'attendaient à me voir à Cortina d'Ampezzo en Italie. Après l'épreuve de Maribor, j'ai eu une période intense de réflexion qui a duré 48 heures et j'en suis venue à la conclusion que pour ma santé, pour mon genou et mon avenir, que la meilleure chose à faire était la retraite.

J'ai abandonné même s'il me restait un mince espoir de mériter une place sur l'équipe nationale. Il aurait fallu que je fasse un top 5 à Cortina mais je savais que c'était improbable d'y arriver. Je ne voyais pas un miracle se produire pour me permettre de mériter mon billet pour Vancouver.

Une belle carrière

Je suis très fière de mes 14 années passées au sein de l'équipe nationale. Au fil des ans, j'ai eu l'occasion de rencontrer des gens extraordinaires et je quitte le circuit de la coupe du monde avec plein de merveilleux souvenirs. Sur le plan sportif, c'est ma victoire à Cortina en 2004 et mes deux saisons où j'ai terminé cinquième au classement général, qui me satisfont le plus. C'était pour moi, une preuve de constance et j'en suis vraiment fière.

L'après-carrière

Je dois maintenant passer à autre chose. Il y a beaucoup de choses que j'aimerais faire. J'aimerais notamment obtenir ma licence de pilote d'hélicoptère. C'est une passion qui s'est développée ces dernières années. C'est une licence dispendieuse toutefois alors je ne sais pas à quel point ce sera possible d'aller la chercher.

J'aimerais demeurer impliquée dans le ski et partager ma passion avec les jeunes et montrer ce que le sport m'a apporté. Je ne me vois toutefois pas entraîneur à temps plein, mais j'aimerais partager mes secrets.

Plein de choses m'attirent, mais je ne sais pas encore ce qui va se concrétiser. Le monde des communications est aussi une avenue que je pourrais regarder si ça me permettait de rester près du ski.

À court terme, je me repose et je passe du temps avec ma famille. Je vais en profiter aussi pour dompter mon chien. En février, je vais peut-être aller dans les pays chauds.

En terminant, je veux remercier tous les internautes du RDS.ca qui ont suivi ma carrière via ce site internet et à bientôt.

*propos recueillis par Robert Latendresse