MONTRÉAL – Un objectif bien précis occupait l’esprit du paranageur Nicolas-Guy Turbide depuis cinq ans : celui de remonter sur le podium des Jeux paralympiques. Il l’a atteint avec brio jeudi à Tokyo en obtenant la médaille d’argent du 100 m dos chez les S13.

Le Québécois de 24 ans a parcouru la distance en 59,7 s pour décrocher la deuxième médaille paralympique de sa carrière. Il occupait le quatrième rang avec 100 mètres à faire, mais a réussi à devancer l’athlète du Comité paralympique russe Vladimir Sotnikov à la toute fin, par seulement 0,16 seconde. Le Biélorusse Ihar Boki a dominé cette finale, record du monde à la clé avec un temps de 56,36 s.

« Ça me paraît encore irréel », a confié d’emblée Nicolas-Guy Turbide à Sportcom. « Je pense que je vais le réaliser davantage au cours des prochaines heures, quand je vais me rendre compte de ce que je viens d’accomplir. Je ne peux pas être plus content ! »

Turbide avait également raflé la médaille d’argent lors des Championnats du monde de 2019 présentés à Londres. Il avait alors commencé à ressentir des douleurs au dos, ce qui est venu compliquer sa préparation paralympique par la suite. Les spasmes musculaires l’ont forcé à changer son fusil d’épaule et à modifier son plan d’entraînement avec l’aide de son entraîneur Marc-André Pelletier. Une période d’adaptation qui a aussi impliqué, devons-nous le rappeler, une pandémie l’ayant privé de la piscine durant quelques mois.

« Avec la façon que je m’entraînais, il y a eu de l’accumulation et mon dos a décidé de lâcher. Je devenais vite fatigué et j’avais mal en effectuant mes virages, a expliqué Turbide. J’ai dû prendre 10 pas vers l’arrière pour trouver une solution et progresser dans les derniers mois. J’ai réussi à remonter la pente jusqu’aux Jeux et à terminer sur le podium. C’est mission accomplie. »

Médaillé de bronze à cette même épreuve à Rio en 2016, Nicolas-Guy Turbide a enregistré le troisième temps des qualifications jeudi. Il a été le plus rapide de sa vague en 1 min 1,08 s. Une performance insatisfaisante selon le principal intéressé, mais qui laissait place à beaucoup d’amélioration.

« J’étais déçu ce matin, mais j’étais conscient de la façon dont j’avais fait ma course et que j’avais relâché la pédale à la fin. L’expérience a décidé le classement final. Je savais à quoi m’attendre et la pression que j’allais avoir. Je fonctionne à l’adrénaline et j’ai pu me mettre dans la bonne zone avant la course. C’est là que j’ai eu l’avantage sur ceux qui ont vécu leur première finale paralympique. »

Il s’agit de la quatrième médaille de la délégation canadienne aux Jeux paralympiques de Tokyo et d’une deuxième à la piscine. Mercredi, Aurélie Rivard est montée sur la troisième marche du podium au 50 m style libre chez les S10.

Bien entouré

Les embûches des derniers mois ajoutent à l’exploit du Québécois, qui a tenu à préciser que rien de tout ça n’aurait été possible sans ses proches.

« Cette médaille, c’est autant pour eux que pour moi. Dans les conditions qu’on a vécues, je ne peux pas être plus reconnaissant du soutien que j’ai eu », a déclaré celui qui s’entraîne à Québec, aux côtés des athlètes paralympiques Aurélie Rivard et Alexander Elliot.

« On faisait une équipe du tonnerre et c’était le meilleur environnement pour nous préparer en vue de ces Jeux. Je sais que les deux étaient déçus de leur résultat hier (mercredi), mais de belles choses les attendent et je suis sûr qu’ils vont revenir en force. »

Turbide sera quant à lui de retour pour le 50 m style libre S13 prévu dimanche. Une épreuve qu’il qualifie de « cerise sur le gâteau », alors qu’il misait surtout sur le 100 m dos pour briller à Tokyo.

Sixième, James Leroux s’attendait à mieux

Un peu plus tôt dans la journée, le paranageur James Leroux a pris part à la finale du 100 m brasse chez les SB9. Il a stoppé le chronomètre à 1 min 11,49 s pour se classer au sixième rang.

« Je m’attendais à vraiment mieux, tant pour le classement que le temps. Ça n’a pas été ma meilleure course, probablement même une de mes pires », a-t-il mentionné à l’issue de l’épreuve.

L’Italien Stefano Raimondi a décroché la médaille d’or en 1 min 5,35 s. Les représentants du Comité paralympique russe Artem Isaev (+2,10 secondes) et Dmitrii Bartasinskii (+2,71 secondes) ont suivi avec l’argent et le bronze.

La nervosité s’est mise de la partie avant le début de la finale. Une sensation que James Leroux n’avait pas ressentie depuis les mondiaux de Londres, où il avait signé un record canadien au 100 m brasse SB9.

« Disons que la dernière année a été dure mentalement et j’étais un peu rouillé. Je me suis aussi blessé au dos et j’ai dû m’entraîner avec une hernie discale. Ce sont des détails qui viennent jouer sur la performance, mais qui ne devraient pas m’empêcher de performer aux Jeux », a dit l’athlète de 23 ans.

Le Repentignois en était à ses deuxièmes Jeux paralympiques et reviendra au pays vendredi. Il s’était classé septième du 100 m brasse des SB9 à Rio, tout comme au relais 4x100 m quatre nages.