TORONTO – La route d’Hugo Barrette au sprint individuel a été pour le moins cahoteuse vendredi, au vélodrome de Milton, mais le pistard québécois a réussi malgré tout à atteindre les demi-finales de l’épreuve aux Jeux panaméricains.

L’athlète de Cap-aux-Meules, aux Îles-de-la-Madeleine, s’est d’abord fait plaisir, remportant en un temps de 9,978 s les qualifications, où 2 des 14 partants étaient éliminés. Seul à passer sous les 10 secondes, il a conclu à seulement un millième du record des Jeux, détenu par le Trinidadien Njiisane Phillip.

Il a toutefois eu la frousse par la suite en chutant au départ de son affrontement des huitièmes de finale. Comme il y a eu contact avec la roue de son rival brésilien Flavio Vagner Cipriano, mais qu’aucun fautif n’a été montré du doigt par les officiels, une reprise a été donnée.

« Une chute, ça arrive. Ce n’était pas exprès. C’était très serré, ça arrive. Je n’avais aucune blessure, alors c’était correct », a-t-il commenté au sujet de l’incident.

Au retour, Barrette a réussi un dépassement serré par l’intérieur pour prendre les devants et l’emporter, avant d’être relégué au repêchage par les commissaires pour être entré dans le corridor de son adversaire lors de la manœuvre.

« J’ai pris un risque en descendant pour aller chercher la ligne du coureur. On m’a relégué et je respecte la décision. Je pense que c’était la bonne décision. C’est de l’expérience en banque, j’ai fait une erreur », a avoué le cycliste de 24 ans.

Dans sa vague de repêchage, le Madelinot a cette fois été plus patient. Il s’est bien placé au sein du trio, a pris la tête au moment opportun et a tenu ses rivaux à distance pour le reste de la course.

« J’avais deux dixièmes (d’avance dans les temps des qualifications) sur les deux autres. J’affrontais de très bons coureurs, mais j’avais un gros moteur aujourd’hui (vendredi). Je n’étais même pas inquiet. Je n’avais aucun stress, je savais que j’allais gagner. »

Un vice-champion mondial sur son chemin

En soirée, Barrette s’est retrouvé contre le coriace Colombien Fabián Hernando Puerta Zapata, médaillé d’argent de la spécialité aux Jeux de Guadalajara en 2011 et vice-champion mondial du Keirin en 2014.

Au premier face-à-face, il a résisté à l’assaut final du Colombien et l’a emporté par quelques centimètres. Son rival est toutefois revenu en force et s’est imposé au deuxième duel. Dans l’ultime sortie, il a offert une autre démonstration de puissance en contenant les efforts de Puerta Zapata dans le dernier virage.

« Tu ne te qualifies pas premier pour te faire sortir en quart de finale. Il n’en était pas question! a-t-il affirmé. La foule m’a poussé, à 125 mètres de l’arrivée je l’ai entendue crier et je savais que ça y était, je n’avais même pas besoin de regarder en arrière. Ça m’a vraiment donné des ailes. »

« Je voulais juste me reprendre, avec la foule, mes amis et mes parents, ce n’est pas vrai que j’allais perdre en quart de finale. Je bats le favori de l’épreuve, un champion de Coupe du monde. Ça me donne beaucoup de confiance pour demain (samedi) », a expliqué Barrette.

L’Ontarien Joseph Veloce était également de la partie au sprint vendredi. Après s’être qualifié cinquième, il a disposé du Colombien Santiago Ramirez Morales en huitième de finale.

Dans les quarts, il a perdu ses deux affrontements contre Njiisane Phillip, quatrième aux Jeux de Londres. Il a ensuite fini deuxième de la course pour les places cinq à huit, se classant donc sixième au général.

Les demi-finales et la finale seront disputées samedi. Le Québécois rencontrera le champion en titre de l’épreuve, le Vénézuélien Hersony Canelon Vera, 8e aux mondiaux de 2015 et 12e à Londres en 2012.

« La tâche sera ardue. Je vais essayer de me garder des réserves. Ç’a été beaucoup d’émotions, mais là je dois mettre ça de côté, essayer de bien dormir, revenir fort demain et aller chercher une médaille. »

Triomphe éclatant pour Lay, Beveridge, Brown et Glaesser

C’est une victoire convaincante que Kirsti Lay, Allison Beveridge, Laura Brown et Jasmin Glaesser ont savourée en finale de la poursuite par équipe vendredi soir, alors que Rémi Pelletier-Roy s’est classé au cinquième rang de l’omnium lors des épreuves de cyclisme sur piste des Jeux panaméricains présentées au vélodrome de Milton.

Premières des qualifications et gagnantes de leur duel de première ronde face aux Cubaines jeudi, Lay, de Montréal, l’Albertaine Beveridge ainsi que les Britanno-Colombiennes Brown et Glaesser ont été nez à nez avec les Américaines environ jusqu’à la moitié des quatre kilomètres de la course. Elles ont ensuite creusé l’écart peu à peu, pour conclure avec une avance de près de 7 secondes et aussi améliorer leur record des Jeux panaméricains grâce à un chrono de 4 min 19,664 s.

Ce sont les Mexicaines qui sont montées sur la troisième marche du podium, après avoir réussi à rattraper les Colombiennes dans l’affrontement pour la troisième place.

Médaillé de bronze de la poursuite par équipe aux Jeux de Londres ainsi qu’aux Championnats du monde de février dernier, le Canada a répondu aux attentes à Milton en disposant des États-Unis, vice-champions olympiques en 2012 et cinquièmes aux mondiaux de 2015.

La foule endiablée a comblé Lay, rayonnante après leur victoire. « Nous n’avions jamais vécu cela auparavant, à un tel niveau. D’entendre les gens crier pour nous à chaque tour, ça nous empêchait de penser à la douleur. C’était juste trop cool d’être ici. »

« Tous nos parents et amis étaient ici. Ils nous ont donné la confiance que nous pouvions le faire. Ils croient en nous. À la lignée d’arrivée, il y avait un peu de notre victoire qui leur revenait », a ajouté la Montréalaise d’adoption.

Les Canadiennes étaient en quelque sorte en examen vendredi et elles ont passé le test. « Nous méritons un A je dirais. Les Américaines forment une très forte équipe. Nous avons utilisé une nouvelle stratégie en restant toutes les filles ensemble du début jusqu’à la fin. Nous sommes très contentes de ce que nous avons fait et de gagner par une telle marge est juste formidable. »

Lay est enthousiaste à un an environ du rendez-vous olympique. « C’est excellent en prévision de Rio. Aujourd’hui (vendredi), c’était un bon défi et nous avons montré que nous sommes sur la bonne voie. Ça nous donne beaucoup de confiance pour ce qui s’en vient… Nous devons garder le momentum, même monter la barre plus haute. »

Pour le spectacle

À l’omnium, Rémi Pelletier-Roy a de son côté conservé son classement de la veille, lui qui était cinquième après trois épreuves jeudi.

En matinée, il a terminé troisième du contre-la-montre, puis deuxième du tour lancé. Troisième avant l’ultime sortie, la course aux points, il a été repoussé au cinquième échelon.

Deuxième au général à un certain moment, il a longtemps été troisième, mais plusieurs des compétiteurs ont réussi à prendre un tour au peloton, ce qui a bousculé le classement. Il a malgré tout choisi d’animer la fin de l’épreuve, même s’il n’avait plus espoir d’améliorer son sort.

« Ça n’arrivera pas deux fois que je vais vivre des Jeux à la maison, je voulais donc tout donner. Je pense qu’il faut respecter les gens qui se sont déplacés », a confié le Longueuillois, qui a fini quatrième, premier et deuxième des trois derniers sprints.

Pelletier-Roy est allé chercher 20 points supplémentaires pendant les 160 tours, ce qui l’a placé septième de cette dernière épreuve de l’omnium.

« Des fois, pour risquer de gagner, il faut risquer de perdre. Je n’avais pas l’intention de défendre ma troisième place, j’avais l’intention de gagner, même si je savais que le champion du monde y était. »

Le Colombien Fernando Gaviria Rendon a confirmé son statut de favori en s’imposant grâce à une récolte de 245 points. Le Mexicain Ignacio Prado (219) a mis la main sur la médaille de bronze et le Brésilien Gideoni Rodrigues Monteiro (201) sur celle de bronze.

Le Québécois, qui a marqué 192 points, quittait la tête haute. « J’ai perdu le podium pour avoir essayé de gagner, mais j’aime mieux avoir l’impression que j’ai tout fait pour aller chercher la médaille d’or. »

« J’y ai cru tout le temps. J’étais en bonne forme, je pense que les épreuves individuelles l’ont démontré. C’est sûr qu’à 11 (course aux points), c’est un peu différent. Ç’a été difficile, je ne le cacherai pas. »

Pelletier-Roy reviendra en piste samedi matin dans le cadre des qualifications de la poursuite par équipe.

Quant à Kirsti Lay, elle sera de la course sur route à l’avant-dernier jour des Jeux, samedi le 25 juillet.