BUDAPEST, Hongrie - Après Hambourg et Rome, Budapest? La capitale hongroise a évoqué vendredi un possible retrait de la course à l'organisation des JO 2024, face au large succès d'une pétition contre sa candidature, à sept mois de la désignation de la ville lauréate par le CIO.

Petit Poucet face aux poids lourds Paris et Los Angeles, les deux autres villes candidates encore en lice, Budapest a joué la carte d'une candidature « modeste » et « à taille humaine », avec un budget d'investissements spécifiques limité à 2,4 milliards d'euros.

Sans toutefois convaincre tous ses habitants: lancée il y a un mois par un mouvement de jeunes opposants, Momentum, une pétition pour l'organisation d'un référendum anti-JO a recueilli 266.151 signatures, soit près de deux fois le quorum nécessaire, a annoncé ce collectif vendredi.

La question proposée est la suivante: « Êtes-vous d'accord avec l'idée que la municipalité de Budapest retire sa candidature à l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques en 2024? »

Le Comité électoral municipal a désormais 45 jours pour vérifier la validité des signatures et confirmer le cas échéant que le seuil minimum de 138 000 paraphes, soit 10% du corps électoral de la capitale hongroise, est bien atteint.

Un « message » pour Orban

Le maire de Budapest, Istvan Tarlos, a assuré vendredi qu'il « refuse(rait) d'ignorer la volonté du peuple ». « S'il s'avère qu'un nombre suffisant de Budapestois ont signé pour un référendum, j'envisagerai sérieusement un retrait de la candidature », a-t-il déclaré à la presse, la mine grave.

Un tel référendum ne pourrait en tout état de cause pas être organisé avant mai.

Rassemblant de jeune militants, Momentum a dénoncé le coût du projet olympique et demandé davantage de moyens pour la santé et l'éducation.

Il a aussi insisté sur les risques de « corruption » impliqués par les sommes en jeu, touchant une corde sensible dans l'opinion publique. La Hongrie est l'un des pays de l'UE où le sentiment de corruption est le plus élevé, selon Transparency International.

Soutenue par le Premier ministre conservateur Viktor Orban, la candidature de la capitale hongroise a de façon plus générale cristallisé tous les mécontentements contre ce dirigeant, qui domine la scène politique depuis 2010 et s'est fréquemment illustré par des attaques contre la société civile.

L'opposition de gauche s'est ainsi massivement mobilisée pour la collecte de signatures. Pour Andras Fekete-Gyor, responsable de Momentum, le succès de la pétition « est un message pour le Fidesz (le parti de M. Orban, ndlr) et pour Tarlos: c'est une erreur de ne pas avoir consulté les gens à propos des JO ».

Les villes allemandes de Hambourg et Kiel avaient renoncé à leur candidature commune aux JO 2024 à la suite d'un référendum en décembre 2015. Rome avait également jeté l'éponge en septembre dernier, après un changement de majorité municipale.

À Paris, les écologistes avaient demandé l'organisation d'un référendum, émettant des réserves sur les coûts et évoquant « l'incertitude sur les nuisances ». Mais sans toutefois créer de dynamique autour de cette suggestion.

Interrogé par l'AFP, Etienne Thobois, directeur général du comité de candidature de Paris 2024, s'est déclaré « tourné vers la victoire » de la capitale française, refusant de commenter les propos du maire de Budapest.

Focalisé sur la promotion du projet auprès de la population française, le comité parisien entend « montrer que c'est un projet positif: nous avons une adhésion populaire très importante qui n'est pas là par hasard ».

Les sportifs hongrois « méritent » ces Jeux

Déjà en lice à cinq reprises - y compris pour les premiers Jeux de l'ère moderne, en 1896 -, la Hongrie a vu toutes ses candidatures échouer, Moscou étant la seule ville d'Europe orientale a avoir décroché l'organisation des JO d'été, en 1980.

M. Tarlos, qui appartient au Fidesz, avait conjuré le mois dernier ses administrés de ne pas souscrire à l'organisation du référendum, soulignant que les sportifs hongrois « méritent » ces jeux.

La Hongrie (9,9 millions d'habitants) figure au 8e rang des pays en termes de palmarès olympique, avec 168 médailles d'or, 148 d'argent et 170 de bronze.

Budapest a fait valoir que sa candidature s'inscrivait dans l'esprit de l'Agenda 2020 du Comité international olympique (CIO), visant à lutter contre l'inflation des coûts. La capitale hongroise met notamment en avant les synergies prévues avec les infrastructures déjà prévues pour les Mondiaux 2017 de natation et l'Euro 2020 de football.

Selon un sondage publié début février, la majorité (68%) des 600 personnes interrogées se sont toutefois exprimées contre la candidature.

Le nom de la ville-hôte des JO-2024 sera dévoilé le 13 septembre à Lima par le CIO.