Le Kremlin rejette l'idée d'un boycott des JO
Jeux olympiques mercredi, 24 janv. 2018. 07:12 samedi, 14 déc. 2024. 11:37MOSCOU, Russie - Le Kremlin a rejeté mercredi l'idée d'un boycott des Jeux olympiques de Pyeongchang en réaction à l'exclusion de sportifs russes pour dopage, qui a provoqué de nombreuses réactions indignées, mais a prévenu qu'il comptait défendre les droits de ses sportifs.
« Il est important d'éviter l'emploi de mots comme boycott », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
« Le plus important, c'est de garder la tête froide, en premier lieu dans l'intérêt de nos sportifs qui, comme vous le savez, ont pris la décision dans la mesure du possible de participer à ces Jeux olympiques. Cette décision a été accueillie par tous avec compréhension », a-t-il ajouté.
« Il faut discuter avec le Comité international olympique (CIO) et défendre leurs droits dans la mesure du possible », a-t-il souligné.
L'exclusion de la Russie des Jeux de Pyeongchang avait déjà entraîné des appels au boycott, option finalement écartée en décembre par Vladimir Poutine.
Mais la révélation depuis le début de la semaine des premiers noms des sportifs qui ne seront pas admis à participer aux JO (9-25 février) sous drapeau olympique a provoqué de nombreuses réactions de colère.
La liste, qui doit être publiée en totalité dans les jours à venir, comprend en effet des sportifs de haut rang comme la légende du patinage de vitesse courte piste Viktor Ahn, le médaillé de biathlon Anton Shipulin et la patineuse Ksenia Stolbova, sacrée vice-championne d'Europe la semaine dernière.
« Quel intérêt d'aller à de tels JO où, de fait, on ne veut pas de nous? » s'est interrogé sur la radio Business FM le député et ex-champion de biathlon Vladimir Dratchev. Il a proposé d'envoyer en Corée du Sud de jeunes athlètes à la place de l'équipe retenue pour leur permettre d'acquérir de l'expérience, ce qui éviterait à la Russie de décréter un boycott formel.
Propres, mais exclus
Le patineur Alexei Yagudin, champion olympique en 2002, a qualifié sur son compte Instagram le CIO et l'agence mondiale antidopage de « salauds qui brisent la vie des sportifs les plus propres qui soient ».
En réponse à un sondage en ligne réalisé par le journal Sport Express, près des trois-quarts des internautes se prononçaient pour un boycott.
Le ministre des Sports Pavel Kolobkov a assuré que tous les sportifs privés de JO recevraient « un soutien juridique et financier », dénonçant une décision « infondée » car « une partie de ces sportifs n'ont jamais été pris en flagrant délit de violation des règles en matière de dopage ».
L'ex-ministre française des Sports, Valérie Fourneyron, qui préside le panel du CIO chargé de sélectionner les sportifs russes « propres », a reconnu que les athlètes jugés non sélectionnables n'étaient « pas nécessairement » dopés : « Nous voulions être absolument certains qu'il n'y ait pas le moindre doute ni la moindre suspicion à propos de l'un des athlètes qui seront invités ».
La Russie est engluée dans un scandale de dopage depuis le rapport du juriste canadien Richard McLaren, qui a établi que le pays avait mis en place un dopage institutionnalisé entre 2011 et 2015, notamment lors des Jeux olympiques en 2014 organisés à Sotchi, dans le sud de la Russie.
Cette affaire a débouché sur l'exclusion de ses athlètes des JO 2016 de Rio et des Mondiaux 2017 d'athlétisme à Londres.