Montréal (Sportcom) - Le judoka Jean-François Marceau savait d'ores et déjà que l'année 2005 allait être sa dernière en tant qu'athlète. Ce qu'il ne savait pas, par contre, c'est que sa dernière compétition était déjà derrière lui.

Une blessure à un genou, qui a tardé à guérir, ainsi qu'une blessure au poignet, apparue au mois de mars, l'ont contraint à mettre un terme à sa carrière quelque mois avant la date prévue. Sa dernière compétition internationale aura donc été l'Omnium des États-Unis en septembre dernier, où il avait décroché l'or chez les 81 kg, alors qu'il n'en était qu'à un deuxième tournoi dans cette catégorie.

" La retraite est arrivée un peu plus vite que prévu, a admis le principal intéressé. J'avais dans la tête de me retirer pendant l'été, mais je voulais auparavant participer au championnat canadien, qui aura lieu ce week-end, et tenter de remporter un premier titre chez les 81 kg, mais ce n'était plus vraiment possible ", a expliqué le judoka de 28 ans, qui a remporté huit titres canadiens, dont cinq chez les seniors (73 kg).

" Ma blessure au genou a mis beaucoup de temps à guérir. J'ai pu recommencer l'entraînement en février, mais un mois plus tard la blessure au poignet est apparue. Une blessure assez bizarre, qui est survenue.... dans mon sommeil! Cela a duré un mois, et je n'aurais eu qu'un mois pour me préparer pour les championnats canadiens. Cela ne me tentait pas de passer au travers un mois d'entraînement très intensif ", a ajouté Marceau, qui, au même moment, préparait le premier dépôt de sa thèse de maîtrise en génie électrique à l'Université McGill.

" Mon principal objectif était de participer aux Jeux olympiques en 2004. Comme je n'ai pas pu y prendre part, parce que je n'avais pas répondu à tous les critères canadiens (il avait toutefois rencontré ceux internationaux), je savais que la fin s'en venait. Mais, je ne voulais pas tout arrêter d'un coup sec. Malheureusement, c'est un peu ce qui est arrivé ", a indiqué celui qui a remporté la médaille d'or à l'Omnium de Suède en 2000, ainsi que des médailles de bronze aux Jeux de la Francophonie (2001), du Commonwealth (2002) et panaméricains (2003).

Parti de loin

Né à Sept-Îles, sur la Côte-Nord, Jean-François Marceau a surtout grandi dans la ville de Port-Cartier. C'est d'ailleurs à cet endroit qu'il a commencé la pratique du judo dès l'âge de six ans. Il est d'ailleurs très reconnaissant envers ses deux premiers entraîneurs, soit Réjean Lavoie et Steeve Trudel.

" Il faut donner leur beaucoup de crédit, a-t-il insisté. Quand Steeve Trudel a pris les rênes du Club de Port-Cartier, il faisait encore de la compétition, et ses entraînements étaient axés là-dessus. Il a voulu développer le volet élite. Il a mis beaucoup d'emphase sur des athlètes comme Marie-Hélène Chisholm, Jacynthe Maloney et moi.

" Jean-François a toujours été un judoka mature pour son âge, a mentionné Trudel. Il assimilait très facilement tout ce que je lui donnais comme connaissance. C'est une personne très intelligente et il est très sérieux dans tout ce qu'il entreprend. Pour un entraîneur, il ne pouvait y avoir de meilleur élève que Jean-François. Il ne défiait jamais les directives ou remettait en question ce qu'on venait de lui expliquer. "

C'est d'ailleurs Steeve Trudel qui a suggéré à Jean-François de venir s'établir à Montréal, où il est devenu un élève d'Hiroshi Nakamura au Club Shidokan. " Nous n'avions pas le choix de lui suggérer cette option, car il n'y avait plus rien à apprendre pour lui à Port-Cartier. Nous ne pouvions même plus lui trouver des partenaires d'entraînement. S'il voulait progresser, c'était la meilleure chose à faire. Nous avons fait le même chose avec Marie-Hélène et Jacynthe ", a expliqué l'ancien entraîneur qui a lui-même été membre de l'équipe nationale.

" En raison de son sérieux et de son style de judo, les jeunes vont perdre un beau modèle de judoka, mais ils vont gagner un très bon entraîneur, j'en suis certain ", a-t-il conclu.

En parlant d'entraîneur, Réjean Lavoie, qui a été le premier entraîneur de Jean-François, a justement été le premier à lui donner sa chance en tant qu'entraîneur, l'an dernier.

" J'ai commencé tranquillement, environ une fois par deux semaines au Club d'Anjou. Par contre, l'année prochaine, si je ne travaille pas trop loin de là, j'aimerais bien m'occuper de l'équipe de compétition ", a admis Marceau.

Parions que M. Lavoie ne demanderait pas mieux.

" Il est un très bon entraîneur. Ce qu'il sait c'est une chose, mais l'enseigner aux plus jeunes ç'en est une autre. Et dans le cas de Jean-François, le message passe très bien, a confié M. Lavoie. Jean-François est une très bonne personne. Il est très travaillant et très gentil, même s'il paraît un peu timide. Je dois avouer que j'ai été un peu surpris de voir jusqu'où il est allé dans le judo. J'imagine qu'on l'est toujours un peu quand cela arrive à quelqu'un qu'on a connu à un si jeune âge. Il y a tellement de choses qui peuvent se produire dans la vie d'un athlète. Il était un bon petit judoka, mais je n'aurais pu prédire qu'il allait remporter huit championnats canadiens. "

Jean-François Marceau ne sait pas encore ce que l'avenir lui réserve sur le plan professionnel, mais il est sûr d'une chose : il veut rester impliqué dans le judo.

" Je veux rester dans le milieu. Ce serait trop bête de couper les ponts après toutes ces années, et ne pas utiliser toutes les connaissances que j'ai acquises. "