TOKYO - Les dépenses de plusieurs milliards de dollars découlant du report des Jeux olympiques de Tokyo sont devenues un enjeu électoral dans la course au poste de gouverneur de la capitale du Japon.

La gouverneure sortante Yuriko Koike est la favorite pour être réélue - elle est une fervente partisane des Jeux olympiques -, dans cette course qui comprend une dizaine de candidats. La campagne électorale s'est mise en branle jeudi.

Taro Yamamoto est un populaire acteur qui a décidé de se lancer en politique et de prendre part à la course pour le poste de gouverneur de Tokyo. Il a déclaré dans un débat plus tôt cette semaine que les Jeux olympiques devraient être annulés et que les milliards devraient être offerts aux Japonais qui souffrent économiquement à cause de la pandémie de coronavirus.

« Les Jeux olympiques devraient être annulés, a dit Yamamoto à Koike. Il n'y a aucune garantie que les Jeux de Tokyo seront sécuritaires, et nous n'avons toujours pas de vaccin contre la COVID-19. »

Yamamoto et d'autres candidats ont rappelé le danger que représente la décision de permettre à 11 000 athlètes olympiques provenant de 200 pays et territoires sur la planète, 4400 athlètes paralympiques ainsi que des milliers d'employés de soutien, de diffuseurs et de journalistes d'accéder au Japon. Ajoutez à cela les spectateurs - s'ils sont autorisés à accéder aux sites de compétition -, qui ont acheté plus de 4 millions de billets, les 80 000 bénévoles, et toutes les questions relatives à l'obligation de se soumettre à une quarantaine de deux semaines.

« Tokyo se transformera en boîte de pétri à cause des milliers de personnes qui viendront des quatre coins du monde, a dit Yamamoto. Nous devrions avertir le Comité international olympique (CIO) qu'il sera impossible de présenter cet événement de manière sécuritaire à Tokyo. »

Un autre candidat, le réputé avocat Kenji Utsunomiya, appuie aussi l'idée d'annuler les Jeux olympiques, à la lumière des recommandations des experts sanitaires. Deux autres candidats ont proposé un report allant de deux à quatre ans.

Koike, le CIO et le comité organisateur local ont indiqué qu'ils tentaient de réduire les dépenses, d'offrir des JO plus simples, et modestes. Ils n'ont toujours pas précisé quel sera leur plan pour y parvenir, mais ont laissé entendre que les cérémonie d'ouverture et de clôture pourraient être touchées, tout comme le relais de la flamme.

Et de nombreuses autres questions persistent.

Des dirigeants ont cependant assuré que les épreuves et les quotas relatifs aux athlètes devraient être épargnés, et ils ont répété que les discussions ne portent pas sur la possibilité d'annuler les JO, qui doivent se mettre en branle le 23 juillet 2021.

« Nous devons gagner la confiance des habitants et des contribuables de Tokyo », a évoqué Koike, en référence aux dépenses et au budget des JO, dans un entretien exclusif avec l'Associated Press.

Tokyo a mentionné avoir investi jusqu'ici 12,6 milliards $ pour l'organisation des JO. Toutefois, une enquête de la vérificatrice générale réalisée l'an dernier a souligné qu'en réalité c'était le double de cette somme. À l'exception d'un montant de 5,6 milliards $, le reste provient de la poche des contribuables japonais.

Tokyo avait estimé que l'organisation des JO lui coûterait 7,3 milliards $ lors de son attribution, en 2013.