Du coup de théâtre de la venue des athlètes afghans au sacre du maître du tennis fauteuil Shingo Kunieda chez lui, cinq moments marquants des Jeux paralympiques de Tokyo qui s'achèvent dimanche.

Arrivée miracle des Afghans

Tokyo ne les attendait plus: après une « opération mondiale majeure », selon le Comité international paralympique, pour les évacuer de Kaboul, puis un séjour secret à Paris, les deux représentants afghans ont pu disputer les Jeux paralympiques.

Arrivé trop tard pour son épreuve prévue, le 100 mètres, Hossain Rasouli s'est reporté sur le saut en longueur (catégorie T47) dans le somptueux Stade national. Peu importe sa treizième place, sa participation a inspiré la liesse autour du bac à sable: « Je n'ai pu m'empêcher de ressentir de la joie pour lui », livre l'Américain Roderick Townsend, deuxième du concours.

La présence de l'autre membre de la délégation afghane Zakia Khudadadi a suscité le même engouement au taekwondo jeudi. Notamment chez l'Ukrainienne Viktoriia Marchuk « très heureuse » qu'elle ait pu faire deux combats.

Vio d'or, idole italienne

Son énergie rayonnante inspire autant d'affection hors des pistes d'escrime que de crainte une fois son masque enfilé. L'Italienne Beatrice Vio a été exacte au rendez-vous de Tokyo. 

Comme il y a cinq ans à Rio, la fleurettiste quadri-amputée s'est imposée dans sa finale d'escrime fauteuil face à la Chinoise Zhou Jingjing en individuel.

« Bebe » Vio, vedette dans son Italie natale, repart du Japon avec une deuxième médaille d'or malgré un redouté manque de compétition.

« Vous savez, il faut croire en soi », exhorte la native de Venise. « C'est mon message à tout le monde. Croyez-y et vous pourrez faire de grandes choses. »

Markus Rehm, record d'attention

Le sauteur allemand a conservé l'or paralympique comme attendu. C'est son propre record du monde réalisé en juin (8,62 mètres) que les membres des autres délégations, éparpillés dans le stade souhaitaient le voir battre. Ses concurrents aussi dans un moment rare de communion.

« On l'encourageait, il était chaud », livre à l'AFP le Français Dimitri Pavadé, deuxième du concours. « J'avais envie qu'il batte son record, qu'il nous fasse rêver encore. »

Ce n'était pas pour mercredi soir. Même les 8,41 mètres du champion olympique grec Miltiadis Tentoglou que Markus Rehm avait « en tête » sont restés hors d'atteinte pour l'Allemand, pas autorisé à participer aux Jeux olympiques en raison de l'avantage procuré par sa prothèse selon World Athletics.

Shingo Kunieda maître en son royaume

Capitaine de la délégation paralympique japonaise, le numéro 1 mondial du tennis fauteuil Shingo Kunieda a répondu aux attentes immenses du pays en conquérant samedi en simple le titre paralympique.

Preuve de l'importance du moment, c'est la présidente du comité d'organisation de Tokyo-2020 Seiko Hashimoto qui lui a remis sa médaille d'or, la quatrième du joueur de 37 ans (dont une en simple).

« Je n'ai pas ressenti beaucoup de fatigue tout au long du tournoi mais je la sens soudainement. Je pense que mon système nerveux était à plein régime », a livré le Japonais, dont le visage en larmes, drapeau au disque rouge sur les épaules s'affichait dans les journaux locaux dimanche.

Alexandre Léauté graine de vedette française

À trois ans des prochains Jeux à Paris, l'équipe de France paralympique s'est trouvée une tête d'affiche. À 20 ans, le cycliste Alexandre Léauté est de la génération 2024 mais n'a pas attendu les Jeux à domicile pour briller.

Il repart de Tokyo avec quatre médailles dont la première en or de la délégation française, décrochée en poursuite individuelle (catégorie C2). Pas rassasié par cette entrée en matière, le Breton a enchaîné sur piste en prenant l'argent dans le kilomètre puis deux médailles de bronze sur route.

Il affiche l'ambition décomplexé d'une nouvelle génération: « J'espère être à Paris-2024, se projette déjà Alexandre Léauté. Ce sera en France, je serai attendu, je pense, avec ce que j'ai fait cette année. » En attendant, il a été désigné pour porter le drapeau français lors de la cérémonie de clôture dimanche.