Jennifer Heil : Polir le diamant brut
Amateurs jeudi, 14 janv. 2010. 13:10 mercredi, 11 déc. 2024. 05:39Jennifer Heil a été parfaite la fin de semaine dernière à Calgary. Elle a remporté les deux épreuves de la Coupe du monde des bosses auxquelles elle a participé.
Pour la première fois depuis le
Jennifer Heil a été parfaite la fin de semaine dernière à Calgary. Elle a remporté les deux épreuves de la Coupe du monde des bosses auxquelles elle a participé.
Pour la première fois depuis les dix saisons qu'elle est membre de l'équipe nationale, l'athlète de 26 ans a eu l'occasion de prendre part à une Coupe du monde dans sa province natale. Un petit plus à moins d'un mois de sa troisième participation olympique.
« Tous mes amis et ma famille qui étaient présents m'ont déjà vu en compétition, mais c'était la première fois que je participais à une compétition aussi importante en Alberta. Ma parenté n'a eu qu'à faire que quelques heures de route », a souligné la native de Spruce Grove, en banlieue d'Edmonton.
« Moi aussi j'ai fait ce chemin pour aller m'entraîner à cet endroit lorsque j'étais adolescente. Revenir skier à Calgary tout juste avant les Jeux olympiques, ça m'a rappelé tout le chemin que j'ai parcouru depuis ce temps. Entendre les gens au bas de la piste m'encourager de la sorte, c'était très spécial et je ne retrouve ça nulle part ailleurs. Quoique ça ressemble à ce que je vis quand je course au Québec », s'empresse-t-elle d'ajouter en riant. « L'Alberta et le Québec sont mes deux demeures et j'ai reçu beaucoup d'appui de gens de ces deux endroits. »
Même si elle réside à Montréal depuis bientôt cinq ans, la skieuse aura toujours un lien avec Spruce Grove, car un tronçon de la route Campsite Road qui traverse la ville a été rebaptisé le Jennifer Heil Way au début du mois.
Le souci du détail
À ses premiers Jeux olympiques en 2002, Jennifer Heil avait raté la médaille de bronze par seulement 0,01 point. La marge d'erreur est mince dans une descente d'une trentaine de secondes et Heil ne veut rien laisser au hasard. C'est ce qui lui a permis de décrocher l'or olympique il y a quatre ans. Toutefois, au début de la présente saison, la bosseuse avait obtenu des troisième et cinquième places, ce qui était loin de la satisfaire pleinement.
« Avant Noël, les notions pratiquées à l'entraînement ne s'étaient pas pleinement transférées en compétition, alors Dominick et moi avons travaillé très fort pendant le temps des fêtes pour être exactement où je voulais à ces compétitions (de Calgary). Notre travail a rapporté gros et je sens que nous avons franchi une étape importante. Il m'en reste encore à franchir, mais je sais que je suis sur le bon chemin. »
C'est bien ce qui frappe en entrevue lorsque la championne olympique parle de sa préparation; elle n'utilise pas le « je », mais bien le « nous », ce qui confirme qu'elle voit avant tout son entraînement comme un travail d'équipe, même s'il n'y a qu'elle qui s'élance en piste.
Joindre l'utile à l'agréable
Depuis l'automne, Jennifer Heil compte sur un nouveau commanditaire : les bijouteries Birks. En plus de l'appuyer financièrement, la compagnie lui a permis de pratiquer une de ses passions qui est la fabrication de bijoux.
« Après les Jeux de 2002, je voulais une bague pour souligner ma première participation olympique, sauf que je n'avais pas trouvé un design à mon goût, alors je l'ai dessinée moi-même », a commenté celle qui faisait déjà des bijoux pour ses amis lorsqu'elle était plus jeune.
« Avant, je travaillais avec du plastique tandis que maintenant c'est avec des métaux un peu plus précieux. J'ai déjà voulu devenir architecte et le design est quelque chose qui m'intéresse. J'ai la chance de dessiner ma propre ligne de bijoux avec leur designer attitrée et j'ai vraiment eu beaucoup de plaisir. Il y aura cinq bijoux (colliers, boucles d'oreilles, bracelets, etc.) en tout et trois sont déjà en vente », a expliqué la skieuse, qui s'est rendue hebdomadairement aux ateliers pendant plusieurs semaines afin de travailler dans ce projet.
Que pense-telle du design des médailles ondulées des Jeux de Vancouver aux motifs de l'art amérindien de la côte Ouest? « Elles sont très belles et j'aime l'idée que toutes les médailles font partie d'une mosaïque », soutient Heil qui possède déjà une médaille d'or trouée des Jeux de Turin.
« With a little help from my friends »
Pour reprendre l'image de la mosaïque, c'est bien ce que la skieuse et son entraîneur, et conjoint, Dominick Gauthier, ont construit avec des partenaires d'affaires en mettant sur pied le groupe B2Dix. Ce regroupement à but non lucratif amasse des dons auprès des gens d'affaires pour ensuite offrir des services aux athlètes qui ont des besoins spécifiques.
En plus de Heil, 23 athlètes profitent de ce programme dont les Québécois Alexandre Bilodeau (ski acrobatique, bosses), Alex Harvey (Ski de fond), Joannie Rochette (patinage artistique), Kim Saint-Pierre (hockey), Stéphanie Saint-Pierre (ski acrobatique, bosses), François-Louis Tremblay (patinage de vitesse courte piste) et Kathy Tremblay (triathlon).
Après sa carrière sportive, Heil entend bien continuer à développer ce programme qui, à l'origine, avait été conçu pour elle. « Je continuerai à participer activement au sport amateur. Je ne sais pas encore quelle forme que cela prendra, mais on verra le moment venu. »
Au-delà de l'appui financier, la meneuse au classement de la Coupe du monde croit que le sport peut avoir un impact encore plus grand que celui de la fierté de voir ses compatriotes au sommet du tableau des médailles.
« Il faut une vue d'ensemble et nous devons voir d'où vient notre système sportif et où nous pouvons l'amener. Je suis passionnée par ce que nous avons mis en place, les choses vont très bien et nous voulons continuer en ce sens. Avant la création de B2Dix, on m'a donné la chance d'avoir tous les outils de mon côté, ce qui était assez incroyable. Maintenant, c'est au tour des autres athlètes d'en profiter. »
On verra la suite à compter du 13 février.