À 56 ans, le médaillé de bronze des Jeux panaméricains Michel Dion a encore le feu sacré
Jeux panaméricains dimanche, 19 juil. 2015. 12:27 samedi, 14 déc. 2024. 13:06TORONTO - Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre un médaillé panaméricain qui pourrait être le père de la plupart des athlètes de sa délégation.
C'est pourtant ce que peut prétendre le Québécois Michel Dion, un tireur âgé de 56 ans qui a décroché la médaille de bronze à la carabine en position couchée sur 50 m, au Centre de tir panaméricain.
L'homme originaire de Pont-Rouge - et oui, il n'y a pas que les nageuses Audrey Lacroix et Katerine Savard qui viennent de ce petit village dans Portneuf - présente une impressionnante feuille de route. Il a participé aux Jeux olympiques de Barcelone et Atlanta en 1992 et 1996, à six Jeux panaméricains, dont ceux de Toronto, à quatre Jeux du Commonwealth et à trois Championnats du monde de l'ISSF.
Après tous ces exploits, l'ex-enseignant ne trouvait plus nécessairement de source de motivation pour continuer. C'est finalement grâce à l'insistance de ses enfants Henrik et Anne-Marie, qui sont respectivement âgés de 19 et 22 ans, et à l'acquisition d'une nouvelle carabine il y a deux ans seulement qu'il a décidé de tenter une troisième aventure olympique.
« Il y a quelques années, je me disais que la fin s'en venait. Mais j'ai connu une espèce de renaissance lorsque j'ai fait l'acquisition d'une nouvelle carabine qui me permet de performer au maximum de mon potentiel - un peu comme un pilote automobile qui obtient un nouveau volant », explique celui qui estime tirer de 20 à 25 000 balles par année.
« Ensuite, la motivation est venue de mes enfants. Ils sont nés en 1992 et 1996, soit les deux années où j'ai participé aux Jeux olympiques, ce qui fait qu'ils n'ont jamais pu suivre ma carrière, mentionne-t-il. Il y a cinq ans environ, alors qu'ils étaient adolescents, ils m'ont demandé de tenter ma chance pour Rio 2016. Je n'ai pas pu résister. »
Heureusement pour lui, le tir à la carabine est la chasse-gardée d'athlètes plus âgés, contrairement à la plupart des autres sports où la jeunesse est valorisée. À titre d'exemple, Dion cite le champion du monde en 2014 et médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Pékin en 2008 à la carabine en position couchée sur 50 m, l'Australien Warren Potent, qui est âgé de 53 ans.
« Dans un sens, j'ai la chance d'être un athlète dans un sport où la dominante physique est moins importante, où l'accent est davantage portée sur le contrôle de soi, de ses émotions, de son corps et de la précision, explique-t-il. Ce sont des qualités qui se développent avec le temps, donc ça permet d'avoir des carrières plus longues. »
Évidemment, nul n'échappe au temps qui passe. Dion a d'ailleurs dû abandonner sa spécialité, l'épreuve de carabine trois positions sur 50 m, il y a une dizaine d'années pour des motifs de santé.
« Depuis ce temps, j'ai eu quatre opérations aux genoux pour réparer mes ménisques et différentes choses. Dans l'épreuve trois positions, il y en a une à genoux - ma favorite -, mais malheureusement je ne suis même plus capable de m'agenouiller, donc j'ai dû l'abandonner », dit celui qui a également pris part aux épreuves de carabine à air 10 m dans les années 1980 et 1990.
Le quinquagénaire est évidemment conscient qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps pour atteindre son objectif olympique. Il a raté une chance en or d'y parvenir devant les siens à Toronto, puisqu'un laissez-passer pour les Jeux de Rio était octroyé au gagnant de son épreuve.
Cet échec ne lui fera toutefois pas rendre les armes immédiatement, car comme il le dit si bien : « le petit vieux n'est pas encore fini ».